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« Azur piste » : Un sacré numéro !

Azur Piste est la seule école de cirque reconnue par l’Etat en région PACA. Et il s’en passe des choses sous son chapiteau dressé depuis 2004 dans un grand pré de la Roquette-sur-Siagne…

« Azur Piste est né en fait il y a 25 ans au moment où le monde circassien faisait son autocritique », explique Patrick Fodella, son fondateur, qui a vécu de l’intérieur cette révolution. « L’école Fratellini et Alexis Gruss au Carré Montfort furent les premiers en 1974 à oser dire aux grandes familles qu’on pouvait apprendre le métier sans être né dans la sciure. » L’étincelle avait mit le feu aux poudres et, au début des années 80, une nouvelle génération de circassiens suivis par d’autres acteurs issus de disciplines connexes décidèrent de créer leur propres écoles de cirque. C’est le cas de Patrick Fodella, ex gymnaste de l’équipe de France : « Venant du sport de haut niveau, j’avais mis en place en 1984 une activité acrobatie avec une école de danse à la MJC de Mougins. Après y avoir œuvré pendant deux ans aux côtés d’une école de cirque, j’ai décidé de franchir le pas ». Azur Piste voit le jour en 1986, posant les bases de l’apprentissage d’un autre cirque, plus axé sur des valeurs artistiques et sportives que « foraines ». « Nous avons vécu à cette époque une rupture avec les codes de cet art millénaire. D’abord par la remise en cause du lieu. Le cirque Plume refusait le cercle, la troupe Archaos investissait la rue. Et après avoir mis au placard Monsieur Loyal, les animaux disparurent du décor. Le divorce était consommé ! » L’autre étape marquante vit la restructuration de la profession. En 1985 naissait le Centre national des arts du Cirque, mettant un terme au règne absolu des grandes familles de chapiteau. « L’annonce fit l’effet d’une bombe dans le rang des tenants de la tradition ». Si l’accès à cette nouvelle école nationale fut facile les quatre premières années, on a dû rapidement refuser du monde. Pour répondre à cette demande, l’état dut déléguer à certaines écoles la préparation au diplôme national. Cinq furent labellisées en France dont « Azur Piste » sur la Côte d’Azur, les autres étant à Lille, Toulouse, Montpellier et Chambéry.

Du loisir à la formation

Patrick Fodella, Co-directeur d’Azur Piste- photo © jch dusanter

« Azur piste », pionnier du renouveau du spectacle vivant en région PACA, prit ses aises en quittant Mougins pour installer en 2004 ses chapiteaux à la Roquette-sur-Siagne où l’association dispense aujourd’hui son savoir-faire. Toutes les disciplines du cirque y sont enseignées à partir de 4 ans : l’acrobatie, l’aérien, l’équilibre, la jonglerie. « Le trapèze séduit surtout les filles, les garçons préférant l’acrobatie au sol, explique Patrick. Quant au clown, c’est une spécialité réservé au cursus professionnel. Il y a un trop gros travail à faire sur soi-même. » L’école de loisirs draine à elle seule 450 amateurs. 350 à la Roquette-sur-Siagne, une centaine entre Cannes (MJC Picaud) et Nice (Espace Magnan) où Azur Piste dispense ses cours en tant que prestataire de service. Côté formation professionnelle, deux filières sont disponibles. L’une destinée aux artistes circassiens, l’autre aux formateurs, soit deux promotions d’une douzaine de candidats par saison. Outre les cours, la formation comprend deux semaines de stage auprès de professionnels. « Notre rôle est aussi de mettre les élèves en contact avec des compagnies. Elles ne sont pas légion dans le département, le réseau du cirque se développant plus à l’ouest. » Si la Côte d’Azur n’offre que peu de débouchés dans le Cirque, certains élèves en formation se produisent dans les nombreux cabarets et casinos que compte la Riviera. « Le coût de la vie est plutôt un handicap pour ceux qui viennent chez nous en formation. En revanche, ils se rattrapent financièrement avec les nombreuses offres des salles de spectacles ou celles issues de l’évènementiel. » Ainsi le casting d’Azur Piste ressemble-t-il chaque année à un melting-pot. « Cette saison, des Français y côtoient un Anglais, une Suédoise et même un Chilien. En 20 ans, une quarantaine de professionnels du circuit sont passés par notre formation », tient à souligner Patrick.

Acrobaties aériennes ou au sol, les feux de la rampe ont pris un coup de jeune avec le renouveau du cirque

Un chapiteau multipistes

A côté de ses activités régulières, l’équipe d’ Azur Piste (25 salaries dont 20 enseignants) propose des stages pour les vacances scolaires. « En termes de loisirs, on touche près d’un millier de personnes par an. Il faut ajouter à cela les 500 ou 800 scolaires qui viennent chez nous ou que nous sensibilisons dans les écoles et lycées des Alpes Maritimes ». Azur Piste a ainsi engagé un travail plus spécifique avec les enfants du Val de Siagne, incluant un spectacle de fin d’année qui fédère 200 élèves comme avec le lycée Tocqueville de Grasse, une ville dont le théâtre est une scène conventionnée pour la danse et le cirque. Depuis deux ans, l’association délivre même une unité d’étude « spectacle vivant » dans la filière management du sport de l’UFR STAPS à l’université de Nice. Mais Azur Piste est également un lieu d’accueil pour les circassiens qui souhaitent répéter. « Nous fonctionnons comme une résidence d’artistes. En échange du lieu, les artistes invités dispensent des cours chez nous. En novembre, Yann Laforge, du Cirque Zanzibar, était à Piste d’Azur pour s’entraîner sur son mât chinois ». Et comme si cela ne suffisait pas, le chapiteau de près de 1000 m2 (14 m au faîte), reconfiguré avec ses gradins, peut recevoir 700 personnes. « Notre haute saison en termes de représentations publiques sont les fêtes de fin d’années et le printemps où nous présentons quelques spectacles d ‘écoles ainsi que nos propres créations avec la formation professionnelle. »
Un tel rayonnement sur les arts du cirque a fait de « Azur Piste » un partenaire du « Pôle Azur Provence ». Avec le soutien de la CASA, du Conseil Général et du Conseil Régional, « Azur Piste » est le passage obligé pour ces milliers de jeunes qui, chaque année, souhaitent pénétrer les coulisses du rêve ou participer activement à cet art vivant qui n’a de cesse de se réinventer depuis qu’il a brisé sa coquille.

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