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Rodin et Matisse : Deux grands maîtres à Nice

Cet été, Matisse et Rodin sont à l’honneur sur la Côte. Deux artistes, deux maîtres, deux passionnés… Pour leur rendre dûment hommage, il ne fallait pas moins de deux expositions dans deux musées niçois. C’est à voir au musée Matisse et au musée des Beaux Arts du 20 juin au 27 septembre 2009.

Musée Matisse
DR

Si le Musée Matisse a choisi de présenter l’œuvre de Rodin dans son contexte historique ( pour mieux comprendre son influence sur les artistes de son temps), le musée des Beaux Arts présente, pour faire écho, un ensemble de photographies sur sa vie ( de son atelier à ses œuvres). Pourquoi avoir associé ces deux artistes ? Parce que l’œuvre de Matisse est connecté à l’art de Rodin, aussi bien dans sa dimension sculptée que dans sa dimension graphique. A la fois peintres et sculpteurs, les deux maîtres « dialoguent » et se répondent par œuvres interposées.

La danse vue par Rodin
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Matisse tend vers la simplification des formes, Rodin lui, domine par sa sculpture monumentale. Un travail harmonieux avec des couleurs vives, nouvelles, un trait de crayon rigoureux pour le premier, une expressivité sans limite et un travail placé sous le signe de l’allégorie pour le second. Avec une vraie considération pour représenter l’espace, ses formes, ses mouvements, ses dynamiques, Matisse vise à exprimer de façon directe une émotion. Un tracé simple, des couleurs qui sautent aux yeux, des formes tout en rondeur et en souplesse, tel est le secret de Matisse, pour qui le dessin devient aussi important que la peinture.

Passions et goûts communs

Rodin et Matisse ont en commun leur fascination pour le mouvement. Un intérêt particulier qui a amené les deux artistes à se pencher sur la même discipline artistique : la danse. Dynamique des corps, mise en valeur des attitudes et exploitation de l’espace, les deux maîtres ont trouvé un terrain de jeu commun à des époques différentes. Matisse et Rodin, très sensibles aux chorégraphies artistiques, ont écumé en leur temps, les ballets parisiens et analysé les danses orientales. Rodin donne plus dans la danse d’expression. Son modèle : une japonaise Hanako, qu’il rencontre à Paris en 1912, puis s’enchaînent les Folies Bergères, Niginsky et Serge Diaghilev. Rodin étudie un nouveau mouvement de danse, il « casse » ses sculptures : brise les cuisses de ses danseuses de terre cuite, apporte balancement et mouvement du bassin et des reins. Séduit par Isadora Duncan ou encore Loïe Füller, Rodin accorde désormais une grande importance à la participation de l’air et accentue ou efface certaines parties du corps.
Matisse lui, est plus imprégné par l’esprit antique. Il tient compte de l’espace, dessine et peint des rondes qui rappellent les bacchanales. On se souvient de "La Danse", peint en 1910 où des corps sculpturaux sont emportés par le tourbillon d’une ronde. Une scène dynamique présentée sur simple fond bleu, dans un espace ultra épuré.

La Danse, Matisse
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Jeu de nouvelles combinaisons

Le travail des deux maîtres s’inscrit dans la sculpture moderne. Un travail basé sur la rupture des formes, la déformation des corps, les torsions, l’accentuation de certains détails du corps humain. Les volumes s’organisent eux-mêmes autour des volumes déjà existants de la morphologie. Les sculptures sont tantôt agenouillées, recroquevillées, tantôt élancées, étirées. Les deux artistes apportent une notion de mobilité, d’équilibre voire de déséquilibre. Ils s’attachent aux articulations, travaillent énormément sur les attitudes des pieds ou des mains. De véritables œuvres à part entière.
Chacun son tour a étudié le travail de Michel-Ange, pour enfin se rejoindre sur l’œuvre d’Antoine Louis Barye ou autour de l’art antique gréco-romain. Ils ont tour à tour illustrés les « Fleurs du Mal » de Baudelaire (Rodin de l’hiver 1887 à 1888, Matisse en 1947). En 1899, c’est la « rencontre » : Matisse dessine une sculpture de Rodin, le buste d’Henri Rochefort. Un buste de plâtre pour seul lien visible entre l’œuvre des deux créateurs.

Une exposition riche avec une multitude d’œuvres à voir et à revoir, cependant parfois un peu terne, le comparatif trop systématique empêche peut-être d’apprécier certaines sculptures ou peintures à leur juste valeur. Deux visions artistiques mises en parallèle pour mieux se rendre compte que l’art n’est en fait qu’une grande famille de passionnés. Rodin et Matisse, deux artistes au service de l’expression corporelle, à la merci des apparences et des caractères, obnubilés par le mouvement et les attitudes. Deux artistes qui dialoguent sobrement à Cimiez, à voir jusque fin septembre.

La danaïde de Rodin
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Informations pratiques :

Entrée libre pour les deux expositions

- Musée Matisse – « Un parcours sans fin » du 20 juin au 27 septembre 2009 (puis au musée Rodin de Paris du 22 octobre 2009 au 28 février 2010)

164, Avenue des Arènes de Cimiez, 06000 Nice
Tel : 04 93 81 08 08
Site web : www.musee-matisse-nice.org
Ouvert de 10h à 18h / Fermeture hebdomadaire le mardi

- Musée des Beaux Arts – « Les Rodin du musée : Regards photographiques » du 20 juin au 27 septembre 2009

33, avenue des Baumettes
accès sud : 144, rue de France 06000 Nice
Tel : 04 92 15 28 28
Site web : www.musee-beaux-arts.nice.org
Ouvert de 10h à 18h / Fermeture hebdomadaire le lundi

Aurélie Mignone

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