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Le vieux Menton prend un coup de jeune !

150 façades ravalées, 319 propriétaires financés, 90 immeubles ayant reçu un appui technique et juridique pour organiser leur copropriété, 1.5 millions d’euros dont 960 000 euros investis par la commune, 5 millions d’euros de travaux générés … C’est le (beau !) bilan de dix ans d’OPAH (Opérations Programmées pour l’Amélioration de l’Habitat) initiée par la municipalité de Jean-Claude Guibal.

La première OPAH a été lancée en 1998. Pour rénover des logements qui « ne répondent pas aux exigences de confort moderne », des subventions sont accordées par la Ville, avec l’aide de l’État, du Conseil Régional et de l’Agence Française pour l’Amélioration de l’Habitat, à hauteur de 25%, et jusqu’à 79% du montant des travaux.

Menton au XIX eme siècle
Menton en 1980
Menton façades côté Est en 2008

Une deuxième OPAH s’est terminée en avril 2007. Plus récemment, en juin 2003, l’État a approuvé un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), avec comme objectif de réhabiliter le patrimoine bâti mais aussi de renforcer l’activité commerciale et d’organiser l’accueil touristique en donnant au centre ancien une dimension culturelle. En septembre 2006, le conseil municipal a demandé une révision du PSMV, afin de permettre la construction du futur Musée Jean Cocteau, devant les halles municipales, qui accueillera l’incroyable collection Séverin Wunderman. Et aussi la réhabilitation de l’ancien hospice Saint Julien pour l’accueil du premier cycle de Sciences-Po Paris. Une politique d’aides apparemment populaire puisque Jean-Claude Guibal vient d’être réélu pour un quatrième mandat.

Grâce à Malraux, le patrimoine de Menton retrouve une nouvelle jeunesse.

Quelle bonne idée d’avoir demandé le classement de la vieille ville en secteur sauvegardé. Il en existe une centaine en France, Menton l’a obtenu en février 2001.
C’est la loi Malraux du 4 août 1962 qui délimite ce type de secteur, dans lequel un règlement différent peut s’appliquer à chaque bâtiment (« POS à la parcelle »).

Vieux Menton avant les travaux de rénovation
©FCanarelli
Façades après les travaux de rénovation
©FCanarelli

En conséquence de quoi le propriétaire n’a plus le droit de faire « n’importe quoi », selon l’expression de Paola Ocana, Responsable adjointe du service patrimoine à la mairie. Et les entreprises du bâtiment doivent respecter des règles strictes : utiliser de la chaux pour les murs de façade (car la chaux laisse respirer les murs anciens, évitant les traces d’humidité), du bois et de la ferronnerie pour les menuiseries, des tuiles « canal » (rondes) ou plates (pour les bâtiments du XIXème siècle). Idem pour les couleurs : seule est autorisée une gamme d’ocres jaunes et d’ocres rouges, typiques de la région, d’inspiration ligure.
C’est ainsi que le patrimoine médiéval de Menton retrouve peu à peu une nouvelle jeunesse : la rue Bréa a été réhabilitée, la rue Longue est en travaux, on refait actuellement les réseaux et le revêtement de surface.
Objectif : transformer cette ancienne voie romaine en une artère commerçante animée !

Suivez le guide dans les ruelles de l’histoire

Les touristes viennent lui poser des questions même quand elle ne porte pas son badge de « guide » : c’est dire si Patricia Béguin est faite pour le métier. C’est avec elle que nous avons fait une passionnante promenade dans le passé méconnu de Menton. Suivez le guide…

Pour qui souhaite faire une visite guidée, rendez-vous à la Maison du patrimoine, créée en 1991 et dirigée aujourd’hui par Josiane Tricotti. Située dans l’ancien hôtel Adhémar de Lantagnac datant du XVIIIème siècle, elle propose des expositions temporaires, par exemple sur les techniques ancestrales de construction.
Car désormais, Menton appartient au réseau « Ville d’art et d’histoire », appellation attribuée par le Ministère de la Culture aux villes qui « animent leur patrimoine » : la ville des citrons emploie cinq guides-conférenciers, dont la compétence est garantie par l’Etat.
C’est le cas de Patricia Béguin, qui avoue que « les jardins de Menton » ont souvent la préférence des visiteurs. Mais découvrir avec elle « les ruelles de l’histoire » en surprendra plus d’un. Sait-on par exemple que les 140 tonnes d’agrumes utilisés lors de la Fête du Citron proviennent … d’Espagne, que le fameux bastion du XVIIème siècle où Cocteau a installé ses oeuvres avait les pieds dans l’eau et était relié à la ville par un pont de bois jusqu’en 1870. Ou encore que Menton appartint aux seigneurs de Monaco durant cinq siècles.
C’est Honoré II qui fit construire ce bastion pour protéger la ville, et qui signa un protectorat avec l’Espagne de Charles Quint pour 99 ans, la seigneurie de Monaco étant prise en étau entre la Provence, la Savoie et la république de Gênes. Il s’installa même un temps à Menton, alors gardée par 800 soldats espagnols pour une population de 1200 habitants.

Suite de la visite

Continuons notre visite par les Halles (1898), marché couvert à structure métallique, signé d’un architecte mentonnais adepte de Gustave Eiffel, Adrien Rey : sur la façade, des céramiques architecturales, provenant de la manufacture Saissi, fondée par Joseph Saissi en 1873, et qui, vous racontera Patricia, avait le monopole du bleu turquoise pour la région, et ce jusqu’aux années 1940 !
Elle vous conduira ensuite dans la rue Longue, qui suit l’antique voie romaine, et sur laquelle se dresse l’ancienne résidence des Grimaldi, dont il ne reste aujourd’hui qu’une plaque (en latin) et le hall « assez large pour contenir deux chaises à porteurs ».
Dans la vieille ville, les maisons les plus anciennes datent du XVème siècle. Très pauvre, la population construisait les murs avec des matériaux de récupération : galets, poteries alimentaires cassées, le tout lié avec un mortier à base de chaux. La maison typique se composait d’un rez-de-chaussée qui servait d’échoppe … ou d’étable, la pièce à vivre se trouvant au premier niveau et le grenier, ouvert sur l’extérieur, au deuxième. Construites en escalier, ces maisons comportaient trois niveaux sur la rue haute, mais cinq sur la rue basse. Et jamais d’ouvertures sur les derniers étages côté mer, pour paraître imprenable de loin.
La basilique Saint Michel est d’un baroque discret, sobre … faute d’argent, car elle fut construite au XVIIème siècle … grâce à l’impôt. Regardez attentivement le parvis en galets, restauré récemment : la frise du décor est composée de losanges, emblème de la famille Grimaldi de Monaco, et de H pour Honoré II.

Contacter la Maison du patrimoine, 24 rue Saint-Michel à Menton (Tel : 04 92 10 97 10

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