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PARIS : Brassens ou la liberté

Né en 1921, décédé en 1981, Georges Brassens est doublement fêté en 2011. La Cité de la musique lui rend un hommage tout particulier, visant, au-delà des images stéréotypées, à le faire découvrir sous un angle inédit, parfois surprenant.

Tout le monde connaît Georges Brassens, en France, mais aussi à travers le monde ; tout le monde a siffloté un jour ses chansons les plus célèbres, Le Gorille, Les Amoureux des bancs publics, Auprès de mon arbre et bien d’autres. Mais sous ces aspects aujourd’hui consensuels et fleurant bon la France d’antan, se cache un individu rare, hautement lettré, fin connaisseur des grandes figures de la poésie française, de François Villon à Baudelaire et jusqu’à son contemporain Paul Fort ; un grand timide mal à l’aise sur scène, mais aussi un formidable musicien pétri du swing et amoureux de Charles Trenet ; un anarchiste qui choisira une voie solitaire et individuelle plutôt que les combats collectifs, sans renier ses convictions, s’opposant à la guerre, à la morale bien-pensante ou à l’arbitraire de la justice ou de la police.

Brassens se lavant, impasse Florimont, 28 octobre 1953. Photo : Maurice Jarnoux/Paris Match/Scoop

Comment exposer Brassens ?

Comment évoquer une personnalité si populaire mais si volontairement peu spectaculaire ? Si prolixe et riche dans ses textes et si secret dans son mode de vie ? La Cité de la musique a voulu, au-delà des images stéréotypées, le faire découvrir sous un angle inédit et parfois surprenant. Elle a demandé au dessinateur et auteur Joann Sfar, ainsi qu’à la journaliste Clémentine Deroudille, de transmettre leur passion pour Brassens. Les commissaires proposent un parcours à la fois ludique et didactique, incitant à la déambulation au milieu d’une forêt d’arbres, où le public découvrira des documents inédits, manuscrits et carnets exceptionnellement confiés par la famille et les proches du chanteur, et également des archives audiovisuelles et radiophoniques, des photographies, des guitares...

La scénographie de cette première rétrospective consacrée à l’artiste a été confiée à des artistes-décorateurs de cinéma qui ont imaginé un écrin fait de matériaux bruts et de tulles tendus, créant plusieurs atmosphères. On découvrira un Brassens immortalisé par les photographes Robert Doisneau, Jean-Pierre Leloir et Pierre Cordier. Les dessins de Joann Sfar, répartis tout au long du parcours, sont à l’image de son univers : sagace, drôle, déroutant. Mis en scène par le graphiste Philippe Ravon, ils dialoguent avec les oeuvres ; illustratifs, monumentaux, ils éclairent à leur façon la vie de Brassens et racontent des histoires – celles qui ont émaillé la vie du chanteur comme celles que le dessinateur a imaginées pour le public. À travers cette exposition, le monde de Brassens rencontre la vision éclectique, fantaisiste et irrévérencieuse de Joann Sfar.

Le parcours musical de l’exposition offre au public le Brassens qu’il aime et d’autres pépites inédites. Il permet d’entendre des archives sonores méconnues réunies par Clémentine Deroudille, et un univers musical confié au musicien Olivier Daviaud, rassemblant de nombreuses chansons de l’artiste, mais aussi plusieurs textes inédits mis en musique pour l’exposition avec les participations de François Morel et Bertrand Belin.

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