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Expositions Maison Européenne de la Photographie

Située en plein cœur historique de la capitale, la Maison Européenne de la Photographie est vouée à la création contemporaine. Cet édifice culturel d’un type nouveau abrite un centre d’expositions, une grande bibliothèque de consultation, une vidéothèque rassemblant l’essentiel des films réalisés par ou sur les photographes et un auditorium. Maison du regard, elle offre à un large public un accès convivial aux trois supports de diffusion essentiels de la photographie que sont le tirage d’exposition, la page imprimée et le film.

La Maison Européenne de la Photographie propose deux expositions estivales, du 29 Juin au 5 Septembre 2011.

L’Ombre de la guerre

© Alexandra Boulat / Association Pierre & Alexandra Boulat

L’exposition propose une réflexion sur le pouvoir symbolique des images en présentant un choix de 90 photographies les plus marquantes du reportage de guerre. La période a été circonscrite en prenant comme point de départ la guerre civile espagnole - conflit qui a inauguré l’ère du photojournalisme moderne - et en s’arrêtant en 2007 pour permettre un recul suffisant par rapport à l’actualité brûlante.
Afin d’en saisir tous les enjeux, ces images iconiques sont accompagnées d’un texte qui retrace le contexte de la prise de vue, auquel s’ajoute une série de données chiffrées démontrant l’impact des guerres sur nos sociétés.
Cette exposition permet ainsi de traiter différemment de l’histoire : il est certes question de drames, de destructions mais la vision de ce monde hostile engage une réflexion sur l’avenir de l’humanité.

Texte de Alessandra Mauro (in L’ombre de la guerre, ed. Contrasto, 2011) :

Les photographies présentées ici racontent une partie de l’histoire récente de l’humanité. Il s’agit de 90 clichés, plus ou moins célèbres, de conflits qui ont endeuillé le monde de 1936 à 2007. La sélection a été pensée dans l’intention de privilégier les images comportant une valeur documentaire, mais également symbolique, en épinglant les différents aspects de ce perpétuel drame humain qu’est la guerre.

Nous avons ainsi essayé de rassembler les photographies qui sont devenues, comme on a l’habitude de le dire en utilisant un terme un peu usé, les "icônes" de notre temps, celles qui dans les gestes, dans les poses plastiques, dans le jeu de lumières, dans le rapport entre le sujet représenté et l’arrière-plan, dans le renvoi, implicite ou parfois même explicite, à l’iconographie classique de l’art chrétien se sont gravées dans nos esprits comme emblématiques d’une situation extrême. L’extrême de la résistance humaine, de la capacité de survivre et, éventuellement, de tuer. Pour le photographe, la limite est celle de continuer à documenter des scènes de combats, de violence ou de mort, sans perdre le sens de son métier, voire de sa propre identité.

La période a été circonscrite en prenant comme point de départ la guerre civile espagnole, le conflit qui a inauguré l’ère du photojournalisme moderne. Nous avons décidé de nous arrêter en 2007, en nous accordant un minimum de quatre ans de recul par rapport à l’actualité brûlante, un décalage nécessaire pour ce type de travail. Le critère chronologique, mis à part deux cas emblématiques et tragiques, nous a guidé aussi dans la séquence des images qui retracent les étapes du temps belliqueux dans lequel nous vivons. C’est un temps hélas miné par des guerres de toutes sortes qui se bousculent à la une des journaux.

Comme tous les choix, celui-ci n’échappe pas à l’arbitraire et pourrait faire l’objet de modifications et d’améliorations. La sélection ne se veut ni définitive, ni exhaustive tant les conflits mondiaux et les images produites dans ces années-là sont nombreux. Mais s’il est vrai, comme l’affirme Georges Didi-Huberman, que pour savoir il faut imaginer, c’est-à-dire avoir des images qui permettent de comprendre, alors cette sélection souhaite apporter une contribution à cette compréhension, celle de notre temps, dans ses aspects les plus sombres à travers le travail de tous ceux qui ont choisi de raconter ces ténèbres de la raison.
Nous sommes convaincus qu’il ne faut rien négliger de l’expérience humaine et que tout doit être au contraire vu, raconté et compris.

"Le chroniqueur, qui rapporte les événements sans distinguer entre les grands et les petits, fait droit à cette vérité : que rien de ce qui eut jamais lieu n’est perdu pour l’histoire. Certes, ce n’est qu’à l’humanité rédimée qu’échoit pleinement son passé. C’est-à-dire que pour elle seule son passé est devenu intégralement citable." (Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire, Œuvres T.III, Gallimard, coll. Folio, 2000)

Commissaires : Alessandra Mauro et Denis Curti

L’exposition est organisée par Constrato, dans le cadre du projet Science for Peace de la Fondation Umberto Veronesi.

Jane Evelyn Atwood : "Photographies 1976-2010"

© Jane Evelyn Atwood

Première grande rétrospective consacrée à la photographe américaine Jane Evelyn Atwood, l’exposition rend compte de trente-cinq ans de travail. Organisés autour de six séries majeures (les prostituées, les aveugles, les femmes en prison, Jean-Louis/Vivre et mourir du sida, les victimes de mines antipersonnel, Haïti) et d’une vingtaine de photographies inédites sur différents sujets, les quelques 200 tirages de l’exposition retracent le parcours d’une photographe sans concession, sensible aux destins de ceux que leur condition et les drames de la vie ont rejetés à la périphérie, loin des regards de la société.

ée à New York et vivant à Paris depuis 1971, Jane Evelyn Atwood fait l’acquisition de son premier appareil photo en 1975 et commence à photographier un groupe de prostituées à Paris. C’est en partie la force de ces images qui lui valut d’obtenir la première bourse de la Fondation W. Eugene Smith en 1980 pour un autre sujet qu’elle venait d’aborder : les enfants aveugles. Elle n’avait encore jamais publié de photo.

Au cours des années suivantes, Jane Evelyn Atwood réalise plusieurs séries choisies avec soin, parmi lesquelles un reportage de dix-huit mois sur un régiment de la Légion étrangère où elle suit les soldats de Beyrouth au Tchad ; une chronique de quatre mois et demi sur le premier malade du sida en France, qu’elle accompagne jusqu’à sa mort ; et une étude de quatre ans sur les victimes de mines antipersonnel qui la conduit du Cambodge en Angola, en passant par le Kosovo, le Mozambique et l’Afghanistan, toujours avec le même regard personnel et engagé.

En 1989, elle entreprend de photographier les femmes incarcérées et parvient à avoir accès à certains des pires centres pénitentiaires et prisons du monde, y compris aux quartiers des condamnées à mort. Ce travail monumental de dix années, portant sur quarante prisons dans neuf pays d’Europe et aux États-Unis, reste aujourd’hui un témoignage photographique déterminant sur le sort des femmes emprisonnées. Il a fait l’objet d’un livre publié en anglais et en français et continue d’être exposé dans le monde entier.

Les femmes sont à nouveau au cœur des préoccupations de la photographe dans un projet intitulé "À contre-coups", conçu et réalisé en collaboration avec Annette Lucas. Quinze portraits écrits et photographiques livrent le récit de violences faites aux femmes, refusant le misérabilisme, ces portraits témoignent avec force du courage et du sentiment de liberté que ces femmes ont su reconquérir.

En 2005, Jane Evelyn Atwood se rend à Haïti, sa vision rompt radicalement avec l’imagerie que l’actualité impose régulièrement pour évoquer ce pays. Fascinée par ses habitants, la photographe choisit d’utiliser la couleur, avec ses ombres et ses contrastes, pour témoigner de la dignité et des espoirs d’un peuple qui ne se résout pas à la fatalité.

L’œuvre de Jane Evelyn Atwood traduit une profonde intimité avec ses sujets, tissée au fil des années. Fascinée par les personnes hors normes et par la notion d’exclusion, elle pénètre des mondes que la plupart d’entre nous ignorent ou décident d’ignorer. Elle se consacre entièrement aux sujets qui la mobilisent, donnant à chacun le temps nécessaire - parfois plusieurs années - pour le sonder au-delà des apparences.

Si cette exploration, en profondeur, caractérise sa démarche photographique, elle a néanmoins couvert ponctuellement des événements de l’actualité, tels le tremblement de terre de Kobe en 1995, les attentats contre le World Trade Center du 11 septembre 2001 et la Convention démocrate de 2004.

Jane Evelyn Atwood qualifie sa méthode d’ "obsessionnelle". Elle ne passe à un autre sujet que lorsqu’elle a le sentiment d’avoir pleinement compris celui qui l’absorbait et sa relation personnelle avec lui, jusqu’à ce que ses images traduisent cette empathie.

L’exposition est organisée en partenariat avec Figaroscope, Trois couleurs et Radio Nova.

Maison Européenne de la Photographie

Entrée visiteurs : 5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris

Téléphone : 01 44 78 75 00

www.mep-fr.org

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