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Fred Luzignant : Rock au Conservatoire !

Qui aurait pu se douter qu’on apprendrait en l’an 2000 le rock’n roll au conservatoire ? Chuck Berry, Elvis Presley, Jimmy Hendrix, John Lennon, Keith Richards… ? Sûrement pas une de ces rocks stars qui embrassèrent la carrière suite à un concours de circonstances ou en gratouillant trois accords au fond d’un garage !

Et pourtant depuis 2001 Frédéric Luzignant enseigne à Nice au Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR), le noble art de faire rugir les amplis Marshall comme d’autres celui de caresser les cordes d’un violon.

Que s’est-il passé Fred, comment en est-on arrivé là ?

La reine mère en anoblissant Sir Paul Mac Cartney, Mick Jagger et Elton John aurait-elle mis le feu aux poudres ? « En fait le diplôme de Musiques Actuelles Amplifiées a été initié en France en 2001, l’année où je l’ai décroché après une licence de musicologie et le Capes. Il m’a permis d’enseigner dans le cadre du Conservatoire, d’abord dans des annexes (Sud Pop, le Volume) puis au sein du nouveau bâtiment à Cimiez, le champs des musiques des années 50 à nos jours, les tendances identifiées blues, rock, funk, rap, électro, comme celles underground ou hybrides ». Merci docteur ! On se revoit quand ?

Vous avez dit « Musiques Actuelles » ?

C’est à un vaste programme d’ouverture qu’est convié la trentaine d’élèves de cette classe dotée de 2 studios (répétition et enregistrement) et qui côtoie au même étage celles de Jazz, d’Electro Acoustique et de Musiques Anciennes. Une promiscuité qui n’est pas pour déplaire à son éclectique professeur de 35 ans qui lui-même a suivi une formation classique (trombone) puis jazz (guitare basse) au CNR de Nice avant d’évoluer au sein du trio expérimental « Sashird Lao ». Cet échangisme musical c’est la tasse de thé de la web génération : « Dans mes cours se mélangent les élèves issus des études classiques et de purs rockers. En refaisant l’histoire de ces musiques populaires, on met tout le monde d’accord. Et puis c’est le meilleur moyen de gommer les effets de modes ! ».

Fred Luzignant

A la théorie, à la pratique vient se rajouter l’art de savoir faire son trou dans une niche très prisée par nos jeunes, novices ou déjà confirmés : quelques musiciens qui ont déjà mis un pied dans la porte se glissent ici pour parfaire leur technique. La classe Musiques Actuelles dispense parallèlement un cursus à la formation professionnelle qui accueille via la Ruche, une association niçoise, des groupes locaux prometteurs qui ont besoin d’être guidés pour leurs premiers dans la carrière « Avec IMAGO et le Théâtre Lino Ventura nous leur proposons des premières parties de concert, des résidences. Nous travaillons aussi avec l’association Elektron promotion, fondatrice du Festival Nuziq, afin d’accueillir prochainement en master class le saxo du groupe anglais Herbaliser ! »

D’Olivier Messiaen à Sashird Lao

Nos rock stars en herbe auraient pu tomber plus mal ! Frédéric Luzignant est un passionné pur jus qui est tombé dans la marmite tout petit. Comment faire autrement avec un père enseignant l’écriture musicale au CNR et un oncle qui travailla avec le compositeur Olivier Messiaen dont on célèbre en 2008 le centenaire de la naissance. Même punition pour sa sœur harpiste, son frère aîné violoniste dans un big band et leur petit frère qui suit des cours dans sa propre classe. Et quand il n’est pas au CNR, Frédéric qui a collaboré avec de nombreuses formations, accompagné les plus capés, des frères Belmondo à Elliot Murphy, évolue depuis trois ans au sein de « Sashird Lao » Ce trio vocal poly-instrumentiste au nom imprononçable qui fusionne jazz, grooves urbains et musiques du monde avec sa chanteuse d’origine égyptienne, a décroché l’été dernier le prix du public au tremplin de « Jazz à Juan ». Fidèle à ce qu’il enseigne, Frédéric et ses complices Yona et David pratiquent allégrement le métissage des genres. Dés leur premier album « Watsdis » -le second est sur le feu- le combo protéiforme a accueilli des instrumentistes venus d’horizons très différents.

« Horizons différents », c’est la clé de la nouvelle partition musicale qui semble se jouer. « L’image du Conservatoire change, explique Fred, des musiciens venus d’autres filières n’hésitent plus à franchir son seuil ». Une évolution qui va de concert avec la mutation que connaît le monde musical. « Via Internet des musiciens peuvent aujourd’hui faire entendre et vendre leur compos en ligne. Un ami a planifié sa tournée aux USA grâce à « MySpace ». Des sites de téléchargement libre comme Deezer offre en écoute des centaines de groupes. Le vrai problème pour les majors, rajoute-t’il, c’est que l’on échappe à leur contrôle pour faire nos propres choix » Ouverture, indépendance…Et si l’enjeu de ces débats à l’aube du nouveau millénaire n’était autre que de faire vibrer musique et liberté sur le même accord ?

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