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A la découverte !

La rédaction vous propose une plongée à la découverte des musées de Lille et de la Belgique ! Le photographe Frédéric Altmann sera votre guide, laissez vous dépayser !

Décembre 2013, embarquement à l’aéroport de Nice à 18h30 pour Lille...

1h40 plus tard, atterrissage en douceur à Lille-Lesquin. Patrick Seghi, journaliste à La Voix du Nord et passionné d’art, m’attend afin de me faire découvrir quelques joyaux culturels de cette région qui a été "Capitale Culturelle de l’Europe", en 2004.

Première étape à l’aube, la découverte du Palais des Beaux-arts de Lille, immense et magnifique bâtisse, située à quelques pas du superbe théâtre de la place Sébastopol, vieux souvenirs pour moi, ce fut mon lieu de naissance, sous les bombardements pendant la dernière guerre...

Palais des Beaux-Arts de Lille © Frédéric Altmann

Le Palais des Beaux Arts est l’un des plus grands musées de France après le Louvre. En franchissant la porte, nous sommes accueillis dans une immense salle avec sur ses cimaises une spectaculaire exposition temporaire de Jan Fabre, un "Hommage à Jérôme Bosch au Congo" et "Scarabée sacré, Crânes et Croix", des millions d’insectes habitent ses œuvres pour l’éternité ! Les collections permanentes sont extraordinaires : de Goya à Breughel et Jérôme Bosch, et plus près de nous Constantin Brancusi et Alberto Giacometti, Jean-Michel Atlan... Un parcours d’une rare intensité... Je suis tombé en arrêt devant une toile de van Gogh," un troupeau de vaches". La visite fut attrayante grâce aussi à Benoît Cellier, 48 ans, qui arpente les allées du musée. Ce n’est pas un simple gardien, il commente chaque œuvre avec passion et discrètement, il me dit : « Je sens qui a envie de poser des questions, je ne m’impose pas ! » Dans mes nombreuses visites de musées, je n’ai jamais croisé un gardien de musée aussi passionné par l’art !

En sortant du musée, Patrick me proposa de rendre visite à Notre-Dame de la Treille, récemment rénové, et ma surprise fut grande de découvrir des vitraux réalisés par mon ami le peintre Ladislas Kijno (1921-2012). Il a souvent exposé à la galerie Sapone à Nice et fut le cofondateur de l’Ecole d’Antibes avec Pierre Faniest. C’était un artiste généreux et d’une discrétion rare !

Suite à cette visite, Patrick me proposa de découvrir "La Piscine" à Roubaix ? J’ai été rassuré, car cette piscine construite en 1932 était à l’époque "La plus belle piscine de France". Elle a été transformée en musée en octobre 2001. Des collections surprenantes : Camille Claudel, Ingres, Tamara de Lempicka, van Dongen, Vuillard, Eugène Leroy, Gromaire, Foujita, Rodin, etc… Et pour les amateurs de céramique : Picasso, Chagall... Le tout installé dans un cadre de rêve Arts déco.

Après cette étonnante découverte, direction Villeneuve d’Ascq à la découverte du Musée d’Art Moderne et d’Art Brut, inauguré en 1983.

Le premier Conservateur de ce sublime musée, Pierre Chaigneau, bien connu à Nice, fut aussi le premier Conservateur du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice. Sa tâche ne fut pas facile. Il a été un ardent défenseur des artistes de l’Ecole de Nice. J’en veux pour preuve l’exposition itinérante de l’Ecole de Nice aux Etats-Unis... A l’époque, j’étais un de ses collaborateurs au M.A.M.A.C, et ma propre documentation sur l’Ecole de Nice aida grandement à la rédaction du catalogue. Pierre Chaigneau, disparu il y a quelques années, restera ancré profondément dans ma mémoire...ainsi que Jacqueline Péglion, documentaliste au M.A.M.A.C... Ceci dit, le musée de Villeneuve d’Ascq a été réalisé grâce à la donation Masurel, industriel du nord et collectionneur averti.Un département Art Brut a été mis en place, il y a quelques années... Le seul en France ! Le premier Musée d’Art Brut a été mis en place en 1973 à Lausanne, grâce à la donation du peintre Jean Dubuffet. Le premier conservateur, Michel Thévoz, en très peu de temps, en fit un monument consacré aux "Marginaux" de l’art, la France ayant refusé la donation de Jean Dubuffet...

Après ma visite à Lille et sa région, direction la Belgique et plus particulièrement la région minière du Borinage, où la belle ville de Mons a été choisie pour être "La Capitale Culturelle de l’Europe" en 2015.

Mons est à 80 kilomètres de Lille. J’ai pris le train, avec un accueil chaleureux de mon beau-frère Jean-Marie Mahieu, artiste et enseignant, qui vit à Frameries-La Bouverie.

Jean-Marie Mahieu © Frédéric Altmann

Je connais bien le Borinage, car depuis plus de trente ans, je passe les fêtes de fin d’année dans ma belle famille à Mons. Je parcours les sites miniers à l’abandon, avec mon modeste 24 X 36, après la fermeture des charbonnages dans les années soixante, le paysage est fantomatique...Cette région est émouvante par les errants de la mine, Les mineurs sont venus d’horizons différents : Yougoslavie, Italie, Pologne, Maroc, France, y compris mes beaux parents au lendemain de la guerre... Un journaliste m’a baptisé "L’archéologue photographique du Borinage". La belle chanson de Pierre Bachelet" Au Nord, c’étaient les corons", illustre bien la nostalgie des mineurs. J’ai découvert que le génial van Gogh avait été "Evangéliste" dans le Borinage parmi les mineurs de Cuesmes et Wasmes, près des châssis à molette de la région de Mons. La vie de van Gogh dans le Borinage est des plus émouvantes... Il s’envola après quelques mois dans cette grisaille à la recherche du soleil. Le sud de la France fut pour lui, une pause provisoire...!

La maison van Gogh à Cuesmes © Frédéric Altmann

En 2015, le Musée des Beaux-Arts (B.A.M) de Mons, situé près de la grande place de Mons, mettra en évidence, le cheminement de van Gogh en Europe, sur le thème de "van Gogh au Borinage (1878-1880), la naissance d’un artiste " de février à mai, un événement exceptionnel, car les œuvres de Van Gogh, sont dispersées de par le monde. J’ai découvert, lors de mon séjour au B.A.M , une exposition consacrée à Andy Warhol, d’une rare ampleur ! Le cofondateur du Pop’Art à écrit "A la fin de mes jours, lorsque je mourrai, je ne veux pas laisser de déchets et je ne veux pas être un déchet." Merci pour les beaux déchets... Cher Andy ! Que j’ai rencontré chez Arman à New York, dans les années 80.

Mons a joué aussi un rôle important dans des disciplines différentes, la musique avec Rolland de Lassus, les écrivains : Charles Plisnier, Marcel Lefrancq, Fernand Dumont, Henri Michaux et l’internement de Verlaine à la prison de Mons de 1873 à 1875. A découvrir aussi : "Les Abattoirs", immense lieu d’exposition, "La Machine à Eau", le Théâtre Royal, La Collégiale, La Ducasse... Salvatore Adamo, c’est aussi un enfant italien du Borinage, il vit à Jemappes-Mons, tout comme Elio Di Rupo, maire de Mons et Premier Ministre de Belgique....Une belle trajectoire pour ce fils de mineur italien ! La ville de Mons mérite amplement d’être pendant un an, "La capitale Culturelle de l’Europe".

Une autre visite très importante pour l’art, La Louvière, petite ville minière afin de rendre visite à Balthazar, co-fondateur avec Pol Bury, du Daily-Bul, célèbre maison du Surréalisme et des avant-gardes des années 50 et 60.

Pol Bury, publia en 1959, le premier texte théorique du niçois Yves Klein "Le dépassement de la problématique de l’art". La "Première exposition internationale du Surréalisme" a eu lieu en 1935, dans cette ville. A découvrir dans la foulée : "Le Centre de la Gravure et de l’Image" dans les collections des artistes de l’Ecole de Nice : Marcel Alocco, Arman, Ben, Max Charvolen, Noël Dolla, Martial Raysse, Ernest Pignon Ernest, Claude Viallat. La Belgique a toujours été favorable à l’Ecole de Nice : Arman, Yves Klein et Martial Raysse ont exposé au Palais des Beaux-arts de Bruxelles dans les années 60... Et Guy Pieters, à Knokke-le-Zoute, a souvent mis en évidence des artistes de l’Ecole de Nice... Qui dit mieux ?

De La Louvière à Charleroi, une trentaine de kilomètres en voiture. J’ai hâte de découvrir "Le plus grand musée de la photographie en Europe".

Musée de la Photographie de Charleroi © Frédéric Altmann

Charleroi est une grande ville industrielle, elle est en pleine restructuration architecturale, la circulation automobile n’est pas facile ! Mais le stationnement est simple aux abords du musée, qui est un ancien carmel néogothique rénové. Il a été agrandi en 2008, d’une aile contemporaine. Il est aujourd’hui devenu le plus vaste musée de la photographie d’Europe, présentant plus de 2000 m2 d’expositions. Les collections sont riches de 80.000 tirages et 3 millions de négatifs, l’histoire de la photo, des origines à nos jours, sur le plan international. Le musée a été fondé par un photographe, Georges Vercheval en 1987. Ce fut un travail de titan de mettre en route cette passionnante aventure... Je suis reconnaissant à Vercheval, car lors d’un séjour à Nice, il a découvert mon fond photographique et, sans aucune hésitation, il m’invita à "La Première Triennale de la Photographie de Charleroi" en compagnie du photographe André Villers, fondateur du Musée de la Photographie de Mougins.

Georges Vercheval et André Villers © Frédéric Altmann

C’était ma première participation dans un musée de la photo, un bel envol ! Et en plus c’était la première fois que mes amis de l’Ecole de Nice étaient mis en évidence sur les cimaises par mes soins, avant le Japon, La Corée du Sud... Georges Vercheval a pris sa retraite en 2000. Le relais a été pris par Xavier Canonne. Il est docteur en histoire de l’art de la Sorbonne (Paris 1), il a connu et fréquenté les Surréalistes belges dont certains furent ses intimes. Il a consacré différents ouvrages et articles à Armand Simon, Marcel Mariën, Louis Scutenaire, Max Servais, Tom Gutt....En 2002, Xavier Canonne a publié un ouvrage historique sur "Le Surréalisme en Belgique" (1924-2000) aux Editions du Fonds Mercator. C’est un ouvrage indispensable pour les amateurs de Surréalisme. Après la visite du musée, Xavier Canonne nous a invités à la cafétéria du musée qui débouche sur un parc exceptionnel ...même en hiver ! Xavier Canonne, est un homme exceptionnel, beaucoup d’humour et d’une grande simplicité. Je conserve des images étonnantes de ce musée, la rigueur dans l’accrochage aéré, une photo de Francis Bacon, par Marc Triver, les charbonnages à Marcinelle, les photos émouvantes de Georges Vercheval… Et un contraste ; une photo d’André Villers avec deux enfants déambulant dans les rues de Vallauris en 1954.Et combien d’autres photos argentiques d’un passé révolu... Le catalogue du musée est superbe : "Images d’une collection" La plus belle au monde !
Merci Xavier pour ton accueil, inoubliable...
Merci aussi à Patrick Seghi, Jean-Marie Mahieu, La famille Oscari

Photo de Une : La piscine de Tourcoing © Frédéric Altmann

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