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L’ensemble baroque de Nice en balade dans l’urbanité musicale italienne

Les nouvelles lectures, par des pionniers comme Nikolaus Harnoncourt, des partitions des XVIIème et XVIIIème siècle ont provoqué une vague baroque qui n’en finit pas de retomber. Dans leur écume se forment de petits ensembles, on joue sur des instruments anciens dans un souci de vérité et d’authenticité. Ce mouvement a pris des proportions et la musique baroque gagne le grand public.

Bien avant cela, il y a déjà trente huit ans, Nice a vu apparaître celui que l’on appelle désormais le précurseur du violon baroque : Gilbert Bezzina a fondé un ensemble de douze musiciens qui a gagné rapidement ses lettres de noblesse en explorant le répertoire instrumental et lyrique de l’époque.

Un univers quasi infini

Une prédilection pour le lyrique a amené dès 1984 l’Ensemble Baroque de Nice à créer la première mondiale d’un opéra de Vivaldi, "L’Incoronazione di Dario", et plus récemment celui d’Alessandro Scarlatti "Il Tigrane" en partenariat avec l’Opéra de Nice.

Ce petit ensemble niçois, mais de grande envergure, est reconnu internationalement par ses enregistrements qui ont contribué à sa notoriété. "Mais nous ne sommes plus seuls, beaucoup de jeunes font partout un excellent travail "remarque de Gilbert Bezzina.

Depuis 1982, le violoniste et chef prépare chaque saison musicale sous des angles et des éclairages divers, comme de méthodiques et savantes explorations dans un univers quasi infini. Alors, que de son propre aveu, ce ne sont des prétextes : "le public, il adore ça". On imagine Gilbert Bezzina comme un explorateur de partitions, un aventurier littéraire qui nous emmène à travers l’Europe à la suite des musiciens ou aristocrates qui faisaient "le Grand Tour" sur les traces de Montesquieu ou du Président De Brosses...

Tout ce petit et grand monde se rencontrait, échangeait, discutait, se chamaillait, se chipait sans doute quelques idées. C’est de cette manière que la musique s’est propagée d’Italie à toute l’Europe.

Cependant, vue à travers le prisme de ses mythologies, dans ses lumières et ses ombres, la musique baroque nous est rendue encore plus vivante et plus compréhensible. Parmi ces différents thèmes, il y eut l’année dernière une réflexion à partir de laquelle il était plus évident de gloser infiniment que de trouver une réponse définitive : "qu’est-ce que le baroque ? Le baroque, cela ne veut pas dire grand chose" résume Gilbert Bezzina. On aime bien la
démarche qui consiste à coupler les concerts à des conférences à la BMVR Louis-Nucéra et à des projections au cinéma Mercury.

Le son voluptueux des instruments anciens

Écouter le son voluptueux des instruments anciens dans les différents lieux du patrimoine baroque de Nice est un privilège. Cette année, les concerts de l’Ensemble sont donnés dans les églises Saint-François-de-Paule, du Vœu - Saint Jean Baptiste et dans la chapelle du Saint Suaire. Le programme 2020 intitulé "Villes italiennes" emmène les mélomanes flâner à Rome, Venise,
Mantoue, Bergame, Naples, Turin, Vérone et Milan d’où se sont échappées pour notre ravissement canzone, sonate et concerti grossi. Gilbert Bezzina a toujours "de nombreux projets en tête, il reste beaucoup à découvrir dans l’opéra italien. Si l’on m’en offrait la possibilité, je monterais des opéras de Scarlatti, mais c’est devenu difficile, question de budget".

En attendant, il lui reste toujours la possibilité d’inviter régulièrement des chanteurs lyriques, comme il a toujours fait. Pour le régal d’un public fidèle.

Photo de Une : Gilbert Bezzina et ses musiciens à l’occasion d’une répétition dans l’église Notre Dame du Vœu - Saint Jean-Baptiste. (DR A.C)

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