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Fin de cet événement Février 2017 - Date du 8 février 2017 au 10 février 2017

"Don QuiXote, l’invincible" de Félicien Chauveau à retrouver au TNN !

Après le succès du « Procès », libre adaptation du livre de Kafka, le Collectif La Machine propose un spectacle plein de fantaisie pour petits et grands, « Don QuiXote, l’invincible » au TNN du 8 au 10 février.

Félicien Chauveau a librement – très librement ! - adapté au théâtre « Don Quichotte », le célèbre roman de 1200 pages de Cervantès.

Chapitre par chapitre, il s’est avant tout attaché à ce qui lui a semblé l’essentiel : les rebondissements pour retenir l’attention du public et l’évolution des personnages qui entourent le Chevalier à la triste mine (plutôt que « triste figure », il préfère « triste mine », avec le double sens en accord à la mine de crayon qui sert au chevalier errant pour écrire sa propre vie).

Auteur, metteur en scène, comédien, scénographe, Félicien Chauveau occupe tous les postes. Ici, il interprète le Grand Inquisiteur qui s’en prend à Don QuiXote, ce vieil hidalgo de la Mancha en perte d’identité qui s’approprie les aventures du personnage légendaire en vue de combattre le mal. Ses engagements illusoires, ses fausses promesses, le condamnent à une course infernale, au risque d’un chemin impossible à retrouver. Heureusement, il est accompagné de Sancho PanZa, son fidèle camarade de route remplaçant l’écuyer du livre de Cervantès. Ce qui n’empêche pas Félicien Chauveau d’égratigner les rapports hiérarchisés de maître à valet. Il modernise le livre de Cervantès avec de petits à-côtés associés à l’époque actuelle, telles quelques phrases sur le manque d’emploi, sur l’immigration et des petits coups de griffes au capitalisme, efficaces à toute époque... Don QuiXote, cet hurluberlu à la capacité d’émerveillement intacte, semble avoir une folie douce en se battant contre un géant (un comédien grandi par des échasses), représentation imaginaire des fameux moulins à vent.

Rebelle romantique, il traque les faux-semblants, montre les risques de la quête du fric. Pour guider son maître, Sancho Panza est aveugle afin de souligner sa candeur, sa naïveté même, à le suivre. Son désir d’émancipation conduira celui-ci à devenir Gouverneur, mais il aura vite la lucidité de trouver la tâche trop lourde pour un homme du peuple qui se doit d’avoir des pensées plus toniques. L’amitié durable des deux compères trimbale une vraie mélancolie et une symétrie idéologique sur la faillite des systèmes... C’est sur le rythme des cartoons que les scènes s’enchaînent à toute vitesse.

En mariant Tex Avery à Cervantès, la savoureuse et ébouriffante mise en scène dynamise le rocambolesque voyage des héros légendaires.

Ponctuée de répliques cocasses, la mini odyssée de ces losers fait basculer le récit vers une charge réjouissante, mais un peu potache. Le côté potache est, bien sûr, revendiqué, et si le public suit en cédant à cette verve hilarante, ça fonctionne ! « Don QuiXote, l’invincible » est un spectacle très travaillé et réussi. Par moments, on regrettera de décrocher de l’histoire, peut-être du fait de brouillages intentionnels. Mais c’est que le texte, très beau, est truffé de multiples trouvailles à l’humour souvent grinçant et de réflexions philosophiques qu’on aimerait avoir le temps de méditer.
Le cocktail se savoure grâce au talent des interprètes, anti-héros ridiculement touchants, avec un jeu qui oblige à se montrer distraits et inadaptés au monde difficile dans lequel ils évoluent. Ce monde qui est aussi le nôtre. Connaissant la distribution, Félicien Chauveau a pensé à ses comédiens au cours de l’écriture et aux mots adaptés à chaque bouche. Guillaume Geoffroy est le Chevalier à la triste mine qui mène la sarabande avec son délire de grandeur, Benjamin Migneco anime un irrésistible Sancho PanZa. La Duchesse, régentant son monde à la baguette et à coups d’oeillades assassines, est magistralement interprétée par Eva Rami, dont on découvre la solide formation théâtrale. La contrebasse de Merakhaazan souligne la formidable inventivité burlesque de ce voyage rocambolesque.

D’une blancheur immaculée, le décor de bric et de broc est vivifié de poétiques bulles de savons. Tout se déplace, s’utilise pour donner vie aux imbroglios du roman semé de catastrophes. Avec sa troupe électrisée, le Collectif La Machine nous offre un spectacle bouillonnant !

- Caroline Boudet-Lefort

Au TNN du 8 au 10, réserver encliquant ici

Artiste(s)

Félicien CHAUVEAU

Dramaturge nihiliste, maniaco-dépressif et obsédé sexuel de la première partie du XXIème siècle ! Metteur en scène, à Anthéa - Antipolis Théâtre d’antibes Metteur en scène, à La Machine Travaille au Théâtre National de Nice Travaille chez Collectif 8 A travaillé à Théâtre de la Manufacture Auparavant (...)

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