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Un château fort en art !

Réveillé voici douze ans d’un profond sommeil afin d’abriter le Centre International d’Art Contemporain (CIAC), le Château de Carros vient de connaître un second lifting visant à récupérer la quasi totalité de son espace.

Visite guidée…

Le Château de Carros, demeure des comtes de Blacas, est l’un des plus vieux châteaux de Provence que la commune de Carros a entrepris de remettre en état. Ainsi la première tranche de travaux portant sur l’aile Est a-t-elle vu en 1998 la naissance du CIAC. Ce formidable outil à la croisée du patrimoine et de la création actuelle, a déjà accueilli à l’époque de la direction de Frédéric
Altmann
plus de 15 000 visiteurs par an et présenté une quarantaine
d’expositions monographiques ou thématiques, aux dimensions aussi bien historiques qu’expérimentales, locales qu’internationales qui virent entre autres des créateurs brésiliens, coréens ou canadiens investir la place.

Le nouveau chantier débuté en 2008 s’achèvera à la fin du printemps permettant à la chrysalide d’accoucher d’un nouveau papillon. « Un nouvel écrin qui devrait être accessible au public dès cet été et inauguré en septembre 2010 lors des journées du patrimoine » explique son actuel directeur Frédérik Brandi, nouveau "maître du haut château" qui partagea avec Frédéric Altmann l’aventure du CIAC dès ses prémices.

Du XIIème au XXIème siècle Lorsque l’on pénètre dans ce fortin qui a survécu à plusieurs révolutions, l’on a l’impression d’entrer sur un site de fouilles tant chacun s’emploie à y faire revivre méticuleusement les vestiges enfouis. « Deux ans de labeur avec les équipes d’ouvriers et de spécialistes, un chantier aussi exigeant qu’acrobatique ! » souligne Frédérik. Valeria, pinceaux en main, est l’une de ces « chirurgiennes du stuc » chargée de révéler ce que les siècles ont masqué. « En accord avec les Bâtiments de France et le cabinet Épure d’Architecture, les travaux actuels ont été réalisés afin de dégager de nouveaux volumes mais aussi de ressusciter la mémoire de cette bâtisse du XIIème siècle ».

Ainsi une frise du XVIIème, des cheminées et un plafond à caissons ont été mis en valeur. « L’idée maîtresse étant de jeter une passerelle entre XIIème et XXIème siècle, nous allons faire cohabiter dans la scénographie ces éléments historiques avec des matériaux résolument contemporains afin d’instaurer un dialogue entre patrimoine et modernité ». Le sol sera en résine naturelle coulée. Côté accrochage, des cimaises murales doublent les vieux murs, permettant de masquer câbles et lumières. Outre de nouvelles fenêtres percées dans la muraille, un appel en façade a été taillé côté Sud créant une sorte de « bow window » vitré avançant dans le vide. De nouveaux planchers et volumes ont été créés sur trois niveaux afin de retrouver les espaces originels morcelés en appartements après la Révolution. Résultat : « Ce chantier en doublant l’espace d’accueil a permis de créer deux parcours de visite et aussi de redonner un supplément d’âme au lieu ». En récupérant l’intégralité du Château et une partie de sa mémoire, le CIAC est désormais en mesure de déployer ses ailes.

Et le fonds refait surface !

Car c’est sur plus de 600 m2 d’accrochage sur les 900 m2 rénovés en deux phases que Frédérik s’atèle à réorganiser le centre d’art. « D’abord, nous allons étendre les expositions temporaires sur cette nouvelle partie Ouest, libérant le haut de l’aile Est pour montrer enfin notre fonds permanent ». Une manne pour l’amateur, car le CIAC dispose d’une ample collection représentative de la création azuréenne au cours des dernières décennies, « Une collection singulière composée de grandes œuvres d’artistes en marge et de petites œuvres de grand maîtres ». Un fonds constitué au fil de donations dont la première d’importance fut celle d’André Verdet, comprenant notamment des compositions de Villers cosignées avec Picasso. Alexandre de la Salle a porté sa contribution avec quelques pièces des grandes Figures de l’Art. Des créateurs (ou leurs héritiers) ont fait don de leurs travaux. Des ensembles d’ouvrages emblématiques comme ceux de Michel Gaudet, Pierre Faniest, Serge Angel, Jean Cassarini ou Charles Malausséna sont venus s’ajouter. Sans oublier tous ces exposants qui ont laissé ici une trace de leur passage
(Salkin, Mendonça, Caminiti, Rosa, Brandy, Alocco, Troin, Renouf,
Waller, Bataillard, Morini, Gastaud, Pini, etc.).

« La collection ainsi constituée dans sa diversité a pu être exploitée aussi bien au Château qu’hors les murs, une autre mission du CIAC qui vient par exemple de contribuer au cinquantenaire du Musée Fernand Léger ». Grâce au nouveau centre de documentation ainsi qu’à la création d’un atelier pédagogique l’accueil aux publics sera encore élargi. « Notre politique a toujours misé sur la médiation notamment auprès des scolaires, qui reviennent ici avec leurs parents ». La jeune création - déjà largement convoquée avec pour point d’orgue en 2006 « Nos amours de vacances » (25 artistes présentés par Marc-Olivier Vignon et Emmanuel Régent) - y trouvera ses marques comme un regain de lisibilité.
Enfin dans un second temps une programmation de résidence d’artistes sera activée. Un appartement et un atelier ont été prévus dans ce sens. C’est sur ce principe que la photographe Suzanne Hetzel et le plasticien Max Charvolen ont conçu l’exposition (commissariat : Catherine Macchi) qui doit ouvrir dans le courant de l’été au public les nouveaux murs du CIAC. La première s’est immergée dans le village pour en ramener des portraits vifs de Carrossois ; Charvolen, lui, a prélevé des empreintes sur le bâti du château avant travaux pour les transcender en œuvres abstraites. « Concernant la programmation les projets fourmillent : la présentation de la nouvelle édition du Carnegie Art Award mettant en lumière les artistes d’Europe du nord, une rétrospective Arden-Quin et MADI, un nouveau cycle d’expositions thématiques avec le FRAC PACA ainsi qu’une participation du CIAC à « L’art contemporain et la Côte d’Azur ».

En somme toute une nouvelle vie de château à redécouvrir très vite !

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