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Corinne Reinsch : Eco-Glam Versus Bling bling !

On connaissait la femme chocolat d’Olivia Ruiz voici la femme champagne de Corinne Reinsch, une égérie aux confins de la mode, de l’art contemporain et du récup’ art vêtue de 1200 muselets scellant le cru le plus agité d’une planète en surchauffe. Cet assemblage d’anneaux de fer compressés, clin d’oeil aux robes métalliques de Paco Rabanne, c’est l’une des dernières création de cette styliste résidant à Nice dont l’engagement en terme de développement durable n’a d’égal que son amour des matières naturelles ou industrielles, nobles ou déshéritées

Robe réalisée avec 1200 muselets usagés

Antiquités et vie au grand air

Native de la Moselle et cadette de trois sœurs, Corinne, se souvient d’avoir toujours été « perchée dans les arbres » Histoire de voir le monde d’en haut ? Car tout n’est pas rose au pays de la houille « Mon père qui était musicien nous a quitté alors que nous étions enfant dans un accident. Aussi notre mère n’a pas vu d’un bon œil s’exprimer notre sensibilité créative qui lui rappelait trop son défunt mari ». Alors Corinne quitte à 18 ans le bercail pour s’en aller suivre à Bordeaux des études littéraires tout en travaillant chez un antiquaire. C’est là qu’elle débute une collection de boutons et de galons. Des objets qu’elle inclura d’abord à ses premières céramiques puis à une série de bijoux déclinant matériaux détournés, végétaux et pierres semi-précieuses. Etant la seule sur ce créneau, ses créations sont remarquées par le couturier Olivier Lapidus qui lui confie la réalisation d’accessoires pour ses défilés. La brèche est ouverte, Corinne qui a gagné la capitale s’y engouffre et la voilà en 1989 au Salon des indépendant « Le Grand Palais, le grand départ ! » Oh pas pour les antipodes ! Une vie de château repartie entre la campagne parisienne et le Luxembourg. Elle emménage dans un domaine du XVI éme siecle du Val’Oise. « 10 ans de pur bonheur au coeur d’une grande famille communautaire ». Une période durant laquelle elle s’occupe d’un jardin de 1 ha, fait des expositions dans des écuries et des rencontres déterminantes. Au jardin de Victor Renaud, au salon « Entre campagne et jardin » de Noémie Vialard (tous deux journalistes à Rustica) à « Couleurs et saveurs d’automne » de Monique Petit, championne d’ikebana. Elle y croisera Patrick Blanc à l’origine des murs végétaux mais aussi J.P Koffe, ou Carole Bouquet qui gravitent dans ce milieu de doux dingues « où certains arrivent en tracteur avec d’énormes citrouilles de 2m » Corinne explore alors les matières végétales, initie des procédés de solidification par métallisation afin de réaliser « une collection de fragiles » avec du persil, des feuilles d’érables ou de ginkgo biloba. Et chaque été, durant 10 ans, grâce à un poste d’ambassadrice d’artistes français elle créera des expositions dans les châteaux classés de la vallée et commencera à vendre ses créations à une clientèle fortunée. Une clientèle qu’elle retrouve en 2001 lorsqu’elle décide de se rapprocher du Sud et propose aux Palaces comme la Voile d’or une ligne de bijoux s’harmonisant aux collections présentées dans leurs vitrines.

Cap sur le Récup’ art !

Profusion de bijoux crée par l’artiste et réalisés à partir de matières recyclées (chambre à air de vélo, joint de robinetterie...)

Avec le nouveau millénaire son travail « entre en collusion » avec des courants socio culturellement porteur : le recyclage, la customisation, le Land art (elle réalisera 6 installations à l’arboretum du Roure pour le collectif No-made) l’eco-citoyenneté et l’amazone attitude venant rajouter du sens à son engagement. Mais Corinne qui se fit à son instinct a devancé la vague comme en témoigne dans son atelier près de la gare du Sud, son trésor de corsaire : Des centaines de noyaux de fruit et graines (dont certaines cultivées dans son jardin) larmes de job, orchidées séchées, drisses, plumes, filins de pêche, crins de cheval, passementeries, tessons de verre, lapis Lazuli, etc… Un inventaire à la Prévert qu’elle assemble et coud pour réinventer ses accessoires de mode « Je n’utilise pas de colle, c’est industriel, et cela me permet de proposer des pièces recomposables, personnalisés et plurifonctionnelles » Une collection en trois versions, Couture, Tournure (mélange de matières) et Nature qui intègrent toujours l’âme du passé, « certains clients souhaite parfois inclure leur propres reliques ou objets fétiches ». Ainsi tous ses bijoux, à l’image des ornements tribaux, se parent d’une aura sentimentale ». Des valeurs qui comptent dans la démarche de celle qui aime à dire « Tout être humain porte en lui un précieux grain de sable » Cette approche humaniste anti « fashion victim » l’a incité à créer « Artsens » une association d’artistes qui organise des ateliers en faveur du recyclage et vient de s’associer avec « Nature et découverte » mais aussi des ventes d’oeuvres au profit de causes humanitaires. C’est ainsi qu’en recoltant des bouchons pour « France Cancer » Corinne a accumulé des tonnes de muselets « Comme c’était la seule chose non recyclable j’ai imaginé la robe champagne » Une parure de corps qui vient rejoindre 12 autres végétales ou en matériaux recyclés. De quoi séduire l’organisateur du salon « Planète durable » à Paris qui l’ invité en mars dernier a créer une vitrine de design éco responsable sur le stand de Nelly Rodi, un bureau de style, conseiller auprès de 1000 clients dans le monde. Et depuis les projets se bousculent. En mai ce sera le salon du bijou d’art à Mougins, en juin l’Eco festival prés de Dijon, en 2010 le Carrousel du Louvres… Corinne Reinsch ne se ménage pas pour mettre sur de nouveaux rails la féminité du 21 siècle, un glamour écologique qui sonnera le glas de l’ère Bling bling ?

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