À regarder de près, les satellites sont constitués de bouchons de cannes à pêche. Très colorés (pour mieux les distinguer dans l’eau), ils ont aussi des formes fuselées qui se prêtent à toutes sortes d’assemblages aérodynamiques.
Tous les éléments constitutifs de la canne à pêche : canne (en roseau ou en différents matériaux), fil, bouchon, hameçon, et plus tard, moulinet, intéressent l’artiste (le poisson, lui, est accessoire). En jouant avec, il réalise une multitude de sculptures très aériennes où l’on retrouve les lignes courbes que dessine dans l’espace le fil transparent de la canne à pêche (qu’on appelle aussi ligne !) plongé dans l’eau.
La ligne, comme la pêche, a toujours attiré Martin Caminiti.
Depuis son enfance, il pêche et dessine. Il se souvient des jours où, sans jouets sophistiqués, avec trois bouts de ficelle, un clou et un bouchon, il créait des petits univers et inventait les histoires passionnantes qui s’y déroulaient.
Plus tard, en apprenant à dessiner, se perd cette richesse imaginative qui permettait de jouer des après-midi entiers sans s’ennuyer.
Sa vocation n’a pas été freinée. À 14 ans, un dessin à l’encre de Chine déborde le papier et s’étale sur le mur. il craignait que ses parents le gronde..., mais, au contraire, son œuvre est appréciée, on lui dit qu’il a fait un « beau dessin » !
Très vite remarqués, ses assemblages d’objets et de fils mis en tension dessinant dans l’air des courbes élaborées lui valent ses premières expositions.
- Escadrille © photo Alain Amiel
L’art, dit-on, c’est façonner la matière de telle sorte qu’elle monte au ciel. Une sculpture, un tableau, un objet, etc., pour être œuvre d’art, doit évoquer ou convoquer le ciel.
Plus tard, Caminiti a joué aussi avec des roues et des chaînes de vélo, des javelots, des parasols, autres objets liés à l’enfance.
À la galerie de Laure Matarasso, on peut découvrir ses belles formes dans l’espace, associées à de jolies vasques de verre et de céramiques. Poétiques, décalées, s’affranchissant des frontières entre art et design, ses sculptures redessinent l’espace. C’est joyeux, ludique, et bien sûr, aérien, comme tout ce que fabrique Martin.
Le titre de l’exposition dit la même chose. La première partie du titre : « Tête en l’air » (un hommage à la chanson d’Higelin) est aussi ce que nous oblige à faire l’artiste, un mouvement de la tête vers le ciel. La deuxième partie : « sans mobile apparent » montre sa défiance envers ces objets technologiques qui ont pris tant de place.
- Tango Tango © photo François Fernandez
- Point de Suspension © photo Alain Amiel
- Capricorne © photo Alain Amiel
- Effleuré © photo Alain Amiel