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Rayon Culture : Flou artistique

Notre belle et élégante Ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti a parlé. C’était samedi soir 27 avril très tard à 23h30 sur la 2 dans l’émission "On n’est pas couché" (ONPC) orchestré par le céleste et équilibriste Laurent Ruquier toujours sûr de son "bon" mot avec cet air de ne pas y toucher.

Dur, dur, dur, la Culture !!!

Elle était là, non pas en pâture mais en parure de ce que peut-être la culture au sein du gouvernement : un cache sexe où il n’y a rien à cacher. Elle était là plutôt sereine loin de vouloir en découdre avec les intermittents du spectacle ou de vouloir nous promettre des lunes. De toute façon, il n’y avait vraiment pas de quoi. Au rayon culture, les propositions de François Hollande sont quasi inexistantes. Pas le genre petits-fours (quoique !) et tournée des musées, le bonhomme. Il fait "comme çi", avec cet air imperturbable de petit sphinx tenant les rênes du pouvoir, "comme ci" aucun mécontentement ne pouvait le détourner de sa trajectoire dont la plupart, même au sein de sa majorité, demande à revoir la copie. Dans pareil cas, la culture reste le cadet de ses soucis. Néanmoins pour en assurer la devanture, quoi de mieux qu’Aurélie Filippetti, talentueuse romancière, cultivée et proche de la classe ouvrière de par sa fibre familiale avec un grand-père mineur, résistant sous l’Occupation et arrêté par la Gestapo avec ses deux frères. Episode qu’elle retrace à touches feutrées et émouvantes dans son premier roman "Les derniers jours de la classe ouvrière". Elle était donc là sur le plateau de ONPC face aux deux cerbères de maître Ruquier, Natacha Polony et Aymeric Caron, l’un aboyant plus que l’autre. Devinez lequel ?

Culture à la sauce Filippetti ? Pas pour maintenant.

Prêt à m’attendre à une boucherie façon tartare, je m’apprêtais à aiguiser couverts et canines mais voilà que notre charmante Aurélie toute en finesse explique comment en augmentant la redevance télé de 2€, une taxe impopulaire mais nécessaire selon elle, l’Etat a pu récupérer 50 M€ ; comment mettre encore les contribuables à contribution muni d’un ordinateur vu qu’aujourd’hui il est possible d’y regarder ses émissions préférées ; comment en écartant voire en annulant quasiment tous les projets du gouvernement précédent ou en diminuant les budgets des grandes institutions culturelles, il est possible à ce jour de s’atteler plus sereinement à l’éducation artistique (en sachant madame Filippetti que le nombre d’artistes a augmenté de façon vertigineuse depuis trente ans et que les galeries ne cessent de disparaître une à une pour être remplacées par des brocantes ou des magasins d’antiquités). Alors oui ! Lorsqu’Aymeric Caron lui demande d’un ton plutôt badin presque énamouré – À quoi servez-vous madame la Ministre ? – avec ce sous-entendu que la mission Lescure (mission de concertation sur les contenus numériques et la politique culturelle à l’ère numérique), dont elle est tout de même l’initiatrice, l’a reléguée sur le banc de touche, elle lui répond, pas démontée le moins du monde, - À donner plus de place à l’éducation artistique dans les écoles, à développer les centres d’art et les résidences d’artistes… – Bref bla bla bla rien de nouveau au perchoir. Toujours le même flou artistique depuis plus de 20 ans. La culture, c’est un peu la patate chaude que l’on se refile entre gouvernements sans savoir quoi en faire. Parfois il arrive qu’un Malraux ou un Lang lui donne tout son sel. Mais voilà…Est-ce que notre radieuse et lumineuse Aurélie saura nous concocter sa propre sauce et lui donner toute sa saveur. Elle a encore quatre ans pour nous trouver les bons ingrédients.

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