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André Villers consacré à la Malmaison

Le Centre d’Art la Malmaison à Cannes présente à partir du 27 octobre 2012
des inédits du laboratoire photographique de l’artiste ANDRE VILLERS.
Après avoir découvert cet été au Centre d’Art son travail réalisé de concert avec son ami Picasso, nous admirerons un focus sur plus de 60 ans de son travail de recherche autour de ces collages réalisés à partir de ses photos.

Alors que le Musée de la Photographie de Mougins propose une exposition intitulée "André Villers et la photographie : Noces de Diamant" rendant également hommage au talent d’André Villers jusqu’au 31 décembre, le Centre d’Art de La Malmaison fait littéralement exploser ses murs avec une sorte d’"intégrale" de l’oeuvre d’André Villers.
Pas un pan de mur n’est épargné. La curiosité du visiteur va crescendo, au fur et à mesure des pièces de la Malmaison.

"Bouteille de survie", 1982, Tirage unique, Texte de Michel Butor, signé Michel Butor et André Villers
© Elsa Comiot

L’oeil avisé d’André Villers est perceptible surtout lorsqu’il mêle photographie et peinture. Nous le connaissons comme photographe, mais il a toujours su utiliser également la peinture dans ses photos, de façon souvent humoristique. Malgré ses rencontres avec de très grands noms (Picasso, Léger, Chagall...), il n’a jamais fait preuve de prétention dans son art, qui se veut accessible. Il sait capter l’attention des novices, tout comme celle des connaisseurs.
Un peu de légèreté ne fait jamais de mal, surtout ces temps-ci...

"Le Rêve éveillé du Photographe", André Villers, 1996
© Elsa Comiot

Désobéissant, faisant un pied de nez aux convenances, il ose détourner un Picasso. Il s’attaque à la littérature avec Michel Butor, à la poésie avec Prévert.
Son inventivité, il la doit peut-être à son enfance à Beaucourt, petit village du territoire de Belfort où, c’est lui qui le dit, il ne se passe rien...
Alors il faut inventer l’imaginaire ! Le désert artistique ou intellectuel permet finalement de puiser dans son for intérieur pour créer des choses extraordinaires. Place au rêve dans des contrées peu favorables !
Ensuite le sanatorium (près de Vallauris) pendant plusieurs années de son adolescence : un univers blanc et vide. Comment le remplir ? Force encore de l’imagination !
A sa sortie, en 1952, après quelques cours de photographie, il ne peut plus rien lui arriver. Il n’a vécu que dans des univers plutôt neutres, voire ennuyeux. Une créativité si contenue ne peut qu’exploser à la première extériorisation.

Et c’est ce qui arriva dès 1952 : "Mes premières images, comme je n’avais pour tout paysage que les murs du sana dans lequel j’étais soigné, ont été des vues « aérodynamiques » du bâtiment, des visages heureux (il n’y a que dans ces endroits où l’on sait rire), visages de décalcifiés hilares, photos en noir et blanc mais dans lesquelles le vert dominait..." (André Villers - Extraits d’"Autobiographie"). Succès immédiat !

"Pris sur le vif", André Villers, 1993
© Elsa Comiot

Destin fulgurant, puisqu’à peine quelques mois plus tard, en mars 1953, il rencontre Picasso, qu’il photographie.
La suite, vous la connaissez...

"Photocollage", André Villers, 1994
© Elsa Comiot

Rares sont les artistes qui ont aussi vite percé et force est de constater que son talent avait juste besoin d’être cueilli.

Et maintenant ? "L’appareil photo, les négatifs, les papiers sensibles et les visages... (je me rends compte que la tête des gens est, au fond, ce qui m’importe le plus dans la vie) m’ont permis de trouver l’air indispensable qui me fait vivre, survivre." (André Villers - Extraits d’"Autobiographie").

"Autoportrait perturbé", André Villers, 1997
© Elsa Comiot

André Villers, photographe profondément humaniste, n’en a pas perdu son sens de la dérision et nous offre des perspectives de nous réjouir.

Exposition "André Villers, 60 ans de photographie" (27 octobre 2012-20 janvier 2013)
Centre d’Art La Malmaison
47 La Croisette
06400 Cannes

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