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Werther, Opéra de Jules Massenet d’après « Les Souffrances du jeune Werther » de Goethe

La Culture revient à pas de loup ! Après de longs mois de fermeture, l’Opéra de Nice ouvre à nouveau ses portes pour accueillir le public avec « Werther » un drame lyrique de Massenet d’après Goethe.

Devant le rideau, un vagabond avec un balluchon sur le dos se faufile à travers une fente dans un drap blanc sur lequel est projeté un magnifique tableau romantique de paysage désolé sous un ciel nuageux, tandis que dans un angle « Werther » s’inscrit en rouge.

Le rideau se lève sur un lumineux décor bucolique avec des bosquets de fleurs et des plants de tomates. Ensuite viendront les vendanges et des amas de feuilles mortes pour signifier les saisons et le temps qui passe.
Dans ce cadre très rural, un choeur d’enfants chante autour de Charlotte et de son père, jusqu’à l’arrivée du vagabond qui n’est autre que Werther revenant après un long périple.

Le livret du drame lyrique en 4 actes de Jules Massenet a été inspiré par le célèbre roman épistolaire de Goethe « Les Souffrances du jeune Werther » dont l’ardent romantisme s’accordait à la sensibilité de Massenet.

Le héros tourmenté est mal dans sa peau, en décalage avec la société de son époque. Il va chercher dans la mort la solution à son amour impossible pour Charlotte.

Cette oeuvre majeure donna, dès sa parution, la gloire à Goethe et provoqua une vague de suicides en Allemagne, tandis qu’il a aussi lancé le romantisme en France avec Alfred de Musset, Victor Hugo, Alfred de Vigny...

Au souvenir de la lecture de Goethe, on imaginait davantage Werther en dandy et il semble étonnant de choisir le parti pris de décors et de costumes tout aussi assortis à cette vie rustique, signés Sandra Pocceschi et Giacomo Strada. Mais pourquoi pas ...

L’action est très familiale, avec un père veuf qui élève ses deux filles entourées de nombreux enfants dont Charlotte s’occupe constamment. C’est un opéra intimiste, il n’y a pas de choeur, mais seulement un choeur d’enfants qui répètent, dès l’été, des chants de Noël qui donnent une atmosphère religieuse accentuée par une morale rigoureuse. Charlotte aime Werther, mais refuse de reconnaître cet amour pour avoir promis à sa mère, avant qu’elle ne meurt, d’épouser Albert jugé comme un parti raisonnable.

Au premier décor campagnard pour la rencontre coup de foudre entre Charlotte et Werther, s’oppose le second décor très sombre, mais très beau, dans un cadre indéfini - une forêt ? un hangar ? – où Werther va mourir, après avoir serré contre lui un rocher comme s’il était Charlotte.

Entre temps Charlotte et Werther ont dansé les yeux dans les yeux sous un ciel étoilé, en oubliant tout ce qui les entoure soumis à la magie de la découverte de leur amour jusqu’à ce que l’annonce du retour d’Albert, après six mois d’absence, vienne briser l’enchantement.

L’interprétation est exceptionnelle avec une belle distribution vocale jeune et virtuose.

Le triomphe de la morale est adouci par la volupté du chant (masculine comme féminine) que ce soit Werther qu’interprète le ténor Thomas Bettinger, - on le suppose déjà promis à une grande carrière -, ou Albert que chante magistralement le baryton Jean-Luc Ballestra, «  un enfant du pays », puisqu’il est né à Nice et a souvent été programmé à cet Opéra. Tous deux ont chanté magnifiquement leur unique duo. Sophie est interprétée par la soprano Jeanne Gerard, révélation comme artiste lyrique aux dernières Victoires de la Musique. Enfin, dans le rôle de Charlotte, la Mezzo soprano Anaïk Morel avait une voix chaude et ample qui s’accordait fort bien en duo à celle de Werther.

Donc, un plateau vocal d’une grande homogénéité, sous la direction musicale de Jacques Lacombe venu du Québec pour avoir interprété de multiples fois cette oeuvre de Massenet.

Caroline Boudet-Lefort

Informations pratiques

Représentations :
2 juin 2021 à 18:00
4 juin 2021 à 18:00
6 juin 2021 à 15:00
Durée 2h15 env.
Réservations par ici

Visuel de Une DR Opéra de Nice Werther

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