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Les Nuits du Sud : Musique sans frontières

Dès le 17 juillet et pendant quatorze jours, plus de 30 artistes rallumeront la nuit vençoise. Onze ans que la magie opère, drainant sur sa grande place du jardin une foule bigarrée autour d’une fête de la musique qui joue à saute-mouton par-dessus les frontières ! Teo Saavedra, son fondateur est celui que les vençois ont adopté pour diriger « Les nuits du Sud ». Un festival qui depuis 1998 a vu 40 000 personnes applaudir 200 artistes. De quoi sabler le champagne !

D’autant que l’événement demeure un de ces rares purs produits du label festival qui fait de notre région, rappelons-le, la deuxième de France la plus prolixe en la matière. Car à Vence, on continue à pratiquer la chose à la sauce Woodstock. Et l’été, c’est toute la ville qui se fédère autour de sa place principale entourée de terrasses de cafés ! Une proximité entre les artistes et le public qui génère un climat de mixité convivial. Il y a 30 ans, Teo Saavedra fuyant le régime chilien débarque à Paris puis s’installe à Vence. Acteur, réalisateur, écrivain, musicien à ses heures, ce touche-à-tout inspiré est animé par le désir de partage. « Et la musique, c’est aussi cela ! » précise-t-il avec son accent sud-américain qui roule comme des maracas avant de répondre à nos questions !

Interview de Téo Saavedra

Les Nuits de Vence ouvriront le feu pour la onzième fois, le 17 juillet. Comment est né ce festival qui tient la dragée haute à ses aînés à quelques encablures ?

Le groupe Gocoo, avec en fond de scène la mention Nuits du Sud !
©Achour_Abbes

La mairie de Vence cherchait à renouer avec l’ambiance de liesse qu’elle a vécu dans les années 60. J’étais connu dans le coin pour être un fêtard qui organisait chez lui des soirées musicales. De là à ce que l’on me sollicite afin d’organiser cet événement pour la ville, il n’y a eu qu’un pas !

La Place du jardin s’enflamme depuis onze ans dès la mi-juillet : plus de 5000 spectateurs par soirée s’y pressent !
©OlivierMaugendre

Pourquoi les Nuits du Sud, comment définiriez-vous votre programmation ?
Il fallait bien trouver un nom, et comme on est toujours le sud de quelqu’un (rires) ou en tous cas au sud de quelque part ! En fait c’est un mélange de rythmes, de musiques qui racontent des histoires, celles de peuples, d’hommes, d’amis. J’y amène ce que j’aime. C’est ça les Nuits du Sud !

La diversité est omniprésente avec des musiciens d’horizons aussi divers que Dee Dee Bridgewater, Stephan Eicher, Jimmy Cliff ou L’orchestre des mariages et des enterrements ?

Goran Bregovic comme chez lui !
©LDD

Depuis le début, nous avons dû accueillir une centaine de pays via des artistes venus de tous continents : Amérique latine, Europe, Afrique... Cette année il y aura 15 pays représentés parmi les invités et même des néo-zélandais ! Mais nous refusons les soirées à thème. Au folklore nous préférons l’idée d’une fête sans frontières, imprévisible. C’est la meilleure façon de toucher et de surprendre les gens. C’est grâce à cet état d’esprit que les Nuits du Sud rencontrent un tel engouement auprès d’une audience de tous âges, conditions ou horizons !

Votre politique tarifaire y participe aussi…
En pré-vente les billets sont à 10 euros, sur place 17 euros et les enfants ne payent pas. En fait sur 700 000 euros nous finançons une grosse partie par notre billetterie. Nous avons donc choisi cette politique d’ouverture pour attirer le plus de monde possible, il en va aussi de notre survie. Et cela fonctionne, la jauge augmente chaque année. Nous misons sur un minimum de 30 000 entrées en 2008.

L’artiste Dobacaracol, présente sur l’édition 2007
©Achour_Abbes

Locomotives, groupes moins connus, comment s’organise la cohabitation, est-ce un exercice difficile ?

Dee Dee Bridgewater est une diva du jazz, mais elle vient avec sa formation malienne pour proposer un univers différent, idem
©PhilippePierangeli

Dee Dee Bridgewater est une diva du jazz, mais elle vient avec sa formation malienne pour proposer un univers différent, idem pour Angélique Di Kijo, une artiste à laquelle aucune étiquette n’adhère. Ces têtes d’affiches qui ne présentent que 10 % de notre podium nous permettent de faire découvrir les autres 90%, des groupes peu médiatisés hors de leur pays mais qui ont la même exigence. C’est cette qualité du plateau artistique qui fait qu’en 2005 nous avons été distingués comme étant le festival ayant le meilleur retour de satisfaction auprès du public azuréen.

Comment procédez-vous à la sélection de tous ces artistes ?
Nous n’avons pas les moyens de payer 200 000 euros des musiciens qui viennent se produire 30 minutes sur scène. Mais la réputation du festival est telle aujourd’hui que 80% d’entre eux viennent à nous directement. De mon coté je voyage et rencontre beaucoup d’artistes. Cela crée des liens, des complicités, suscite des envies de part et d’autres !

Pouvez-vous nous en dire plus sur « Les Talents Nuits du Sud - Unisys » ?
C’est un nouvel outil pour soutenir la création. Les Nuits du Sud ont toujours eu la curiosité et la vocation de dénicher des musiciens hors des circuits commerciaux. Ce concours, pour lequel nous avons reçu cette année 120 candidatures, a pour but d’amener des groupes amateurs locaux vers la professionnalisation. Un prix de 1 000 euros sera remis à celui qui aura reçu le suffrage maximum du public et du jury et, sera invité à monter sur scène le 8 août en première partie de Omara Portuondo du Buena Vista Social Club.

Angelique Kidjo, icone inclassable !
©JoshuaJordan

Profitez-en pour venir prendre la température du Festival car ces tremplins qui auront lieu les 17, 24 juillet et 2 août font partie des nombreuses animations ouvertes gracieusement au public durant « Les Jours du Sud » : un « off » qui se déroule dans la rue (lecture de contes, expositions, spectacles de danse, concerts..).Trois jours où l’espace public devient une grande scène à ciel ouvert, où la musique s’écoute, se joue, se danse. C’est ça tous les sud de ce festival qui tourne en rythme avec la terre, la lune et le soleil !
www.nuitsdusud.com

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