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Daniel Buren : La Pergola, travail situé

Daniel Buren est l’une des figures tutélaires de la scène de l’art contemporain international. Son œuvre protéiforme a toujours interrogé le musée et les lieux d’exposition qui l’invitaient à intervenir. Pour l’Espace de l’Art Concret, il installe dans le jardin et la cour du château de Mouans-Sartoux la Pergola, une structure qui joue avec la lumière et les couleurs autant qu’avec l’espace et les perspectives.

Courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris
© eac - estelle épinette

L’Espace de l’Art Concret, pour ses vingt ans, a proposé à Daniel Buren d’intervenir en plusieurs temps sur les différents lieux qui le constituent. Avec ce projet , il s’agit de redonner une vraie substance à la confrontation art contemporain/musée, et de revenir à ce qui est au cœur du travail de Buren : la réinterprétation critique des axes – historiques, mais aussi architecturaux -, autour desquels se construisent l’histoire et la présentation de l’art moderne.

Daniel Buren a choisi de « situer » sa Pergola dans l’axe de l’entrée du château, depuis le parc et jusque dans la cour. La pergola est une construction légère qui sert généralement de support aux plantes grimpantes et permet d’ombrager son environnement. Buren contrarie ici son usage commun en "accrochant" non pas des fleurs mais neuf couleurs, disposées par ordre alphabétique au-dessus des têtes. Les couleurs jouent avec la lumière et en présence du soleil se projettent aux alentours.

Courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris
© eac - estelle épinette

Après une première présentation dans le cadre d’Art Basel Miami en 2006, la Pergola, dans une version réduite, a été « située » dans la cour principale de la Monnaie de Paris en 2009. C’est dans une tout autre perspective que Buren propose une nouvelle situation de l’œuvre pour l’Espace de l’Art Concret, en soulignant et magnifiant l’axe qui mène au cœur du lieu, sans détours.

Passer par la Pergola modifie la perception que l’on a du lieu, les alentours se teignent d’une gamme colorée vibrante, les bandes noires et blanches s’alignent ou se désaxent, la vision à travers le matériau se déforme et bientôt, la sensation que l’on est en mouvement nous envahit. La Pergola demeure fondamentalement un dispositif à expérimenter, une œuvre qui d’abord s’impose dans le paysage, puis s’y fond et « travaille » avec celui-ci pour procurer à celui qui y passe une sensation inédite.

Courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris
(c) eac

Daniel Buren

Né en 1938 à Boulogne-Billancourt, Daniel Buren se fait très tôt remarquer par une peinture qui joue avec l’économie de moyens et qui tend vers l’objectivité, prenant à contre-pied l’Ecole de Paris alors toute puissante. En 1965, il découvre au Marché saint-Pierre une toile de store rayée dont les composantes deviennent la base de son vocabulaire artistique, il s’agit des bandes verticales alternées, blanches et colorées, d’une largeur de 8.7 cm, devenues célèbres. Bientôt, il commence à explorer les potentialités de ce motif en tant que signe et passe ainsi de l’objet-peinture à ce qu’il appelle « l’outil visuel », en faisant lui-même imprimer du papier rayé. Son mode d’intervention est désormais infini, Buren s’affranchit du cadre imposé par le tableau et forge la notion d’in-situ pour caractériser une pratique intrinsèquement liée aux spécificités topologiques et culturelles d’un lieu. Il n’y a pas d’œuvres de Buren sans une réflexion sur cette notion d’in situ et de situation. L’artiste procède toujours à une analyse du lieu dans lequel il place ses bandes ou ses dispositifs pour mettre en lumière certaines particularités, les plus signifiantes et les moins visibles. Son œuvre prend une ampleur considérable dans les années 1970, sur les terrains les plus variés, depuis la rue jusqu’au musée. Déjà en 1969 à Monchengladbach puis en 1972 à la célèbre Documenta de Kassel, il est l’un des premiers à proposer une relecture critique du musée. En 1986, il remporte le Lion d’Or de la Biennale de Venise pour le meilleur pavillon ; c’est aussi l’année de l’achèvement de sa commande publique la plus controversée : Les deux-Plateaux, dans la cour du Palais-Royal à Paris. Peu à peu, il développe un travail plus tridimensionnel et une conception de l’œuvre qui n’est plus objet mais modulation de l’espace. Buren est aujourd’hui l’un des artistes français les plus reconnus sur le plan international. Son œuvre reste d’une pertinence et d’une actualité évidentes, en témoignent les différentes expositions qui ont rythmé les quelque dix dernières années de son travail, parmi lesquelles bien sûr « Le musée qui n’existait pas » au Centre Pompidou en 2002, suivie de l’extraordinaire exposition organisée en 2005 au Solomon R. Guggenheim Museum de New York sous le titre éloquent de « The eye of the storm » (Dans l’œil du Cyclone), et de nombreuses autres encore. Ses récentes expositions comme le dispositif conçu pour le musée Picasso à Paris montrent combien l’art de Buren ne cesse de dialoguer de manière incisive avec l’histoire et embrasse une réflexion constante sur la modernité et ses enjeux aujourd’hui. Depuis plus de quarante ans, chacune de ses expositions dans le monde entier suscite l’événement avec son cortège d’enthousiasmes et de controverses. Daniel Buren, toujours aussi prolifique, garde aujourd’hui toute sa force critique et sa capacité à nous surprendre.

Courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris
© eac - estelle épinette

Espace de l’Art Concret
Château de Mouans – F06370 Mouans-Sartoux
tél : 04 93 75 71 50 / fax : 04 93 75 88 88
site : www.espacedelartconcret.fr

Ouverture / Opening :
Horaires d’hiver, du 1er septembre au 30 juin, du mercredi au dimanche, de 12h à 18h
Horaires d’été, du 1er juillet au 31 août, tous les jours, de 11h à 19h
Open every day from July 1st to August 31st, from 11 AM to 7 PM.
Open from Wednesday to Sunday, beginning on September 1st, from 12 PM to 6 PM.

Visite de groupes, sur rendez-vous, tous les jours de 10h à 18h
Group’s visit, by apointment, every day from 10 AM to 6 PM.

Accueil téléphonique à partir de 8h30, du lundi au vendredi - 11h les week-end et jours fériés.
Phoning reception, from Monday to Friday, from 8.30 AM to 6 PM / week-end and public holiday, from 12 PM to 6 AM

Tarifs / Entry fees :
Individuel / Individual
5 euros : Toutes les entrées individuelles / All individual entries
2,5 euros : Enseignants et étudiants hors académie de Nice-Var / Teachers and students outside of the Nice/Var Academy

Groupe / Groups
Sur rendez vous à partir de 10 personnes - Contact : Régine Tracy : 04 93 75 71 50 | [email protected]

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