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Fin de cet événement Novembre 2015 - Date du 26 novembre 2015 au 26 novembre 2015

Toute petite déjà...

Compagnie le sixièmétage

A voir absolument au Conservatoire National à Rayonnement Régional de Nice le 26 novembre prochain !

Ils ont une curiosité gourmande pour tous les genres : danse, théâtre, cirque, vidéo... Les deux co-directeurs de la Cie Le Sixièmétage, Jeff Bizieau, chorégraphe, et Pascal Renault, auteur et metteur en scène, s’associent dans l’imaginaire de leurs spectacles et c’est la place qu’ils attribuent tous deux au corps dans leur pratique qui les rapproche. Tout passe par leurs rêves et leur envie de voir surgir des images sur scène.

Extrait de la pièce © Nathalie Sternalski

Cette fois nous voilà conviés à un mariage, mais la mariée s’échappe dans ses souvenirs, ceux d’hier quand elle était petite et ceux de demain dans l’élasticité d’un temps qui s’étire en tout sens. D’abord vient une musique intense, puis des éclairages tamisés, enfin les interprètes apparaissent. La mariée dessine d’emblée la silhouette du spectacle : sa sensualité contraste avec un décor assez froid, dénué d’affect. Une vidéo projette les images d’une forêt dans laquelle la mariée s’enfonce, lieu de son inconscient. Figée comme une poupée dans une volumineuse robe en bois, elle veut fuir la situation où elle se trouve et s’évade dans son enfance.
En robes de petites filles modèles, deux danseuses l’entourent dans une chorégraphie évocatrice de son histoire. Elles sont de remarquables alter ego, à la fois doubles d’elle-même fuyant dans ses souvenirs, et copines d’adolescence, pimbêches jalouses, vipères médisantes, qui voudraient peut-être se marier alors qu’elle fuit le présent et hurle « Non ! » Pas question de la posséder, elle ne veut appartenir à personne. Dans une sorte de démarche analytique, elle s’interroge sur son identité, sur ses désirs profonds. Son va-et-vient entre passé et présent exprime son rejet du poids de la famille et son besoin de liberté et d’autonomie pour parvenir à une métamorphose et ainsi à l’apaisement et à la sérénité, enfin !

Extrait de la pièce © Nathalie Sternalski

Les danseuses (Audrey Vallarino et Charlène Parize) deviennent des personnages symboliques sans jamais prononcer une parole. Elles bougent sans ostentation dans une danse de l’abnégation, de l’abandon qui incite à partir vers un ailleurs. Leurs gestes expriment les paroles qu’énonce la comédienne. Guidée par sa lucidité et le regard qu’elle porte sur sa vie, la femme se transforme en rejetant le poids familial et se retrouve dénudée. L’émotion vient de ce corps abandonné dans sa nudité, seulement enveloppé d’une abondante chevelure rousse. Dans une ambiance incertaine, inquiétante, elle s’attache à exhumer de l’oubli son enfance de rivalité infantile et ses désillusions tous azimuts. Pour mieux le signifier, s’ajoute cette vidéo de forêt où l’on s’égare comme dans un conte de notre enfance, ainsi qu’une musique lancinante et angoissante qui sidère étrangement avec des sons de multiples densités, parmi lesquels des cloches, comme dans toute cérémonie nuptiale.
Avec une diction et des intonations parfaites pour ce récit fracturé, la comédienne Maud Narboni exprime idéalement le bric-à-brac de sa mémoire, mettant en valeur les mots de l’auteur. Pascal Renault s’exprime avec son ressenti dans ce texte à tiroirs déroutant, étrangement décalé. Il joue avec les mots d’une pensée insolite dont seul il a la clef. L’histoire n’est pas précisément énoncée, elle garde une part énigmatique. Quelle serait la place accordée à la réalité ? Quant à son imagination, elle se mêle à celle du spectateur qui s’invente aussi une histoire sur ce qui lui est présenté. On ne lui a pas pris la main pour le conduire sur un chemin balisé. Chacun peut avoir sa vision personnelle sur ce spectacle déjanté et poétique.
Monté, il y a quelques années, par la Cie Le Sixièmétage, « Klima » nous avait emballés, on ne s’est pas lassé du talent de ces deux artistes. Aujourd’hui, « Toute petite déjà... » renouvelle notre enthousiasme ! Ce spectacle plein de poésie et d’inventivité enchante le public en mêlant danse, théâtre et arts visuels dans une atmosphère étrange et magique.

Après un formidable accueil au Théâtre de Grasse le 6 novembre, cette création est à nouveau programmée au Conservatoire de Nice le 26 novembre.

Photo de Une : Extrait de la pièce "Toute petite déjà".

Pour plus d’infos : http://www.lesixiemetage.com/
http://www.crr-nice.org/

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