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Théâtre de Grasse : Jean Florès : le VRP multicarte des arts vivants

- Jean Florès
- 51 ans
- Directeur du Théâtre de Grasse
- Pour la « démocratisation culturelle »
Théâtre mais aussi danse, cirque, et encore marionnettes, multimédias, arts plastiques, musiques, expositions … Jean Florès pratique le mélange des genres. Mixité est un de ses mots favoris. Et ça marche !

Raconter l’histoire du Théâtre de Grasse, c’est raconter celle de Jean Florès, puisqu’il en est l’âme et le fondateur.

Naissance du Théâtre

- Au commencement était un « désert culturel » en pays grassois. Puis, en 1976, sous le mandat d’Hervé de Fontmichel, naquit le CIG, une salle polyvalente destinée à recevoir des congrès aussi bien que des associations. Un lieu sans image ni identité : bataille de fleurs, feux d’artifices, expositions …
- Nommé en 1988, Jean Florès au début s’occupe de tout. Peu à peu, employant la méthode douce, il commence par lancer quelques changements « à dose homéopathique » … jusqu’à tracer les grandes lignes d’un vrai projet artistique cohérent, et définir « une orientation culturelle à moyen et long terme ». Pour ce faire, il prend son bâton de pélerin, ou plutôt de « VRP » comme il dit, allant « à la rencontre du public », le chercher « hors les murs », dans les comités d’entreprise, les écoles ou les associations.
- En 1995, première victoire, le CIG devient Théâtre à part entière, avant d’obtenir en 2000, le label « théâtre conventionné » décerné par le Ministère de la culture. Et le public de venir, de plus en plus nombreux : jusqu’à 3.000 abonnés pour la saison dernière !

- Aujourd’hui, il a si bien réussi que le Théâtre de Grasse est devenu trop petit ! Dans les années à venir, va sortir de terre au sud de la ville une nouvelle salle modulable de mille places, qui sera selon le directeur « à la fois un atelier dédié à la création du théâtre vivant, réservé à la compagnie Castafiore mais qui pourra s’ouvrir à d’autres compagnies, et un théâtre itinérant pour le haut et moyen pays coupés de l’offre culturelle ».
C’est officiel, le maire de Grasse Jean-Pierre Leleux l’a annoncé récemment : « ce sera l’un des plus gros chantiers publics des prochaines années ».

Une passion communicative pour les arts vivants

- C’est sans doute de son grand-père coiffeur - dont le salon, pour l’anecdote, jouxte la droguerie des parents de Nicole Garcia - qu’il tient son goût pour l’opéra et le théâtre, où il allait régulièrement avec sa mère depuis tout petit. A Oran d’abord, où il est né en 1957, de grand-parents immigrés d’Andalousie au début du XXème siècle. D’ailleurs, plus qu’avec l’Algérie, qu’il a quittée à l’âge de cinq ans, c’est avec l’Espagne qu’il se sent le plus d’affinités. Pourtant, c’est sur la Côte que s’installe sa famille en 1962, et bientôt à Grasse, où son père ouvre un cabinet de prothésiste dentaire.
- Lycéen dans la ville des parfums, il reprend bien vite avec sa mère le chemin de l’opéra (de Nice), avec la chance de voir « tout le répertoire classique et les plus grandes divas ». Tout en découvrant par lui-même le théâtre : co-fondateur de la Compagnie du Petit Castor, il est un temps acteur et marionnettiste, se produisant même sur la scène du futur Théâtre de Grasse, avec des « farces médiévales et autres entrées clownesques… des spectacles qui duraient deux heures, beaucoup trop long ! ».

- Pour gagner sa vie, il se décide pour l’école normale (à Marseille), mais ne sera instituteur que cinq ans, un métier pour lui « trop routinier ». En même temps, pédagogue dans l’âme, il est animateur dans les colonies de vacances et autres centres aérés … jusqu’à ce que le Maire de Grasse, Hervé de Fontmichel l’appelle à la direction de l’Office Départemental de l’Action Culturelle (ODAC), avec l’objectif de « proposer une offre culturelle dans le haut et le moyen pays ».
Nous sommes en 1982, Jean Florès découvre « le terrain, le rapport au public, aux élus, aux artistes », bref le travail de médiation culturelle qu’il pratique encore aujourd’hui. On lui doit la création des fameuses soirées « Estivales du Conseil Général ».

- C’est six ans plus tard qu’il prend la direction de ce qui allait devenir le Théâtre de Grasse : « Je suis parti de zéro, j’ai du créer, former, fidéliser un public : je suis devenu un VRP multicarte de la culture, qui veut vendre mais … avec passion ! ».
- Tout seul au début, il est désormais entouré d’une équipe de six personnes aux relations publiques.
Ce qui l’anime : « ce moment de communion, où l’on est dans le noir, à partager l’émotion de l’art vivant, avec les autres spectateurs et avec les comédiens ».

Cantabile
Photo : Jonathan Knowles

- Pour bâtir sa programmation, avec toujours la « volonté de transmettre », Jean Florès tente de trouver le juste milieu entre le facile et le difficile, entre les spectacles grand public ou plus pointus, parcourant pour ce faire les différentes scènes européennes.

- Mélange des genres, métissage, s’affranchir des limites … C’est avec ce genre de convictions, qu’il a créé voici deux ans l’association Polychromes, à vocation culturelle pour la communauté gay : littérature (invitation d’auteurs comme Olivier Delorme), cinéma ( première rencontre « D’un genre à l’autre » organisée en mai dernier). Sans oublier la chorale, « équilibrée entre voix masculines et féminines », qui dégage, parait-il « une belle énergie vocale ». Chanter en choeur était peut-être le rêve - devenu réalité - de Jean Florès !

Demandez le programme !

Biographie sans Antoinette avec Sylvie Testud et Thierry Lhermitte
Photo : Dunn Meas

« Entre partages et découvertes, cette saison a été bâtie comme une nouvelle invitation à des rencontres fortes, belles et inédites, ouvertes à tous les métissages, unies par l’excellence artistique et la volonté sans cesse réaffirmée d’une authentique démocratisation du théâtre ».

La vie devant soi
Photo : Bernard Enguerand

Voilà comment Jean Florès présentait sa saison 2008/2009, qui comptera 40 spectacles et 120 représentations. On retiendra de cette programmation éclectique des duos de choc - Gérard Desarthe et Michel Galabru, puis Thierry Lhermitte et Sylvie Testud (dans Biographie sans Antoinette).

La flûte enchantée
Photo Erich Malter


- Quelques grands rendez-vous comme Dominique Blanc mise en scène par Patrice Chéreau, dans La douleur, pièce signée Marguerite Duras qui a fait un tabac à Paris ; Myriam Boyer reprenant le rôle de Simone Signoret dans La vie devant soi

La douleur avec Dominique Blanc
Photo : Carole Bellaiche

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Plus surprenant, Jean Rochefort en solo lisant son propre texte, dans Entre autres, ou Marcel Pagnol avec l’accent belge : Manon et Jean de Florette par la Comp. Marius, composée de deux belges Waas Gramser et Kris Van Triera, adeptes du jeu en plein air.

Manon - Jean de Florette
Crédit photo Raymond Mallentje

Sans oublier le nouveau cirque, avec Monstration et Secret de Johan Le Guillerm, ou encore le Circici, et Shakespeare (Beaucoup de bruit pour rien) par une compagnie de théâtre de rue (la Compagnie 26.000 couverts).

Secret
Photo : P. Cibille

Côté danse, le très renommé Ballet Preljocaj avec son nouveau spectacle Noces/Empty Moves ou encore le flamenco avec la Compania Flamenca.

Noces
Photo : JC Carbonne
Voyage en Armélie !
Photo William Let

Plus d’info :

Les croisés
Photo : Willi Filz

wwwtheatredegrasse.com
- www.polychromes.fr

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