DORDOGNE : Dietrich Klinge « PASSIONNEMENT EYRIGNAC »

CONCEPT

Comme fruit du temps que l’artiste dédie depuis longtemps à l’architecture jardinière – il cultive lui-même dans son lieu de naissance un jardin historique – l’installation des sculptures de Dietrich Klinge dans les Jardins du Manoir d’Eyrignac projette de positionner chaque bronze de telle manière que le placement des oeuvres appréhende le caractère individuel de l’architecture paysagère. Le résultat est une sorte de tour qui conduit le regard du visiteur de sculpture en sculpture.

Ainsi, non seulement les sculptures sont mises en rapport au plan de leur composition et de leur contenu mais la nature de l’environnement entre aussi en interaction avec les bronzes.

Le positionnement des sculptures s’oriente à des places caractéristiques de jardins historiques ; des bronzes de moyens formats sont situés par exemple dans des arcades ou ils couronnent des jeux d’eau ; plusieurs groupes de sculptures monumentales suivent dans leur mise en ordre les axes de vue du jardin. Le visiteur est interrogé de façon subtile en parcourant le jardin et reste en même temps contemplatif devant les œuvres individuelles.

Enchâssées dans l’environnement floral et architectural du jardin, les oeuvres entrent en dialogue captivant avec la nature : bien que les sculptures de Dietrich Klinge – du fait de leur veinure naturelle et leur structure de surface – semblent être composées de bois, un matériel organique, leur fonte en bronze les rend immarcescibles et ainsi elles ne sont pas soumises aux changements saisonniers.

Les figures assises, arrêtées, gisantes ou en train de marcher de Dietrich Klinge appréhendent dans la variété de leurs gestes et de leurs postures la diversité des formes végétales et florales du jardin ; de leur côté, les plantes et les arbres font penser par leur géométrie et leur structure exacte – formes caractéristiques des jardins « à la française » – à des sculptures. Par conséquent les oeuvres s’allient à la nature dans une harmonie visible qui est en même temps cassée par le contraste entre l’évanescence de la nature et la durabilité des bronzes.

Le positionnement prévu des sculptures de Dietrich Klinge dans l’espace unique du Château de Biron – selon le même état d’esprit qu’aux Jardins du Manoir d’Eyrignac – s’accorde avec le plan architectural de l’ensemble de bâtiments.

En référence à la structure de toute la surface du château, les oeuvres sont disposées de telle façon que le visiteur est guidé par l’interaction des sculptures de l’extérieur à l’intérieur, d’une salle à l’autre. Il peut suivre le développement des bronzes depuis une vision d’ensemble en allant jusqu’au détail et au fragment. Pendant que les sculptures positionnées dehors éblouissent surtout par leur monumentalité et leur puissante exubérance, le visiteur est invité par l’escalier d’entrée du château à découvrir des stèles gracieuses de moyen format.

Les salles des étages supérieurs constituent le haut de la tour où des bustes, des têtes et des mains reflètent par leur silence suggestif le caractère intime des pièces d’habitation.

Dans l’ambiance historique du Château de Biron, les sculptures figurées de Dietrich Klinge entrent en dialogue dynamique et immédiat avec le passé. Ce dialogue se manifeste particulièrement dans la chapelle : l’artiste a choisi pour cet espace sacré avec Gordian III une sculpture couchée qui se réfère aux tombeaux à gisant du 16ème siècle (« gisants » avec des portraits en marbre de morts couchés) de sorte que l’histoire et la représentativité humaine sont mises en rapport.

Alors qu’aux Jardins du Manoir d’Eyrignac la nature et la sculpture s’accordent de façon impressionnante, c’est au Château de Biron que le positionnement des oeuvres dans une sphère architecturale évoque une relation toute nouvelle entre le figuratif et l’espace. Devant cette coulisse extraordinaire du château qui est déjà marqué par six siècles d’histoire architecturale, les bronzes de Dietrich Klinge représentent un pôle centre opposé mais captivant et marquant de la modernité.

Célébré par la critique et avidement collectionné, Dietrich Klinge est un des sculpteurs contemporains les plus talentueux et originaux.

Son souhait de se concentrer sur la figure humaine avait été réfléchi avec circonspection et repose sur sa grande connaissance des maîtres et des œuvres historiques et contemporaines. Le développement de son propre style est bien pensé. Cette réflexion, liée à sa technique magistrale de sculpter, fascinent les collectionneurs institutionnels et privés dans le monde entier.

À première vue, les sculptures de Dietrich Klinge semblent être de bois mais en les touchant, l’observateur découvre leur matériau réel : le bronze.

L’artiste construit ses modèles en bois qu’il fond ensuite en bronze. Par cette technique unique les caractéristiques des deux matériaux sont unies : l’évanescence d’un matériel naturel comme le bois fond avec la durabilité du bronze.

Dans ses sculptures, Klinge garde toujours la balance entre la vie et la mort.

Ses œuvres reflètent par la suite un silence suggestif et touchent à la perfection. L’expressivité du bois est transférée à la durabilité précieuse du bronze et est encore forcée par la patine individuelle.

Dietrich Klinge combine dans ses travaux l’inspiration des anciennes cultures de l’Amérique du Sud et de l’Afrique avec des techniques modernes et sa perception contemporaine.

Les sculptures de Dietrich Klinge représentent le corps humain dans toute sa mobilité. Plusieurs de ses sculptures sont créées en pose debout, d’autres sont réalisées en tenue assise, couchée ou tordue. Les têtes avec leurs traits de masques couronnent des corps puissants qui reflètent l’exubérance et une force expressive malgré leurs proportions informes. Caractérisées par ces tenues presque filigranes et leur surface extraordinaire qui rappelle la structure du bois, les sculptures de Dietrich Klinge fascinent par un dynamisme singulier et novateur.