| Retour

MONUMENTA 2011 ANISH KAPOOR

Pour sa quatrième édition, MONUMENTA invite Anish Kapoor, artiste de renommée internationale, à investir la Nef du Grand Palais.

Les proportions, la lumière et le volume exceptionnel de l’espace permettent à l’artiste de créer, spécialement pour MONUMENTA, un choc esthétique et physique, une expérience colorée à la fois poétique, méditative et détonante.

MONUMENTA propose également un dispositif de médiation et d’accompagnement des publics qui permet à chaque visiteur d’être au plus près des œuvres marquantes de son temps.

- Commissaire : Jean de Loisy

Anish Kapoor dans le Grand Palais – Septembre 2010. Photo Farida Bréchemier – Tous droits réservés Monumenta 2011, ministère de la Culture et de la Communication.

Monumenta : Un concept unique et fédérateur

Confrontation artistique de très grande ambition, sans équivalent dans le monde, organisée par le ministère de la Culture et de la Communication, MONUMENTA invite chaque année un artiste contemporain de renommée internationale à investir les 13 500 m² de la Nef du Grand Palais avec une œuvre spécialement conçue pour l’occasion.

L’art contemporain accessible au plus grand nombre
Performance artistique inédite, MONUMENTA est ouvert à tous : une manière de découvrir une manifestation unique, dans laquelle de grands artistes français (ou résidant en France) et étrangers se succèdent chaque année. Après le succès des trois premières éditions de MONUMENTA confiées au peintre allemand Anselm Kiefer en 2007, au sculpteur américain Richard Serra en 2008, puis à l’artiste français Christian Boltanski en 2010, qui attirèrent chacune près de 150 000 visiteurs en cinq semaines, c’est Anish Kapoor, artiste britannique né en Inde et l’un des créateurs les plus reconnus et honorés de sa génération – tant par ses pairs que par le public – qui relève le défi en mai et juin 2011.

Le Grand Palais, un lieu prestigieux dédié à un événement unique
Les 13 500 m² de la Nef du Grand Palais, qui culmine à 45 mètres de hauteur sous sa monumentale verrière, accueillent des œuvres inédites conçues spécifiquement pour l’occasion. Situé au cœur de Paris, la ville la plus visitée du monde, le Grand Palais est, à proximité des Champs-Elysées, l’un des joyaux de la capitale.

L’accessibilité de chacun au patrimoine de demain

Les artistes contemporains construisent jour après jour, au présent, le patrimoine de demain. Il appartient aux décideurs politiques et aux forces vives économiques de préparer cet avenir dès maintenant en favorisant l’émergence d’un art à la fois original et pertinent. Ce travail de veille et de détection doit fondamentalement être accompagné d’un travail de médiation : le public dans sa diversité, ses attentes, ses a priori aussi, doit être au cœur d’une véritable « mission pédagogique » qui permette à chacun de s’approprier l’art en train de se faire. L’accessibilité de chacun aux formes et aux enjeux de la création est une garantie démocratique : loin du nivellement ou de l’uniformisation, il s’agit de multiplier les passerelles d’accès pour que chacun, avec son histoire, son passé, ses désirs, trouve sa voie – une voie singulière – vers cet art qui se conjugue au futur.

Les thématiques - Anish Kapoor

- L’oeuvre comme paysage

Anish Kapoor est intervenu à plusieurs reprises dans l’espace public urbain (Cloud Gate, 2004, Sky Mirror, 2001, etc.) ou à l’échelle du paysage (Dismemberment Site I, 2003-2009, Temenos, 2006). Ces œuvres que l’on peut parfois qualifier d’œuvres du Land Art ont pour caractéristique d’être elles-mêmes des paysages, plus ou moins abstraits et formels, toujours saisissants. Les formes dessinent de nouveaux horizons et les matières composent de nouveaux reliefs (My Red Homeland, 2003). Le paysage est l’identité du monde à un instant donné. C’est cette identité que l’artiste capture et qu’il transforme pour donner accès à de nouvelles dimensions.

- Voir, c’est imaginer

On dit souvent d’un artiste qu’il « renouvelle notre vision d’un sujet » – mais pour Anish Kapoor, il s’agit d’une toute autre dimension : le contact avec ses œuvres renouvelle la vision elle-même, nous faisant, bien au-delà de leur aspect séduisant, nous interroger sur l’acte de « voir ». La vision humaine, que la science ne fait que commencer de découvrir, est un processus complexe et hautement symbolique : en créant constamment des accidents optiques entre le visiteur et l’œuvre, en jouant sur toute la palette et la temporalité des processus cognitifs à l’œuvre dans la perception, en déjouant les évidences, Anish Kapoor nous révèle combien le monde est peuplé par les images mentales que construit notre regard optique, combien la vision est imagination.

- L’entropie

L’entropie désigne l’état de désordre d’un système. Pour l’artiste, elle joue un rôle fondamental qui vient équilibrer par sa nature chaotique l’apparence policée de son travail : « Comme dans le monde baroque, l’apparence est décorative, tout en surface, mais en dessous se cache un sombre secret ; la décadence et l’entropie ne sont jamais bien loin. » De ce point de vue, les jeux de surface que met en œuvre l’artiste sont des jeux troubles qui révèlent par ses failles une force intérieure désorganisée et incontrôlable. Toute la prouesse de l’artiste est de mêler équilibre et anarchie dans son travail en un seul et même motif vertigineux, à l’image des sculptures de ciment générées informatiquement, Greyman Cries, Shaman Dies, Billowing Smoke, Beauty Evoked, 2008-09.

- L’auto-génération

Par-delà la référence à une œuvre d’Anish Kapoor – Svayambh, 2007 – qui signifie littéralement « modelé par sa propre énergie », l’auto-génération est un sujet de fascination pour l’artiste. Celui-ci met tout en œuvre pour donner à la plupart de ses œuvres une autonomie qui annule toute vision de l’artiste exprimant sa subjectivité comme dans My Red Homeland, 2003. Anish Kapoor s’efface derrière son œuvre pour la laisser advenir à son rythme et lui permettre de déployer seule le mystère qu’elle contient. L’auto-génération est la preuve que des choses se produisent par-delà l’humain et dont seul l’art ou la nature peuvent témoigner.

- L’écorché

En référence directe à la figure mythologique de Marsyas (satyre qui a défié Apollon et qui fut écorché vif) et au titre d’une œuvre fameuse d’Anish Kapoor, l’écorché est un thème qui revient souvent dans l’œuvre de l’artiste. Terme se rapportant à l’anatomie, l’écorché désigne une figure peinte, dessinée ou sculptée, montrant des muscles sans la peau. La pratique de l’écorché était recommandée à la Renaissance pour former les peintres. De ce point de vue, l’intérêt de Kapoor est lié à l’histoire de l’Art. Mais plus profondément, il repose sur cette alliance rendue visible entre le moteur même du vivant et le reste du monde, sans intermédiaire cutané. L’écorché prend alors chez l’artiste des formes variées que l’on retrouve le plus souvent dans ses trompes fameuses, fabriquées en membrane de PVC.

-  La fiction et le rituel

Sensible par ses origines à une grande variété de rites religieux, Anish Kapoor mêle savamment des références à des rituels identifiés et de pures fictions plastiques. Il en ressort une économie du spirituel tout à fait originale qui emprunte à de nombreuses sources, mais ne se réduit à aucune. L’artiste fictionnalise son propre rapport à la religion à travers des installations qui ne relèvent d’aucune obédience, mais qui pourtant est un hommage à toutes. De fait, c’est l’art comme tel qui est investi par l’artiste d’une mission religieuse : les œuvres sont des vecteurs d’ouverture au monde et à ce qui le dépasse. Comme le souligne l’artiste : « L’art puise son essence dans notre culture matérialiste. Les œuvres qui prennent cette culture pour sujet auront, d’après moi, une très courte existence. J’éprouve le besoin de m’adresser à l’humanité à un niveau plus profond ».

-  La concavité

« La géométrie est pour moi un élément très important auquel je reviens toujours » dit Anish Kapoor. De fait, nombre de ses œuvres sont le fruit de savantes combinaisons géométriques qui permettent de créer des illusions perceptives particulièrement tenaces. A cet égard, la concavité est récurrente dans les sculptures de l’artiste. Elle est d’abord ce qui, étymologiquement, se définit comme le « creux » et qui, aux yeux de l’artiste, nous parle d’un espace dans l’espace, une nouvelle dimension. Elle est ensuite la courbe faite relief et le geste d’une main protectrice. La concavité permet à l’artiste de jouer avec « l’optique » du monde et de donner à ses œuvres le rôle de lentilles qui nous le font voir autrement.

-  La lumière comme fantôme

Le caractère à la fois éminemment spirituel mais aussi particulièrement charnel de l’œuvre de Kapoor s’accompagne d’une profonde réflexion sur la lumière. Celle-ci n’émane jamais d’un point défini, elle est toujours diffuse. Ces œuvres « capturent » la lumière et la restitue sur un mode indirect et fantomatique. On ne connaît pas sa source et on ne sait pas exactement ce qu’elle vise. Elle est une lumière d’ambiance qui semble sourdre de la sculpture elle-même. Le plus souvent d’ailleurs, c’est la couleur qui, dans sa pureté, vibrionne et semble lumineuse. Anish Kapoor rend à la lumière toute son immatérialité, le figurant dans ses installations au point de lui donner une apparence trouble.

- Le vide comme forme

Échappant par nature à toute matérialisation, le vide est à la fois ce qui manque et ce qui nous est toujours donné. Pour Anish Kapoor, le vide est un motif récurrent qu’il met en scène dans de nombreuses sculptures, à l’image de Descent into Limbo, 1992, Ghost, 1997, The Origin of the World, 2004. A chaque fois, le défi plastique – donner une consistance à l’inconsistant – permet à l’artiste de conférer au vide une certaine aura. Le vide devient un appel, la promesse d’un ailleurs que l’artiste aurait réussi à matérialiser ici. Les connotations religieuses et spirituelles du vide, même si elles ne sont jamais ramenées formellement à une religion déterminée, permettent à l’artiste de créer une aspiration forte dans ses œuvres – un appel d’air spirituel.

- La peau de l’oeuvre
Jouant sur la surface et l’apparence des choses, Anish Kapoor fait de la peau une image forte pour comprendre son travail. La peau, lieu de toutes les sensations, marque une frontière entre un intérieur et un extérieur. A ce double titre, les œuvres d’Anish Kapoor sont typiquement des « lieux de sensations » et des marqueurs de frontières. Le skin concept désigne alors cette recherche d’un art qui trouve le profond à la surface. C’est à la faveur d’une sensation physique que l’œuvre dévoile sa profondeur. Ainsi que ce soit grâce aux sculptures monumentales en membrane de PVC (Marsyas, 2002) ou aux surfaces réfléchissantes des sculptures miroirs (C-Curve, 2007), la peau est le lieu d’une révélation.

- Le non-objet

Les œuvres d’Anish Kapoor tentent pour la plupart d’échapper au monde qui les entoure. Elles sont comme importées d’ailleurs, révélant des dimensions cachées et transformant notre perception. A la faveur d’un jeu de miroir, d’un effet de vide ou d’une surenchère de couleur, l’œuvre échappe à son statut d’objet : elle n’est plus tout à fait de ce monde, elle est un « non objet », à l’image de la série éponyme Non Object (Door), Non Object (Pole), Non Object (Vertigo), 2008. Pour l’artiste, cette dimension de « non objet » se traduit aussi par sa volonté de se soustraire autant que faire se peut à la production de l’œuvre qui, le plus souvent, résulte d’un processus mécanique, parfois même arbitraire.

-  La couleur

« Je veux créer pour MONUMENTA une expérience monochrome totale, inonder le visiteur avec la couleur » dit Anish Kapoor. Anish Kapoor est né en Inde, pays des couleurs fortes dont la matière autant que la teinte servent depuis des siècles à invoquer et célébrer les divinités. Peut-être est-ce parce qu’elles sont au point de tension entre deux mondes – leurs ombres et leurs reflets sont autant de mystères et de portes – que les rouges, bleus, jaunes et blancs utilisés par l’artiste communiquent à ses œuvres et à leurs visiteurs toute leur énergie, leur passion et, particulièrement mise en valeur dans la Nef du Grand Palais, leur audace.

- Habiter l’espace

Dans les œuvres d’Anish Kapoor, la notion d’échelle se révèle être autant affaire de taille que de sens – celui que nous attribuons à ce que nous voyons. Les formes sont aussi bien convexes que concaves, les masses tantôt aériennes tantôt pesantes, le vide d’un instant est le plein d’un autre instant. L’œuvre est-elle dans le lieu, ou le lieu dans l’œuvre ? Nous sommes plongés à la frontière entre l’espace bidimensionnel des pensées métaphysiques ou poétiques, et un espace tridimensionnel qui serait celui du corps, dans lequel la dualité des règles permet le jeu, la créativité. En parcourant l’œuvre avec son regard aussi bien que son corps, le visiteur construit ainsi à partir des lignes, des formes – qu’on dirait en mouvement – des matières, des couleurs, des reflets, à la fois sa propre représentation et sa propre expérience d’un environnement sensoriel, spatial et symbolique ; et cet espace en retour construit le visiteur. Est-il pour les humains, au fond, d’autre façon d’habiter un espace ?

http://www.monumenta.com/
http://www.anishkapoor.com/

MONUMENTA 2011 - ANISH KAPOOR
Manifestation ouverte au public du 11 mai au 23 juin 2011

Adresse
Nef du Grand Palais - Porte principale
Avenue Winston Churchill 75008 PARIS

Horaires
Tous les jours, sauf le mardi
De 10h à 19h le lundi et le mercredi
De 10h à minuit, du jeudi au dimanche
Fermeture des caisses : 45 min avant la fermeture de l’exposition

Accès
Métro : lignes 1, 9, 13 / stations : Franklin Roosevelt,
Champs-Elysées-Clemenceau
Bus : lignes 28, 32, 42, 72, 73, 80, 83, 93
Informations : [email protected]

Tarifs
NB : Le billet d’entrée donne également un accès gratuit à la programmation culturelle du même jour.

Plein tarif : 5 euros

pub