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Fin de cet événement Juin 2017 - Date du 8 novembre 2016 au 30 juin 2017

Saison 2016/2017 du TNN : reflet sensible du monde et de l’homme

« La France est le premier pays pour la culture. Et le théâtre est le plus humain des arts puisque des personnes viennent en écouter d’autres. C’est donc un lieu de rassemblement et d’échanges » déclare Irina Brook en annonçant début septembre la sélection des 40 spectacles du TNN de la saison 2016-2017. Affirmant que le théâtre est le reflet du monde et de l’homme, elle a concocté une programmation passionnante, à la fois pointue, engagée et en prise avec l’actualité : terrorisme, réchauffement climatique, malbouffe... Mais aussi un choix de grands classiques : Tolstoï, Dostoïevski, Dante, Molière, Cervantès, Voltaire, Euripide et, bien sûr Shakespeare pour l’habituel « Festival Shake Nice » proposant quelques-uns de ses chefs-d’oeuvre : « Le Conte d’hiver », « Timon d’Athènes », « Richard II »...

La saison commence en beauté puisque c’est la très belle Golshifteh Farahani qui ouvre le bal dans son interprétation d’« Anna Karénine » de Tolstoï, adapté et mis en scène par Gaëtan Vassart.

Magnifique Anna Karénine - Crédit Diego Governatori

En parallèle (dans la salle Michel Simon), Irina Brook a monté « Point d’interrogation », une oeuvre coup de poing de Stefano Massini qui pose des questions pertinentes sur le monde de demain. De Stefano Massini également « Je crois en un seul Dieu » où Rachida Brakni interprétera trois femmes aux destins contradictoires au cours d’un attentat terroriste. Du même auteur, décidément très apprécié au TNN, reprise de « Terre noire », déjà programmé l’an dernier, avec Hippolyte Girardot et Romane Bohringer. Celle-ci interprète aussi « Les événements » de David Gray qui tente de comprendre les actes terroristes et elle reprend « Lampedusa Beach », toujours de brûlante actualité. De la même dramaturge italienne, Lina Prosa, « Eclats d’ombre » sur une figure emblématique de femme engagée, Pinar Selek, exilée turque.

Plusieurs immenses comédiens - Charles Berling, Gad Elmaleh, Lambert Wilson, Jacques Weber...- se succéderont tout au long de l’année pour interpréter « Lapin blanc, lapin rouge » où l’Iranien Nassim Soleimanpour a choisi la dérision pour raconter sa perte de liberté de voyager.

Avec « L’envol des cigognes » et « Le dernier jour du jeune », Simon Abkarian présente les deux derniers volets de sa trilogie sur les femmes, incarnées, entre autres, par Ariane Ascaride et Judith Magre. Yasmina Reza a écrit et mis en scène « Bella figura », l’histoire de la faillite d’un couple qu’interprètent magistralement Emmanuelle Devos et Louis-Do de Lencquesang. Ayant volontiers recours au conte afin d’évoquer la société actuelle, Maelle Poesy, la jeune metteuse en scène qui monte, a choisi « Candide » de Voltaire pour parler d’une innocence décalée dans son rapport au réel.

Entouré de sa troupe de comédiens-musiciens-chanteurs, Jean Bellorini a créé « Karamazov », grande fresque lyrique d’après le roman de Dostoïevski, le colosse de la littérature russe. Dans un conte métaphysique, Renato Giuliani s’identifie à « Dante » pour une traversée de l’enfer vers le paradis. Autre habitué de la scène du TNN, Hovnatan Avédikian reprend « Esperanza » un drame engagé, mais drôle, sur des migrants embarquant à Lampedusa.

Pour un miracle de sagesse et de poésie, Peter Brook bouleverse avec son ultime création « Battlefield » d’après le Mahabahrata, épopée millénaire indienne adaptée par Jean-Claude Carrière.

Mêlant rêve et réalité, Irina Brook a métamorphosé le TNN en lieu de vie et de pensée en créant des passerelles avec les acteurs culturels locaux.

Par la Compagnie des Arts Légers, « Bulle, une odyssée », une création de Thierry Vincent sur le rapport des hommes à la nature. Adapté très librement par Félicien Chauveau pour le Collectif La Machine, « Don QuiXote, l’invincible » réunit Cervantès et Tex Avery, dans une mini-odyssée en compagnie d’hurluberlus irrésistibles. Dans « Don Juan ... et les clowns », la Compagnie Miranda imagine la rencontre inattendue entre le personnage mythique et la commedia dell’arte. Mis en scène par Pierre Blain , « Eat Parade » sur les produits culinaires traditionnels pour nous mettre en appétit et nous entraîner vers « Sacré, sucré, salé » où Stéphanie Schwartzbrod célèbre les religions à travers leurs diverses cuisines. Avec le sujet fort et dérangeant de l’eugénisme sous l’Allemagne nazie, Antonio Vigano met en scène « Les empreintes de l’âme » : un bouleversant moment de théâtre.

Un Don QuiXote surprenant ! Crédit Alchy

Dans une Amérique kitch, « Clytemnestr@pocalypse » où David Turkel se revendique - avec liberté et féroce humour noir - d’Euripide et d’Eschyle. Préparons-nous à rire aux larmes avec « Fugue », mis en scène de Samuel Achache, une mémorable exploration à la fois polaire et intérieure. Dans l’esprit d’une BD humoristique sur notre rapport à l’argent, qu’on soit avare ou prodigue, « Mon fric » de David Lescot. Le huis clos poétique d’un couple rêveur dans « La Soucoupe et le perroquet », écrit, mis en scène et interprété par Paul Pascot. Seule en scène, Noëlle Ginefri déclame un monologue émouvant sur la quête du père dans « Les murs murmurent ». A la fois théâtre, musique et danse, « Le voyage de Miriam Frisch » par Linda Blanchet sur l’arrivée dans un kibboutz d’une jeune fille allemande.

Encore de la musique avec un hommage à Duke Ellington par le Conservatoire National de Nice.

Dans « Elisse totale » les musiciens déjantés du quatuor Leonis s’en donnent à coeur joie. L’inoubliable « Hair », la dynamique comédie musicale de l’après-68, revient dans un concert théâtralisé.

La danse flirte avec le cirque dans « Pinocchio », d’après Carlo Collodi, un spectacle enchanté et enchanteur concocté par Thomas Bellorini. Hervé Koubi présente dans « Les Nuits barbares » une création autour de la culture méditerranéenne. Sur une musique électrisante, Eric Oberdorff crée « Monde imagination », une chorégraphie située dans l’univers carcéral.

De la danse avec "Les nuits barbares" de la Cie Hervé Koubi Crédit N-Sternalski

Dernier spectacle de la saison, mais non le moindre, « La grenouille avait raison » où James Thierrée nous envoûte avec son éblouissant talent habituel à l’imagination sans limites, faisant appel au mime, au cirque, à la danse, .... C’est magique !

Photo de Une (détail) Peter Brook nous offrira un magnifique "Battlefield" © S.Annand

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