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Marie-France Bouhours : « Le TPI doit être plus largement reconnu »

Il fête ses dix ans en décembre en même temps que sa nouvelle programmation concoctée par Marie France Bouhours, le Théâtre de la Photo et de l’Image Charles Nègre (TPI) entrera-t-il dans une ère nouvelle en 2010 ?

Vous avez pris la direction artistique du TPI au printemps, que révèle l’état des lieux ?

MF Bouhours :Il faut rappeler qu’il n’y a dans notre département que deux espaces dédiés au 8ème Art, le TPI créé à Nice sur les fondations d’un théâtre de mémoire « l’Artistique » et le Musée de la Photo André Villers à Mougins. C’est dire l’importance que peut avoir ce bel outil mis à notre disposition par la Ville et l’effort qu’il faut accorder à son rayonnement.

Quels sont ses points forts ?

Outre les expositions temporaires, quatre ou cinq rendez-vous annuels, nous disposons d’une belle collection de plus de 1500 œuvres, d’une centaine d’auteurs, couvrant les débuts de la photo à nos jours. Un patrimoine qui sera dévoilé en partie lors du 10ème anniversaire du TPI en décembre. L’occasion de revenir sur une collection méconnue avec l’important Fond Charles Nègre comprenant 40 tirages originaux réalisés à Nice entre 1863 et 1865, celui de Jean Gilletta ainsi que sur des acteurs plus contemporains : Gabriele Basilico, Ralph Gibson, Michael Kenna, Dieter Appelt, Bernard Plossu, Raymond Dityvon ou Bob Willoughby. Parallèlement nous sommes investis d’une mission pédagogique. Notre médiatrice reçoit régulièrement des visites scolaires et organise des animations vers un public plus large. Dans le cadre d’un partenariat entre la Ville et le Rectorat de Nice nous soutenons également des parcours éducatifs et culturels qui débouchent sur un accrochage annuel des travaux réalisés. Enfin pour ceux qui souhaitent faire des recherches, nous mettons à leur disposition un grand choix d’ouvrages et de postes informatiques.

© André Kertész

Ses points faibles ?

Son implantation stratégique ne suffit pas à drainer un large public. La jauge de fréquentation est alimentée par un public d’amateurs fidèles mais aussi par des visiteurs étrangers. Je pense que nous avons une marge de progression et qu’il faut inciter les niçois et notamment les plus jeunes à franchir les portes de cet ancien théâtre, rendre le lieu plus visible localement et plus lisible sur le plan national.

L’espace de monstration est-il perfectible ?

L’espace est approprié pour des photos historiques et de petits formats, il s’avère moins adapté aux grands formats de la photo plasticienne. C’est pourquoi j’aimerais obtenir des relais avec d’autres lieux. J’ai constaté depuis mon arrivée une réelle volonté de la plupart des acteurs institutionnels et privés d’œuvrer en synergie sur des événements ponctuels, ce qui me paraît vital. J’étudie également une scénographie spécifique pour la salle de l’artistique qui reçoit d’autres manifestations culturelles car l’éclairage est mal adapté pour la photographie.

Qu’en est- il du Septembre de la photo ?

Après avoir vécu son âge d’or le festival s’est délité. J’ai rencontré les responsables du « off » et il faut réfléchir à un autre événement fédérateur ou, en ce qui concerne le TPI, l’arrêter. Cette année, dans le cadre de la Hongrie nous montrons en collaboration avec le Jeu de Paume une rétrospective André Kertész dont le travail influença toute une génération dont Man Ray, Brassaï, Cartier-Bresson.

D’autres objectifs pour 2010 ?

Relancer les commandes est une priorité. Il est vital de confier à des auteurs des missions autour du patrimoine humain, urbain et historique de la ville. Nous avons déjà commencé avec une artiste locale et travaillons avec Georges Rousse sur une commande sur la Station Lebon qui sera montrée lors de l’exposition qui lui est dédiée en février. Pour 2010, j’ai également un projet autour du photogramme, un procédé sans appareil lié à la genèse de la photographie et trop peu montré.

Il semble que votre nouvelle mission ne soit pas si éloignée du travail entamé dans votre galerie Monégasque ?

Tout mon parcours m’a préparé à ce nouveau défi. Il est vrai qu’en ouvrant « In Camera » en 2006 j’avais envie de lier la photo historique et celle d’aujourd’hui. Ce que j’ai fait en exposant aussi bien l’œuvre de Lartigue en Riviera qu’un travail présenté à la FIAC en 2006 de Stéphane Couturier explorant l’esthétique numérique au travers des usines Toyota. Ici, le cahier des charges est différent mais je souhaite inviter des artistes de tous horizons afin d’offrir au TPI une lisibilité internationale et ouvrir ses cimaises à la photo plasticienne. Mes contacts et la confiance que j’ai établie avec ce réseau devraient être un atout. Le TPI a besoin d’une reconnaissance extra-muros. Et cette reconquête passe par un repositionnement du lieu qui, tout en respectant son projet lui permette d’être mieux reconnu.

MF Bouhours entame son parcours dès 1974. Après un passage au Palais de Tokyo elle intègre l’équipe qui lança le Centre Pompidou. Aux côtés du Conservateur Alain Sayag elle participera dès 1977 à la création de la collection du Cabinet de la photographie du Musée National d’Art Moderne et aux premières expositions photographiques. Après presque 30 ans passés à Beaubourg, elle décide en 2003 de quitter Paris. Elle commence à prendre des contacts dans la région et organise pour les Ballets de Monte-Carlo une exposition sur le travail d’Helmut Newton autour des Ballets. Puis organise au Parc Phoenix une exposition de photogrammes réalisés par Simon Couvin autour de l’univers végétal du parc. Deux autres expositions seront montrées à la salle du quai Antoine 1er « Beautés insensées » et « la Trajectoire du Regard » en 2006 à partir d’une collection remarquable couvrant un siècle de photographies. Parallèlement, elle travaille avec Gabriele Basilico pour une commande sur Monaco, rencontre à cette occasion un collectionneur italien passionné par la photographie, Marco Bianco, ouvre la galerie « In Camera » la seule dédiée sur le rocher au 8ème Art, et puis initie le « Point Art », fin 2006.

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