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FESTIVAL DE MUSIQUES CONTEMPORAINES : Manca 2012 - Bilan...

Cette année, « Stories » était le thème choisi par les MANCA. Loin de nous raconter des histoires, comme on dirait « nous faire leur baratin », ces histoires ont caressé ou écorché nos oreilles, selon les morceaux plus ou moins doux ou agressifs.

Pas toujours éveillées aux compositions contemporaines, les oreilles doivent s’habituer à cette musique classique d’avant-garde, qui sera, sans aucun doute, le patrimoine de demain.

Les nouvelles technologies conduisent à des performances sonores dans une évidente démarche expérimentale. Malheureusement, rares sont les grands orchestres formés à interpréter ces compositions, et de nombreux chefs d’oeuvre dorment dans des tiroirs. Heureusement les MANCA reviennent chaque année à Nice, offrant l’opportunité de découvrir quelques oeuvres souvent données en « création mondiale », tels Deux, le contraire de un de l’Italien Nicola Sani par un ensemble de 17 musiciens et Double concerto de Mario Mary avec seulement une clarinette et un violon, l’électroacoustique n’y jouant qu’un rôle secondaire. Le même concert a été l’occasion d’écouter Pranam II, un concentré du singulier génie Scelsi et Settembre de François Paris, qui ajoute à son talent de compositeur ses fonctions de directeur du CIRM et du Festival MANCA.

Extrait du film Metropolis de Fritz Lang
© Jean-Luc Thibault

Un des moments forts du festival de cette année fut la projection du film muet de Fritz Lang, Metropolis, avec un accompagnement musical par l’Ensemble Orchestral Contemporain dirigé par Mark Foster. Le film, datant de 1927, est un chef d’oeuvre du cinéma expressionniste allemand.
La musique contemporaine qui l’accompagnait mettait en valeurs ses qualités esthétiques et narratives, en accentuant sa vigueur fulgurante et sa vitalité stylistique. Quelques scènes totalement inconnues ayant été retrouvées au Musée du Cinéma de Buenos Aires, Martin Matalon a entièrement revu sa partition musicale composée en 1995 pour l’adapter à la nouvelle version projetée au Théâtre de Nice. La musique a souligné la vision pessimiste de l’avenir architectural et social de l’homme qu’avait Lang.

l’Orchestre Philharmonique de Nice pendant la répétition du concert à l’Opéra, avec Pierre-André Valade (chef d’orchestre)
© Jean-Luc Thibault

A l’Opéra, le Philharmonique de Nice dirigé par Pierre-André Valade a offert Nirvâna, une oeuvre de Shuya Xu, directeur du conservatoire de Shanghai, Sonoris Causa du grand compositeur Ivo Malec, et enfin le grand classique de la musique contemporaine Déserts de Varése. A l’affût de toutes les technologies de pointe, le compositeur a expérimenté en visionnaire par l’introduction de sons enregistrés au magnétophone, procédé qui a décliné, par la suite, la grammaire de multiples oeuvres. Mais lors de sa création, en 1954 au Théâtre des Champs-Elysées, l’oeuvre fit scandale avec sifflets et hués d’un public déconcerté. C’est ce qu’ont voulu reproduire cette année quelques membres des Manke. Ce festival annuel, qui se déroule en parallèle aux Manca, avait prévu une performance qui a tourné en bagarre plutôt comique. Si certains spectateurs ont compris qu’il s’agissait de la répétition du mémorable scandale, d’autres ont réagi en prenant au premier degré le barouf et les tracts dispersés. Les réactions de la salle et les applaudissements enthousiastes prouvent que, depuis plus d’un demi-siècle, l’oeuvre magnifique est maintenant totalement familière à nos oreilles.

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