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La Principauté s’affranchie !

A Monaco, territoire réputé pour la culture de l’exception même les timbres poste n’échappent pas à la règle. Enquête sur un paradis philatélique...

Magali Vercesi, Directrice de l’OETP © Isabelle Chanal

C’est sous le règne de Louis XI que
naquirent les relais de poste et le
premier service de missives distribuées
à cheval. Mais il fallut attendre
1849 et la création d’une taxe d’affranchissement
payée par l’expéditeur pour
que le premier timbre français voit le jour :
le 20 centimes noir. Le service postal de
la Principauté monégasque fut assuré par
la France, par une convention remontant
à 1640 et plusieurs fois renouvelée. Si le
premier tampon de « Monaco » date de
1704 son premier timbre ne fut émis qu’en
1885 à l’effigie du Prince Charles III. le 6
novembre 1937 la principauté obtient le
droit d’émettre ses propres timbres et crée
à cet effet l’Office des Emissions de Timbres-
Poste (OETP) chargé de l’étude et de
la diffusion des timbres-poste. Sa mission :
« créer et fournir les timbres nécessaires
à l’affranchissement des correspondances
et promouvoir les timbres de Monaco
dans un but de collection. » Aussi, depuis
ses deux premiers Directeurs, Henry
GAMERDINGER et Hyacinthe CHIAVASSA,
(également conservateurs du Musée Des
timbres et des Monnaies) la politique de
la philatélie monégasque est axée sur la
qualité de ses émissions, son caractère novateur
et une pluralité de thèmes abordant
le patrimoine sur tous ses fronts. Résultat
50 timbres sont émis chaque année par
L’OETP, toutes les phases préalables à leur
impression étant soumises à l’approbation
de SAS le Prince Souverain.

La principauté en filigrane

« En Principauté le service postal est assuré
par l’Administration française mais la philatélie
reste souveraine. Cette dissociation
est un cas de figure exceptionnel » explique
Magali VERCESI directrice de L’OETP.
Une spécificité qui fait tout le charme et
la valeur d’une philatélie très prisée des
collectionneurs. Mis bout à bout, les timbres
monégasques forment une véritable
encyclopédie, le journal intime de la vie
de la Principauté sur deux siècles. Car
chaque année la programmation s’axe
autour de thèmes récurrents : les grands
événements nationaux ou internationaux,
la vie de la famille princière, les dates anniversaires,
les commémorations autour
du patrimoine, de la science, de l’art, du
sport, etc.. Ainsi en 2010/2011 parmi les
timbres édités : les centenaires de l’institut
de paléontologie humaine, du musée
océanographique, de la constitution, de la
Cathédrale, les 10 ans du Forum Grimaldi
etc.. Certains timbres mettent en exergue
les relations internationales qu’entretient
la principauté avec le reste du monde (le
Voyage du Prince Albert II en Irlande, Les 150 de Big Ben à Londres), d’autres de
grandes figures historiques (le bicentenaire
de la naissance de NAPOLEON II, les
150 ans du sculpteur Aristide Maillol). Et
M. Vercesi de rajouter : « Nos grandes manifestations
nous inspirent régulièrement :
Le Monte-Carlo Master, le festival du cirque,
l’exposition canine, les cents ans du Rallye
de Monte Carlo, Le grand prix Automobile
qui l’année prochaine fêtera ses 70 ans ».
Mais le timbre le plus attendu en 2011
c’est celui qui sacrera le 1er juillet l’union
de S.A.S. le Prince Albert II. « Ce timbre mémorial
comme le fut celui du mariage du
Prince Rainier avec Grace Kelly, sera réalisé
en taille douce à partir de dessins créés par
trois artistes. Un pour le portrait du Prince
Albert II, un autre pour la future souveraine
Mlle Charlene WITTSTOCK et enfin, un pour
le fond. Plusieurs versions sont en cours
de réalisation ainsi qu’un bloc, conçu par
l’artiste CHICHKINE ». Un spécialiste de cet
art singulier plusieurs fois pressenti par
L’OETP notamment en 2009 pour dessiner
le timbre du centenaire des Ballets russes.

Un art complètement timbré

Car pour accoucher chaque année de 50
timbres, L’OETP fait appel à des artistes,
ses propres graphistes n’intervenant que
sur des maquettes créées à partir de photos
ou de documents existants. « Seule
l’impression nous échappe, c’est une étape
que se réserve l’état français qui a conservé
le monopole de l’édition du timbre via l’imprimerie
de la Poste à Périgueux » explique
Magalie Vercesi.
Si les timbres monégasques sont si recherchés
(13 000 collectionneurs abonnés),
c’est qu’ils bénéficient d’une tradition
longue et réputée notamment pour leurs
qualités techniques. « Nous privilégions la
gravure en taille-douce. La grande précision
qu’offre cette technique l’a historiquement
destinée à la fabrication des billets de banque
et des timbres-poste ». Ce procédé de
gravure en creux sur une plaque de métal
nécessite en amont l’intervention d’expert
en dessin. Aussi L’OETP opère-t-il un tri sélectif
parmi les candidatures. Quelques-uns
de ses auteurs voient leurs précieux travaux
exposés au Musée Postal : Slania Albuisson,
Guéorgui CHICHKINE, et Colette Turillet une
niçoise spécialiste de l’art floral et animalier.
Et si Monaco est parmi les premiers pays à
émettre de grands timbres d’art c’est que
sa collection unique comprend également
des oeuvres d’artistes plasticiens majeurs, la
plupart liés à la vie culturelle monégasque.

© Isabelle Chanal

C’est le cas de Folon (Galerie Guy Pieters)
décédé en 2005 à Monaco, qui réalisa plusieurs
timbres pour l’OETP (5 pour la Poste
Française) et participa en 2000 comme ses
congénères des ateliers du Quai Saint Antoine
(Adami, Arman, Sosno, Cane, Fuchs, E.
de Sigaldi, Verkade) à la série « Monaco et
la Mer ». Ernest Pignon Ernest a créé lui en
2009 un timbre pour les Ballets de Monte-
Carlo, pour lesquels il conçoit les décors de
certains spectacles. Le 1er décembre 2006,
est émis un diptyque reproduisant deux
Pensées peintes par Auguste Nall et installées
en grandeur nature au Grimaldi Forum.
Cette année c’est l’affiche signée Patrick
Moya pour le 35 éme Festival International
du Cirque de Monaco qui eut droit à ce traitement
de faveur.

Avis aux amateurs ! Tous ces timbres étant
retirés au bout de deux ans de la circulation
certains deviennent inestimables. Des perles
rares que vous pourrez voir lors du prochain
salon MONACOPHIL qui se déroulera
en Principauté du 2 au 4 décembre 2011.

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