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LYON 1er arrt : Simon Boudvin, Éric Tabuchi... "La Diagonale du vide"

Formule bien connue, "la diagonale du vide" désigne une zone de faible densité qui traverse la France des Ardennes aux Landes. Cette expression s’est au cours du temps chargée de mythologie et de fantasmes sur la campagne et sa désertification. Qu’y-a-t-il au centre de la France ? Cette diagonale est-elle réellement vide ? Existe-til un paysage neutre ?

"La Diagonale du vide" est tout d’abord une exposition en rapport avec le cinéma d’Éric Rohmer. A la façon des moralistes du xviie siècle comme Labruyère ou La Rochefoucauld, ce cinéaste était un observateur très fin des moeurs de son époque et de ses pratiques de langages.

Andreas Dobler, The Crown of Creation, 2005. Dessin sur papier.
Courtesy La Salle de bain, © Andreas Dobler.

Mais du siècle Classique, il hérita aussi la sensibilité arcadienne de La fontaine, et l’oeil géométrique de Pascal et il filma inlassablement le paysage français, dans tous ses archétypes : Paris, la ville de province, les plages bretonnes très embourgeoisées, ou encore les villages déserts de la diagonale du vide.

Il évoquait ainsi la Drôme et la vallée du Rhône comme un lieu d’échanges et surtout comme un territoire ayant la forme d’un losange (et il s’agit aussi d’un jeu de mot sur le nom de la société de production fondée en 1962 avec Barbet Schroeder, les Films du Losange).

Par ailleurs, "la diagonale du vide" a longtemps servi à désigner une zone de faible densité qui traverse la France des Ardennes aux Landes. Elle fait résonner toute l’histoire du paysage français, celle de la centralisation extrême puis la décentralisation progressive et hésitante, et les incessantes rivalités entre Paris et le reste du territoire français.

Cette expression appartient d’abord au langage de l’action politique et administrative : le repeuplement de cette diagonale a longtemps passé pour une priorité dans le débat social.

On peut aussi l’entendre autrement. La diagonale est une forme de ligne, entre l’horizontal et le vertical. Kandinsky évoque ainsi dans Point, Ligne, Plan, sa grammaire des formes, l’effet sensible de la diagonale dans la composition picturale. Elle est plus ou moins chaude ou froide, selon son inclinaison. Quelle est alors la place de l’abstraction dans la pensée administrative d’un territoire ? Est-elle un outil politique au même titre que les statistiques ?

L’exposition rassemble des oeuvres qui ont été en grande partie produites pour l’exposition. Certains des artistes arpentent inlassablement cette diagonale (Éric Tabuchi, Justin Meekel). D’autres ont imaginé des pratiques rituelles pour ce territoire (Pierre Vadi, Andreas Dobler). D’autres enfin lui ont emprunté diverses formes abstraites (David Malek, Arnaud Vérin, Simon Boudvin). (Jill Gasparina et Caroline Soyez-Petithomme, commissaires de l’exposition)

La Salle de bain
27, rue Burdeau
69001 Lyon 1er
- Tel : 04 78 38 32 33
- Mail : [email protected]
- http://www.lasalledebains.net

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