L’histoire est transposée en Italie pour ce drame tragique, mais également romantique, où la domination des hommes sur la femme est responsable de trahison, de mort et surtout de folie.
Lucia ( Katryn Lewek) est une jeune fille opprimée par le pouvoir masculin : son frère Enrico (Vladimir Stoyanov) la considère comme monnaie d’échanges, alors qu’il est préoccupé par des difficultés politiques et financières. Pour se renflouer, il veut marier Lucia au puissant Arturo (Maurizio,Pace), alors que celle-ci est secrètement amoureuse d’Edgardo (Oreste Cosimo) qu’elle voit en cachette et auquel elle a juré fidélité (très beau duo enflammé entre Katryn Lewek et Oreste Cosimo). Cependant, Lucia devra se résigner au mariage imposé par son frère, ce qui la rendra folle.
Pour parvenir à ses fins, lui et leur père (Philippe Kahn) n’ont pas hésité à donner des arguments de l’ordre du chantage : « Cède ou ta mère, dans sa tombe, te maudira ! » ou « Ce sacrifice sera écrit dans le ciel ! » Aussi consentira-t-elle, contre son gré et, dès lors, elle semblera entre la vie et la mort.
Dans sa robe blanche de mariée au milieu d’hommes tout en noir, elle paraît en décalage comme pour marquer son impossibilité d’un monde et d’une réalité qu’elle refuse mais qu’elle est obligée de subir.
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Ecartelée entre l’obéissance à sa famille et son serment amoureux, elle ne peut fuir que dans la folie.
La merveilleuse soprano Katryn Lewek fait preuve d’une finesse d’interprétation en se montrant très juvénile pour correspondre au mieux à la jeune Lucia di Lammermoor. Evidemment, c’est avant tout sa voix qu’on admire, avec sa souplesse du phrasé, sa tessiture élargie, et son timbre opulent et capiteux qui a enthousiasmé le public de l’Opéra de Nice qu’elle a laissé pantelant d’émotion et d’admiration. Aussi a-t-elle été très longuement applaudie.
Dans le célèbre « air de la folie », elle déploie toute sa douleur en revivant l’opéra à l’envers.
Un morceau de bravoure hallucinant et halluciné qui exige de très sûres cordes vocales, en devenant une âme égarée et errante. Un reflet ensanglanté de l’innocente qu’elle fut...
Souffrant, Mario Cassi n’a pu tenir le rôle essentiel de son frère Enrico. Il a été remplacé au pied levé par l’excellent baryton Bulgare Vladimir Stoyanov, arrivé à Nice en dernière minute et prenant son rôle de personnage abject le jour même de la Générale. Une prouesse magistrale également très applaudie !
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Pour cette coproduction de l’Opéra de Nice et l’Opéra de Pise, la mise en scène - très sobre tout en respectant l’oeuvre - est de Stefano Vizioli, Directeur de l’Opéra de Pise. Le choeur des femmes a un rôle mineur par rapport à celui des hommes, décidément très dominants.
Le talentueux chef d’orchestre Andriy Yurkevych assure la direction musicale de l’Orchestre Philharmonique de Nice qui accorde très bien ses sonorités aux états d’âme de l’héroïne. Cette héroïne si magnifiquement interprétée par Katryn Lewek que personne n’est près d’oublier !
Caroline Boudet-Lefort
Représentations
Durée : 2h45 avec entracte
17 févr. 2023 à 20:00
19 févr. 2023 à 15:00
21 févr. 2023 à 20:00
23 févr. 2023 à 20:00
Réservations sur le site de l’Opéra de Nice
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