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ST BRIEUC : rétrospective TROY HENRIKSEN « HOW IT WORKS »

A l’occasion de sa 27ème édition, le festival Art Rock présente les oeuvres de l’artiste Troy
Henriksen. Il s’agit de la première rétrospective en France du peintre américain. Dans un
espace dédié - une galerie de 1000m2 en plein coeur du festival - seront accrochées
cinquante oeuvres - tableaux, dessins, collages, altuglas - qui couvrent la période de 1998 à
2010. C’est la première fois que le festival Art Rock invite ainsi un artiste plasticien. C’est
aussi la première fois qu’un artiste (Troy Henriksen) signe la réalisation de l’affiche du
festival.
Cette rétrospective de Troy Henriksen est un événement unique : ces oeuvres n’ont jamais
pu être exposées ensemble puisqu’elles proviennent majoritairement de collections privées.
C’est donc un accrochage inédit ouvert au public jusqu’au 20 juin.
Cette exposition permettra au public de retrouver cet artiste, singulier et très apprécié, qui a
choisi la France comme pays d’adoption et Arthur Rimbaud comme idéal poétique.

De l’art en général, et de la peinture en particulier, il ne connaissait rien

Troy Henriksen descend d’une longue lignée de pêcheurs. Norvégiens.
Lui aussi, comme ses ancêtres, est parti en mer tout jeune. Il a connu la vie rude de la pêche
en haute mer, a vu d’impressionnantes vagues de quinze mètres, des cieux d’étoiles à
couper le souffle, et même quelques aurores boréales. Cette vie aurait presque pu lui
convenir : la fatigue, le froid, le danger, l’adrénaline et une certaine forme de solitude virile
étaient ses points de repère. Ses brefs retours sur terre ferme étaient un peu sa perdition :
les bars, les filles, l’alcool, les drogues…Troy s’enivrait et se perdait. Repartir en mer
devenait sa façon à lui d’entrer en « rehab ».
De l’art en général, et de la peinture en particulier, il ne connaissait rien. Sinon son goût
instinctif pour les couleurs et son besoin presque viscéral de dessiner : il ne savait même
pas qu’il aurait pu en faire un métier.

2010-Troy-Henriksen-Tell-me-who-do-you-love-venus-162x130cm

Sa vie de pêcheur se termine le jour où il retrouve un bidon de peinture jaune abandonné
dans un coin : le marin arrête de sillonner l’océan pour aller naviguer dans les villes et sur les
toiles.

Cela ne s’est pas fait en un jour : Troy avait trop de démons à exorciser et trop soif
d’apprendre avant de pouvoir entrer dans une galerie d’art et montrer son travail. Justement,
avant il lui fallait soigner ses addictions et déverser sur des toiles ce maelström d’émotions
accumulées pendant les premiers 28 ans de sa vie.

Quand - à la fin des années 80 dans son appartement de Boston - il commence à peindre et
à dessiner il ne sait pas que dans les grands galeries de New York a émergé une nouvelle
génération de peintres qui tourne le dos au minimalisme et à l’art conceptuel. L’art américain
est entré dans le Néo-Expressionisme, tandis qu’à Paris on parle de Figuration Libre. Mais
peu importent les étiquettes, Troy n’est pas en quête d’un courant, ni d’une filiation. Lui, il
cherche à restituer sur une toile sa vision poétique de la vie et du monde qui l’entoure.

New Man New Identity

Quand il arrive à Paris, en 1997, il rencontre Eric Landau, son futur galeriste et mentor.
Comme il l’a raconté dans son livre autobiographique « New Man New Identity » (Editions
Critères, 2009) Troy commence une nouvelle vie en France. Eric Landau le conseille et l’aide
à établir sa carrière artistique.

2001-Troy-Henriksen-213-Rescue-worker-130x195-cm-x2-MT

Au fil des ans, si Troy reste volontiers sur la terre ferme - et plus particulièrement le
périmètre vallonné de Montmartre - ses oeuvres naviguent aux quatre coins du monde, où
elles vont se placer sur les murs de grands collectionneurs, séduits par un travail
difficilement classable, mais facilement reconnaissable.
C’est là tout l’intérêt de l’oeuvre de Troy : le spectateur est obligé de regarder chaque tableau
de loin, puis de près, puis de regarder encore. Et découvrir ainsi un nouvel élément, une
nouvelle émotion à chaque regard.
De prime abord ce sont des toiles qui parlent à travers la couleur. Elles fascinent, elles
interpellent le spectateur. Elles nous renvoient à l’imaginaire de l’enfance quand le ciel
pouvait être rouge et les routes jaunes. Les immeubles pas tout à fait droits et les fraises
forcément géantes.

Troy peintre naïf ? Pas vraiment. Plutôt un peintre poète qui se permet
de jouer avec la grammaire des couleurs et des proportions. Puis viennent les mots, autre
élément clé de l’oeuvre de Troy, qui n’a jamais caché sa dyslexie. Parfois juste une courte
phrase, un jeu de mot. D’autres fois le texte occupe toute la toile, une écriture tâtonne, avec
des raturages, des inversions de lettres et des pensées drôles, lumineuses, joyeuses. Cette
écriture est un élément graphique, c’est une couleur mais aussi un message : la signature de
Troy.
Troy travaille à l’instinct et dans l’instant, en mélangeant sur la toile la rapidité du street-art
avec la tradition de la figuration libre. Dans sa vie de pêcheur la mer était son territoire et son
horizon. Dans sa nouvelle vie - et donc dans ses toiles - ce sont les skylines des villes à
définir son horizon très urbain.

2001-Troy-Henriksen-213-The-bicycle-89x130-cm-MT

Derrière sa poésie il y a toujours une réaction au monde qui l’entoure. Sensible à l’air du
temps mais aussi aux grands sujets de l’époque, Troy codifie son univers en y parsemant
des symboles : quand sur ses tableaux on voit apparaître des fleurs et des oiseaux, il nous
parle d’écologie ; quand dessine des usines posées sur du sable, il nous met en garde sur
l’imminence d’une crise financière.
Contrairement à d‘autres artistes - et c’est peut-être là un des points les plus fascinants -
l’oeuvre de Troy ne s’inscrit pas dans un parcours linéaire où l’on pourrait deviner quelles
sont les oeuvres de jeunesse et celles de la maturité. Son trait est toujours sûr, l’usage de la
couleur toujours maîtrisé, ses dessins toujours complexes. Il est un dessinateur hors pair, et
il l’a toujours été. On regarde donc « à » son oeuvre comme à une fenêtre sur le monde, on
pourrait dater ses tableaux en fonction des grands et petits événements qui marquent la
société : qu’il s’agisse du 11 septembre, de la crise financière, du réchauffement climatique
ou tout simplement de l’augmentation du prix des fruits et des légumes.
Comme nombre d’artistes contemporains, Troy est autoréférentiel dans son travail, sans
pour autant tomber dans un nombrilisme stérile. C’est juste son extrême sensibilité au
monde qui le pousse à réagir à toute nouvelle émotion ou découverte. Comme s’il tenait un
journal de bord et - quotidiennement - il y laissait des traces de son vécu.
C’est un journal qu’il remplit de façon presque compulsive : un jour c’est un simple dessin, le
lendemain un collage retravaillé, le jour d’après une grande toile peinte à l’acrylique qui
déborde de couleurs flamboyantes. A chaque jour, une nouvelle page. Si on les feuillette on
verra ses « autoportraits » : une reproduction de son visage ou de celui de Rimbaud dans
lequel Troy voit son propre visage ; des séries de coeurs, ses déclarations d’amour ; des
séries de villes, les jungles urbaines qui l’avaient tant fasciné et terrorisé quand il était plus
jeune.
Depuis quelques temps Troy aime travailler sur altuglas, une technique qui ne laisse aucune
marge à l’erreur. Il peint à l’inverse sur une surface en plexi et une fois de plus nous étonne
par la justesse du trait, l’à-propos des mots, la maîtrise des chromies. L’altuglas est un
support fragile et transparent, comme Troy. Fragile parce qu’il est sensible, transparent
parce qu’il ne peut pas cacher ses sentiments.

Transformer en couleur le gris de l’existence

Son galeriste et ami Eric Landau aime dire que « tout le potentiel de Troy est devant ». On
veut bien le croire : il n’y a que Troy pour transformer en couleur le gris de l’existence.
Bio.
Troy est né à New Bedford (Massachussetts). Dès l’adolescence il suit son père sur des
bateaux de pêche, une activité qu’il poursuivra jusqu’à l’âge de 28 ans. Il s’installe à Boston
et commence à peindre. Dès le début son travail est remarqué et sélectionné par le jury de la
Copley Society (la plus ancienne association de galeries des USA). Il commence à exposer
dans des cafés et des appartements et monte aussi son premier groupe de rock
expérimental. A cette époque il rencontre Helen Frankenthaler, la célèbre peintre tachiste de
l’Ecole de New York, qui l’encourage et le conseille. En 98 il achète un aller simple pour
Paris, où il s’installe. Il y mène une vie de bohème, en montrant ses tableaux dans les rues,
en dormant chez des amis et, parfois, chez des collectionneurs qui ont vu tout de suite son
potentiel et veulent l’aider. C’est à la galerie W que Troy trouve un nouvel ami et mentor en
Eric Landau et y monte sa première exposition en 99. Depuis il est artiste permanent de la
galerie, où il expose régulièrement ses nouvelles oeuvres. Fidèle à son amour pour le rock, il
a produit un disque et organisé une mémorable performance à la Galerie W lors d’une nuit
de pleine lune en juillet 2009. Récemment on a pu voir ses oeuvres dans les loges de
l’Olympia et dans le studio d’enregistrement d’Artur H. En octobre dernier, dans le cadre
d’une commande spéciale, Troy a réalisé une performance à la station de métro Saint
Augustin : pendant douze heures il a transformé toutes les affiches sur les quais en oeuvres
originales. La rétrospective d’envergure de Troy se poursuivra ailleurs après le 20 juin.

Troy Henriksen est représenté par la Galerie W à Paris.
Galerie W Eric Landau
[email protected]
www.galeriew.com
01 42 54 80 24
44 rue Lepic Paris 18

Cliquer et découvrez l’affiche du Festival Art Rock 2010

10h30 / 20h00 | 7/7 jours

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