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Les Colloques de Menton 2010 « Penser notre temps » : Albert Camus, l’homme révolté - Samedi 23 octobre 2010 : Quelle Philosophie pour notre Temps ?

Depuis 1999, la ville de Menton organise les Colloques Penser notre temps. Ces colloques s’articulent autour de plusieurs conférences-débats tout public, qui ont lieu chaque samedi du mois d’octobre à 14h30 au Palais de l’Europe.

Ils permettent d’approfondir différents sujets au cœur de l’actualité en abordant plusieurs thématiques : Rencontres sur les Origines, Science et Conscience, La Cité des Hommes et Quelle Philosophie pour notre Temps ?

Chaque conférence-débat réunit un public de 700 personnes venant écouter et rencontrer des intervenants prestigieux tels que Luc Ferry, Axel Kahn, Alain Finkielkraut, Jean-François Kahn, Alain-Gérard Slama, Guy Carcassonne, Jean-François Mattéi, Maurice Agulhon, Michel Winock, Gilles Kepel, Malek Chebel, Franz-Olivier Giesbert, Henry de Lumley, Etienne Klein, Claude Imbert, Bernard Guetta, Michel Maffesoli, Robert Misrahi, Pascal Bruckner…

Cinquante ans après sa mort, le 4 janvier 1960, Albert Camus reste une figure d’exception dans le paysage littéraire français. Alors que le Président de la République avait envisagé fin 2009 de transférer la dépouille de l’écrivain au Panthéon, l’engouement populaire pour l’homme et son œuvre ne se dément pas aujourd’hui. Selon sa fille Catherine Camus, l’écrivain « voulait parler pour ceux qui n’ont pas la parole ou ceux qui sont opprimés ».

Jean-François Mattei

Des quartiers populaires d’Alger au Prix Nobel de littérature reçu en 1957, Albert Camus a développé dans son œuvre une pensée humaniste fondée sur la prise de conscience de l’absurdité de la condition humaine. « L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde » (Le Mythe de Sisyphe, 1942) : deux forces s’opposent, l’appel humain à connaître sa raison d’être et l’absence de réponse du monde dans lequel il se trouve. Pour Camus, l’absurde ne doit pas se résoudre. Le suicide, solution pour faire taire cet appel humain, est donc exclu. L’absurde est générateur d’énergie. C’est le point de départ de la révolte : accepter l’absurdité de ce qui nous entoure comme une étape nécessaire, mais pas comme une impasse. Cela suscite une révolte qui peut devenir féconde.

Camus envisage ainsi la révolte comme une réponse à l’absurde. Si l’homme absurde se prive d’une vie éternelle - Camus réfutant les religions - il y gagne en liberté d’action. « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. » (L’homme révolté, 1951) : la révolte est donc mouvement, elle conduit à l’action et donne un sens au monde et à l’existence. Camus justifie ainsi la rédaction de l’homme révolté : « je n’aurais pas écrit l’homme révolté si, dans les années 40, je ne m’étais trouvé en face d’hommes dont je ne pouvais m’expliquer le système et dont je ne comprenais pas les actes. Pour dire les choses brièvement, je ne comprenais pas que des hommes puissent en torturer d’autres sans cesser de les regarder ». Quels sont les moyens de la révolte ? Camus pose à la révolte de l’homme une condition : sa propre limite. Sa pensée est humaniste : la révolte n’est pas contre tous et contre tout ; elle extirpe l’homme de la solitude car elle est collective, c’est l’« aventure de tous ».

L’homme révolté, c’est enfin la recherche de la mesure, une forme de sagesse que Camus appelle « la pensée de midi ». Cette « pensée de midi », image qui lui vient de Nietzsche, est sens de la mesure et respect des limites, au nom de cette part inaltérable de l’humain dans l’homme.

ALBERT CAMUS, L’HOMME REVOLTÉ

- Jean DANIEL, Fondateur, éditorialiste, coprésident du comité éditorial de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur

- Jean-Yves GUERIN, Professeur, Directeur de l’École doctorale de Littérature française et comparée à Paris III – Sorbonne Nouvelle

- Jean-François MATTÉI, Philosophe, Professeur émérite de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, membre de l’Institut universitaire de France

Les Colloques de Menton 2010

« Penser notre temps »

Palais de l’Europe – théâtre Francis Palmero

Les 2, 9, 16 et 23 octobre à 14h30

Entrée libre et gratuite

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