D’après le roman de Jeroen Brouwers traduit du néerlandais par Patrick Grilli • Adaptation Guy Cassiers, Dirk Roofthooft & Corien Baart • Mise en scène Guy Cassiers Avec Dirk Roofthooft • Dramaturgie Corien Baart, Erwin Jans • Décor, vidéo et lumière PeterMissotten (De Filmfabriek) • Décor sonore Diederik de Cock • Réalisation vidéo Arjen Klerkx • Costumes Katelijne Damen • Production Toneelhuis - ro theater • Texte paru aux Editions Gallimard - Prix Fémina étranger 1995.
L’HISTOIRE
>>> Rouge décanté est une élégie pour la mère morte et une évocation des camps de concentration japonais de la Seconde Guerre mondiale. En effet, en 1943, Jeroen Brouwers, qui avait trois ans à l’époque, fut interné avec sa soeur, sa mère et sa grand-mère au camp pour femmes Tjideng, dans l’actuelle Jakarta.
L’auteur relate comment, lors du séjour dans le camp, ses rapports avec sa mère furent irrémédiablement brisés pour le reste de sa vie, et comment chacune de ses relations amoureuses succomba sous ce fardeau.
CE QU’ILS EN DISENT
>>> Dans Rouge décanté, je modèle le monde intérieur d’un écrivain tourmenté, traumatisé par son expérience dans un camp d’internement japonais où, enfant, il a été emprisonné avec sa mère. L’écrivain fait ses adieux à sa mère. Le décor consiste en une chambre obscure, baignant dans une lumière rouge, où sont projetées des images du passé. Les images émergent donc de l’obscurité. Dans le roman, l’homme se regarde et son reflet le regarde à son tour. Le résultat de cette auto-analyse impitoyable est l’autoportrait d’une personne qui s’effondre.
> Guy Cassiers
CE QU’ILS EN PENSENT
>>> Guy Cassiers inscrit ce texte majeur dans un dispositif qui permet de pénétrer dans ce récit comme au cœur des ténèbres d’un homme cassé par l’expérience du camp. L’utilisation de la vidéo permet à toute la scène de devenir comme un prolongement de l’intériorité de cet homme, intériorité
brouillée, floue, décomposée, peu à peu envahie par ce “rouge décanté”, voile de sang remonté à la surface, une fois enlevée la carapace d’insensibilité. Dirk Roofthooft donne une véritable épaisseur humaine à cet homme pour lequel le camp est comme une matrice dont on ne peut sortir. C’est fort, très fort.
> Fabienne Darge, Le Monde
Sans hurlement ni kalachnikov, ils donnent à ressentir la destruction d’une vie par la voix d’un acteur seul en scène. Immense Dirk Roofthooft à la présence profondément ancrée, calme et captivante, et qui simplement raconte, prenant le temps de déposer ses mots lestés de fatigue.
> Maïa Bouteillet, Libération
Le théâtre peut parfois être hallucinant. Un rêve qui vous arrache de votre fauteuil au théâtre. C’est rare,mais Guy
Cassiers et Dirk Roofthooft y sont arrivés dans Rouge décanté. [...] Roofthooft est un comédien phénoménal.
> De Volkskrant
Guy Cassiers nous démontre, mieux que jamais, combien le théâtre peut aller jusqu’au fond des choses. [...]
Le talent de Roofthooft n’a pas son pareil. Sa façon de laisser les phrases s’évaporer comme autant de feuilles emportées par le vent, ou de laisser les mots murmurés suspendus dans l’air – c’est de la maestria
pure et simple. > Rotterdams dagblad