| Retour

NJF : les belles soirées du Théâtre de verdure

Les choses sérieuses ont commencé ce mercredi au Nice Jazz Festival NJF avec une soirée jazz pointue au théâtre de verdure. Non pas que sur Masséna la programmation soit moins intéressante, mais disons qu’elle y est beaucoup plus ouverte, et que les “puristes“ y retrouvent peut –être un peu moins leurs marques, avec une nouvelle génération qui bouscule les codes, comme les anciens l’ont fait avant eux…

Donc trois moments très forts – notre choix est évidemment subjectif – avec, honneur aux dames, l’épatante Camille Bertault, qui s’est fait repérer sur Youtube en postant des extraits des chansons qu’elle reprend, des impros, du scat servi par une voix claire, frondeuse, d’une belle technique pour tout dire. Et si cette jeune femme est formidable, ce n’est pas seulement parce qu’elle est de chez nous (ancienne élève du conservatoire de Nice, elle a passé son adolescence à Aspremont), ni parce qu’elle est une pianiste honorable, mais parce qu’elle a une vraie présence sur scène, une grâce un peu dingue qui ferait prendre ses vocalises pour des lanternes magiques. Ainsi équipée, ainsi iconoclaste, ainsi drôle et culottée, elle reprend avec bonheur Boris Vian – dont on ne dira jamais assez de bien – ou Georges Brassens, qu’elle transfigure. Encore toute jeunette dans le parcours intiatique des festivals, vous l’avez loupée à Nice ? Cours du soir à domicile avec son dernier CD « Pas de géant ».

Laurent de Wilde, bien sûr, dont le bonheur rayonnant et la simplicité ont fait flotter en suspension dans l’air et dans le temps la musique de ce bon vieux Thelonius qui aurait eu cent ans l’année dernière.

Le pianiste était entouré de deux complices avec qui il a l’habitude de jouer, le contrebassiste Jérôme Regard à l’affiche d’un nombre incroyable de concerts, et notre Dédé Ceccarelli aux drums. Le trio a signé des reprises pertinentes dans un exercice délicat, puisque les compos de Thelonius sont particulièrement complexes dans leur apparente simplicité. De Wilde a mis sa patte, sa touche limpide, pour un set beaucoup trop court une si belle soirée d’été.

Laurent de Wilde, un géant !

Mais il fallait bien laisser la scène à… Joshua Redman !

Toujours strict, concentré sur le sujet, le sax ténor a comme toujours lancé les thèmes sur des pistes inattendues, laissé digresser ses musiciens (le pianiste Ethan Iverson, énorme !) pour ramener tout le monde à la maison dans des chorus incandescents, sous la férule de Billy Hart, ancien métronome de Miles ou d’Herbie. Ce n’est pas racontable, comme Trane ne l’était pas davantage à ses différentes époques. Joshua Redman a lui aussi franchi les marches de géant…

Joshua Redman, incandescent !

Photo de Une : Camille Bertault, une vraie présence sur scène !
Toutes photos de l’article DR Annick Chevalier

Artiste(s)