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SERIGNAN : Spray, Hans Hartung

Chef de file de l’Abstraction lyrique, Hans Hartung est à la fois un artiste reconnu et mal connu. "Spray" propose un nouveau regard sur sa peinture.

Cette exposition rassemble des oeuvres de l’artiste, depuis les années soixante jusqu’à la fin de sa vie, sur lesquelles il procède par pulvérisations pour laisser apparaître des espaces picturaux totalement ouverts.

Le motif n’est plus centré, assujetti au cadre du tableau, traversant le champ pictural, se poursuivant à l’extérieur, évoquant un hors champ. Le signe s’estompe au profit de la tache et finit par disparaître totalement.

Jusqu’aux années cinquante, à la spontanéité apparente du geste s’oppose la méthode analytique, faite d’un long processus qui va du croquis à la mise au carreau. Hartung procède d’abord d’une manière très rationnelle, par étape, choisissant parmi des centaines de dessins, les meilleurs, ceux dignes d’être reportés puis agrandis.

Hans Hartung, Sans titre, 1989. Acrylique sur toile. 200 x 250 cm. Fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergman, Antibes, © ADAGP.

Après s’être exercé au geste spontané à partir de 1957 au pastel sur papier, il se libère directement sur la toile. Le changement de matière et l’expérimentation de nouveaux outils, amènent Hartung à se détacher peu à peu de cette entreprise assez fastidieuse et mécanique pour attaquer directement les toiles et les couleurs avec rapidité. La touche est fluide, la gamme chromatique aux contrastes prononcés se diversifie, les couleurs sont plus intenses, le fond et la forme ne font plus qu’un.

Du balai à la serpette

Hartung bricole des outils allant du balai à la serpette en passant par l’aspirateur et la sulfateuse à vigne pour travailler ses surfaces en transparence et superpositions. Il expérimente sans cesse de nouveaux instruments avec un désir permanent de recherche, de renouvellement et d’invention : "Il faut se laisser guider par le matériau quand il vous convient et surtout savoir le chercher avec insistance quand il vous devient nécessaire."

Cette expérimentation va atteindre son apogée dans les dernières années de sa vie qu’il passe dans sa maison à Antibes. Privé de mobilité physique des suites d’un accident vasculaire cérébral, il crée 650 oeuvres dont 360 la dernière année en 1989.

Hans Hartung, T1983-R27, 1983. Peinture acrylique sur toile. 114 X 300 cm. Fondation Hartung Bergman, et Anna-Eva Bergman, Antibes, © ADAGP.

Avec l’aide de ses assistants, il met au point de nouveaux systèmes permettant une rapidité d’intervention encore plus importante. Les surfaces sont vaporisées d’infimes gouttelettes grâce à un pistolet à air comprimé que le maître manipule assis.

Le plaisir de vivre se confond en moi avec le plaisir de peindre

Hartung peint parfois plusieurs oeuvres dans une même journée, dont ses plus grands formats. Sa liberté d’expression n’a jamais été aussi grande. Il écrit alors : "Le plaisir de vivre se confond en moi avec le plaisir de peindre. Lorsqu’on consacre toute sa vie à la peinture, que l’on cherche à aller toujours plus loin, il est impossible de s’arrêter ".

La spontanéité et l’impulsivité sont pleinement effectives dans ces toiles tardives alors que le maître octogénaire n’a plus rien à prouver. Via la technique du spray, l’exposition met l’accent sur la liberté dans la peinture atteinte par cette technique libératrice du geste et célèbre la légèreté et l’allégresse trop souvent ignorées dans l’oeuvre de Hartung.

La présentation est complétée par une biographie en images, pastels, estampes et photographies, présentés dans le cabinet d’arts graphiques.

En parallèle de l’exposition au Musée Régional d’Art Contemporain à Sérignan, une exposition est consacrée aux estampes de Hans Hartung à la Bibliothèque Nationale de France (du 12 octobre 2010 au 16 janvier 2011).

Exposition réalisée grâce à la collaboration de la Fondation Hartung–Bergman à Antibes.

Musée régional d’art contemporain
34410 Serignan

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