Artiste née en République de Corée et vivant en France, son travail lui
permet de réfléchir sur des questions intimes, sur le concept d’identité mais aussi sur son héritage spirituel et symbolique, faisant référence aux rituels chamaniques coréens par exemple.
Dessins, peintures, volumes, installations, Min Jung-Yeon est à l’aise dans toutes les dimensions, de l’infiniment petit au monumental.
En regardant attentivement les paysages imaginés par Min Jung-Yeon, on observe une instabilité.
Celle-ci tient à l’étrangeté des environnements présentés qui semblent appartenir à un entre deux. Ni tout à fait inconnus, ni tout à fait coutumiers, ils se situent à la frontière de la réalité et du rêve. Ils fourmillent de détails qui retiennent l’attention. Certaines formes qui les composent rappellent des matières connues, ici une pierre, là un feuillage, ici encore de la vapeur. Presque palpables, ces éléments sensibles semblent flotter dans l’abîme. Dans un équilibre précaire, l’artiste façonne une balance entre plein et vide, entre matière et néant, entre vie et mort. Si ces compositions perturbent c’est que l’ambiguïté qui les nourrit ne se limite pas à une opposition entre dépouillement et abondance, les mondes imaginés par l’artiste paraissent à la fois appartenir à la réalité et s’en extraire. Ils se rapprochent d’horizons connus mais, ce n’est qu’une illusion, leur existence est inconcevable dans l’univers que nous habitons. Les îles des dessins de la série Rencontre ou des toiles Silence sont plus proches du royaume imaginaire de Laputa que des îles
terrestres. Ce n’est pas le seul antagonisme présent dans ses toiles. Loin de tout manichéisme, l’œuvre de Min Jung-Yeon porte en elle un conflit.
- Vue de l’exposition © Olivier Calvel
Les procédés utilisés, que ce soit en peinture, aquarelle ou dessin témoignent d’une maitrise remarquable
L’artiste, telle une danseuse étoile, sait parfaitement dissimuler la puissance technique de son geste. Il ne reste qu’une facilité de façade qui renforce l’atmosphère harmonieuse de l’œuvre. Min Jung-Yeon est méticuleuse, les multiples détails de ses œuvres le prouvent, ses installations confirment ce trait de caractère profond, trahissant un investissement considérable.
La kyrielle de plumes en papier qui se déploient dans les espaces du Suquet des Artistes témoignent de sa minutie et de son engagement. Ces assemblages transforment l’espace et invitent à le voir sous un jour nouveau. L’artiste ne se contente pas de proposer des œuvres pour les murs, elle habite le lieu jusque dans ses recoins les plus cachés.
- Vues de l’exposition © Olivier Calvel