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Fin de cet événement Janvier 2016 - Date du 26 janvier 2016 au 27 janvier 2016

DON QUIXOTE, L’INVINCIBLE

Librement inspiré de Cervantès par Félicien Chauveau

Après le succès du « Procès », libre adaptation du livre de Kafka, Anthéa a fait commande au Collectif La Machine d’une création plutôt classique. Vraiment ?!! Ils avaient promis un « spectacle qui parle à tout le monde ». Promesse tenue ! Plein de fantaisie, « Don QuiXote, l’invincible » plait à tous, petits et grands !

Félicien Chauveau s’est collé, durant un mois jour et nuit, à sa libre – très libre ! – adaptation théâtrale de « Don Quichotte », le célèbre roman de 1200 pages de Cervantès. Chapitre par chapitre, il s’est avant tout attaché à ce qui lui a semblé l’essentiel : les rebondissements pour retenir l’attention du public et l’évolution des personnages qui entourent le Chevalier à la triste mine (plutôt que « triste figure », il préfère « triste mine », avec le double sens en accord à la mine de crayon qui sert au chevalier errant pour écrire sa propre vie).
Auteur, metteur en scène, comédien, scénographe, Félicien Chauveau occupe tous les postes. Ici, il interprète le Grand Inquisiteur qui s’en prend à Don QuiXote, ce vieil hidalgo de la Mancha en perte d’identité qui s’approprie les aventures du personnage légendaire en vue de combattre le mal. Ses engagements illusoires, ses fausses promesses, le condamnent à une course infernale, au risque d’un chemin impossible à retrouver. Heureusement, il est accompagné de Sancho PanZa, son fidèle camarade de route remplaçant l’écuyer du livre de Cervantès. Ce qui n’empêche pas Félicien Chauveau d’égratigner les rapports hiérarchisés de maître à valet. Il modernise le livre de Cervantès avec de petits à-côtés associés à l’époque actuelle, telles quelques phrases sur le manque d’emploi, sur l’immigration et des petits coups de griffes au capitalisme, efficaces à toute époque... Don QuiXote, cet hurluberlu à la capacité d’émerveillement intacte, semble avoir une folie douce en se battant contre un géant (un comédien grandi par des échasses), représentation imaginaire des fameux moulins à vent.
Rebelle romantique, il traque les faux-semblants, montre les risques de la quête du fric. Pour guider son maître, Sancho Panza est aveugle afin de souligner sa candeur, sa naïveté même, à le suivre. Son désir d’émancipation conduira celui-ci à devenir Gouverneur, mais il aura vite la lucidité de trouver la tâche trop lourde pour un homme du peuple qui se doit d’avoir des pensées plus toniques. L’amitié durable des deux compères trimbale une vraie mélancolie et une symétrie idéologique sur la faillite des systèmes... C’est sur le rythme des cartoons que les scènes s’enchaînent à toute vitesse.
En mariant Tex Avery à Cervantès, la savoureuse et ébouriffante mise en scène dynamise le rocambolesque voyage des héros légendaires. Ponctuée de répliques cocasses, la mini odyssée de ces losers fait basculer le récit vers une charge réjouissante, mais un peu potache. Le côté potache est, bien sûr, revendiqué, et si le public suit en cédant à cette verve hilarante, ça fonctionne ! « Don QuiXote, l’invisible » est un spectacle très travaillé et réussi. Par moments, on regrettera de décrocher de l’histoire, peut-être du fait de brouillages intentionnels. Mais c’est que le texte, très beau, est truffé de multiples trouvailles à l’humour souvent grinçant et de réflexions philosophiques qu’on aimerait avoir le temps de méditer.
Le cocktail se savoure grâce au talent des interprètes, anti-héros ridiculement touchants, avec un jeu qui oblige à se montrer distraits et inadaptés au monde difficile dans lequel ils évoluent. Ce monde qui est aussi le nôtre. Connaissant la distribution, Félicien Chauveau a pensé à ses comédiens au cours de l’écriture et aux mots adaptés à chaque bouche. Guillaume Geoffroy est le Chevalier à la triste mine qui mène la sarabande avec son délire de grandeur, Benjamin Migneco anime un irrésistible Sancho PanZa. La Duchesse, régentant son monde à la baguette et à coups d’oeillades assassines, est magistralement interprétée par Eva Rami, dont on découvre la solide formation théâtrale. La contrebasse de Merakhaazan souligne la formidable inventivité burlesque de ce voyage rocambolesque.
D’une blancheur immaculée, le décor de bric et de broc est vivifié de poétiques bulles de savons. Tout se déplace, s’utilise pour donner vie aux imbroglios du roman semé de catastrophes. Avec sa troupe électrisée, le Collectif La Machine nous offre un spectacle bouillonnant. !

vendredi 26 février 20h00 / samedi 27 février 20h00 - Espace Magnan, Salle Jean Vigo
Durée : 1h20 A voir en famille dès 8 ans
TARIFS : Plein : 15 € / Intermédiaire : 12 €/ Réduit : 10 €
TARIF SPECIAL : La carte adhérent donne droit au tarif réduit à 10 € pour tous les spectacles
Photo de une DR.

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