Durant deux heures, ce génial acteur fait revivre cet immense poète avec une grande humanité, en ayant sélectionné des textes écrits durant son exil à Jersey et à Guernesey : il y parle de la mort de sa fille Léopoldine, noyée accidentellement alors qu’elle venait d’avoir 19 ans. Cet homme, couvert de tous les honneurs de la littérature française, est alors effondré. Il ne se remettra jamais du deuil de cette fille, objet de tout son amour.
Avec sa passion bien connue pour la littérature, Luchini transmet, avec ferveur et enthousiasme, les textes et les poèmes qu’il a sélectionnés (jusqu’à « Booz endormi » que nous avons tous appris scolairement). Le public suit ses mots avec une grande attention. Il évoque les séances de spiritisme auxquelles Victor Hugo aurait participé en faisant tourner les tables, pouvant, paraît-il, ainsi communiquer avec Molière et bien d’autres écrivains célèbres !
À travers ces textes choisis par Lucchini, tous les spectateurs ressentent la passion et la reconnaissance que le comédien porte à cet auteur très fécond dont le rythme des textes est toujours impeccable et enthousiasmant !
Le comédien fait parfaitement passer le plaisir qu’il a à les dire en les savourant ! Il met ainsi en valeur toute la qualité d’écriture de cet immense auteur et trouve avec exactitude le rythme le plus adéquat, sans fioriture et sans lyrisme.
Seul sur la scène, Luchini occupe cependant tout l’espace, non pas qu’il se déplace beaucoup, mais sa présence est si forte, si intense que toute l’immense scène d’Anthéa vibre. Le spectacle est ainsi apprécié par tous les publics : les jeunes ou les plus âgés y prennent le même plaisir.
À la fin – mais y a-t-il une fin ? – les applaudissements fusent sans pouvoir s’arrêter car chacun est conquis autant par le talent du comédien que par le choix des textes sélectionnés qui mettent ainsi en valeur les immenses qualités de cet écrivain.
Un spectacle exceptionnel ! Vraiment !
Caroline Boudet-Lefort