Au départ, une image indélébile : celle d’une petite saltimbanque au visage de clown, mi-Harpo mi-Chalin… c’est Gelsomina, l’héroine mythique de La Strada !
Et puis, les mots : ceux de Fellini le magicien à propos de son film : « Comédien ambulant, c’est une vie de chien mais pleine de satisfaction et d’aventures ! » Et encore les sons : paroles, cris, chansons, musique recréés en post-synchro par celui, facétieux, qui aimait brouiller les pistes !
Cette juxtaposition décalée du son et de l’image provoque un foisonnement des sens et des émotions. Elle pousse à explorer et à créer, au-delà de la fable et du personnage, une écriture théâtrale dont chaque séquence est un indice, une clef. Incapable, disait-il, d’écrire une histoire d’amour qui finisse bien, Fellini nous transporte dans un univers cruel : souffrir pour se conquérir.
Fabuleux aussi : celle des deux de la route, celle des feux de la rampe, face au public, face à lui-même. Inspiré par le film, mais aussi par les écrits de Fellini et Giulietta Masina, ce spectacle est la tentative de suivre à la trace Gelsomina, Zampano, il Matto, de retrouver en quelques séquences ce qui chavire, ce qui transporte, ce qui fait vivre et qui fait mourir. Tour de piste, c’est le moment unique où l’acteur, comme le funambule, le clown ou l’acrobate s’offre au public, sans filet.
A travers une mise en scène minimaliste la réalisatrice, Marie- Jeanne Laurent, rend hommage à l’oeuvre de Federico Fellini, dans une pièce de théâtre à l’adaptation originale très libre.