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In memoriam

Une œuvre entièrement consacrée au jeu infini des carrés, triangles, droites, cercles aussi, points, dansant dans la couleur. Des centaines de collages, et, bien qu’obéissant à une sorte de minimalisme pictural, tous parfaitement différents les uns des autres.

Ce que je disais en 1999 lors d’une rétrospective sur mon travail de galeriste, dont il était, bien sûr, puisque j’ai commencé à l’exposer au début des années 60, et que je lui fis plus d’une vingtaine d’expositions : « Son atelier ? Une fête de formes découpées, de collages aux trois couleurs mais pouvant se décliner à l’infini ; en quelque sorte une véritable accumulation, jouant avec l’espace et la couleur de ce lieu enchanté. Plus que quiconque il a compris l’esprit de notre région, des lieux de mer, des chaises longues, des parasols blancs, bleus ou rouges, d’une déambulation calme et tranquille. Plus que personne il en a sublimé l’image en la poussant bien sûr jusqu’à l’abstraction de ses superbes collages. D’Aspremont il voit la mer, et elle monte jusqu’à lui comme pour irriguer son travail.

Alors heureux qui comme Chubac ?

Oui, mais c’est un peu juste, car, derrière cette fête, il y a, et c’est inévitable, un homme et ses angoisses, et qui devant toutes les abysses, s’interroge, s’interprète et s’assume ». Lors d’une exposition en 1990, j’écrivais encore : « Albert Chubac est l’un des plus anciens et des plus importants membres de l’Ecole de Nice, l’un des quatre ou cinq qui ont fait cette école.

Une œuvre entièrement consacrée au jeu infini des carrés, triangles, droites, cercles aussi, points, dansant dans la couleur

Il est également, et sans contexte, l’un des meilleurs abstraits géométriques européens de sa génération. »
Aspremont où, comme un ermite il a vécu une cinquantaine d’années, sera désormais un lieu de mémoire, ainsi que l’Espace Chubac à Tourrettes-Levens. Un grand nombre d’artistes de l’Ecole de Nice reconnurent leur dette à cet homme, leur aîné, qui passa de l’Ecole de Paris, de son goût pour de Staël, de son amour de l’Egypte, la Grèce, de son amour de la lumière, à une place particulière dans un Mouvement où la liberté était de mise, et le goût de la vie, place qu’il honora jusqu’au bout. Sa forme d’enseignement, faite de présence et d’un grand rire explosif demeurera, telle une voie à suivre.

Alexandre de La Salle et Albert Chubas ? Aspremont

Adieu, Albert, tous nous t’aimions beaucoup.

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