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Fin de cet événement Septembre 2018 - Date du 20 juillet 2018 au 16 septembre 2018

Le Prix HSBC pour la Photographie présente ses lauréats 2018 à Mougins

Jusqu’au 16 septembre, les travaux des lauréats du Prix HSBC pour la Photographie seront présentés à Mougins. Réalisée sous la direction artistique de Raphaëlle Stopin, l’exposition s’organise de manière concomitante dans deux lieux emblématiques pour le soutien actif de la création contemporaine à Mougins : le Musée de la Photographie et la galerie Sintitulo.

Les artistes

Raphaëlle Stopin, conseillère artistique 2018, a proposé 12 photographes aux membres du Comité exécutif qui ont choisi les 23ème lauréats du Prix HSBC pour la Photographie.

Pour la première fois, le prix HSBC et les membres du comité exécutif ont décidé de décerner le prix Joy Henderiks en complément du prix HSBC. Ce prix a été décerné à Olivia Gay, dont les travaux seront également à découvrir dans le cadre de cette exposition.

Antoine Bruy - Français. Né en 1986. Vit et travaille à Lille.


Né en 1986, Antoine Bruy estun photographe français diplomé de I’Ecole Supérieure de Photographie de Vevey en Suisse. Son travail se concentre principalement sur la relation que l’ Homme entretient avec son environnement physique et intime en lien avec les conditions
économiques et intellectuelles qui les déterminent.
Son travail a été exposé dans de nombreuses expositions à travers le monde - Los Angeles, New-York,Paris, Dhaka, Barcelona, Seoul, Angkor. Bruy a été récompensé par LensCulture Emerging TalentAwards, Getty Images Emerging Talent Awards, Critica ! Mass 2014 and PDN’s 30 in 2015.
Ses photographies ont été présentées dans diverses publications incluant The New Yorker, The Washington Post, The Guardian, WIRED, Slate, The HuffingtonPost et Le Monde.
Il est aujourd’hui basé à Lille.

"Antoine Bruy est un photographe à la pratique documentaire. Son sujet géographiquement circonscrit à des territoires donné s, est traité avec la rigueur du genre. Portraits et paysages viennent racontar ensemble, d’une même voix, comment, sur ces bouts de terre, l’homme a mêlé artefacts et éléments naturels pour tisser cette matière étrangement homogène : un habitat ou I’on ne saurait distinguer qui de l’homme ou de la nature a pris le pas sur I’autre. Tricots de caravanes, de planchas, de mousse et de panneaux solaires, ils sont constructions, édifiés à la faveur d’un dialogue entre l’homme et son environnement. C’est ici la réalisation d’une utopie, pas de celles que l’on nous présente flambant neuves, mais qui ont passé l’épreuve du temps qui ravine. La palette chromatique, douce, tempérée, a elle aussi fait l’objet de toutes les attentions du photographe, un même camaïeu pour les hommes et son habitat une même caresse pour toutes les surfaces. A l’image de I’environnement photographié, la première impression dégagée parle travail d’Antoine Bruy peut être celle d’une relative absence de formalités, un ensemble à I’architecture intuitive qui se serait construit au gré des rencontres, puis rapidement, par le traitement de la couleur, par ses portraits posés, le cadre impose sa tenue et les photographies de faire communauté".
Raphaëlle Stopin

Petros Efstathiadis- Grec. Né en 1980. Vit et travaille à Argos.


Né en 1980, Petros Efstathiadis est diplômé de l’Université des arts créatifs de Farnham. 11 vit aujourd’hui en Grèce, son pays natal. En 2017, sa série "Bombs" a été présentée à la Wallach Art Gallery à New York et sa série "Gold rush" au Foto Forum de Bolzano en Italie. Ce dernier travail a également été intégré à I’exposition Equilibrists organisée par le New Museum de New York au musée Benaki en 2016 ; la même année, il exposait sa série
"Prison" à la fondation lzolyatsia à Kiev. En 2015, les photographies de sa série " Prison" étaient également montrées au Festival de photographie Circulation (s) à Paris, et ses "Bombs" au Festival de photographie d’Athènes. Petros Efstathiadis a également participé à des expositions au musée Serlachius en Finlande, à la galerie Xippas et à la Maison de Chypre, toutes deux situées à Athènes.
En 2013, il a remporté le grand prix du Festival d’Hyères.
Petros Efstathiadis a été invité comme conférencier à l’Ecole de Photographie (CEPV) et à I’Université des Arts de Zurich (ZHdK), toutes deux situées en Suisse, ainsi qu’à I’Académie royale des Beaux-Arts d’ Anvers.
Son travail a été publié dans Wallpapert, Monocle, Domus, The Guardian et Le Monde.

"Il a été vu, çà et là, au cours de ces dernières années, nombre de ces constructions étranges, de ces mises en scène foutraques, oeuvres récréatives d’ artistes à l’imaginaire fertile, faisant de leur environnement proche leur terrain de jeux. Des mises en scène dont il revient alors à la photographie de dépasser leur éphémère condition. Le travail de Petros Efstathiadis ressort de cette pratique de la mise en scène. Elle est chez lui insolite de prime abord, drôle parfois ensuite, tragi-comique éventuellement, et très certainement toujours enivrante d’inventivité visuelle. Mais ce qui sépare la démarche du photographe d’un travail purement récréatif et trop simplement formaliste, c’ est la terre ou il a choisi de se tenir pour déployer ses constructions. Il s’adresse à nous depuis là ou il a grandi : le nord de la Grèce, près de la Macédoine. Il ne s’agit donc
pas ici d’un bataillon d’images déracinées, décontextualisées, mais de photographies d’une terre en mutation, que l’artiste vient augmenter d’une sorte d’infra réalité, de celle que seuls les enfants peuvent déceler. Ces constructions faites de bric et de broc, des rebuts qu’il trouve dans les arrière-cours de son village natal, viennent raconter les espoirs, bientôt déçus, d’un père cultivateur de pommes dans une Grèce européenne, de jeunes filles aspirant à la célébrité, d’un village traversé par la crise croyant se racheter une santé en vendant ses terres à un exploitant de gaz russe, de jeunes, émeutiers d’un jour, se confectionnant des bombes artisanales de savon et de mousse à raser couronnées de pâquerettes. A travers ce milieu microcosmique du village, Petros Efstathiadis concentre puis restitue tous les traumas du pays. La folie visuelle dit ici le vertige vécu au cours des dernières années, et dans I’ oeil du cyclone, on trouve comme téléportée sur le sol de ce village, une cabane qui pourrait bien avoir été photographiée par Walker Evans, en Alabama,pendant la Grande Dépression".
Raphaëlle Stopin

Le prix HSBC pour la photographie


Depuis 23 ans, le Prix HSBC pour la Photographie s’engage à promouvoir de façon durable la génération émergente de la photographie. Il accompagne tous les ans 2 photographes :
- Publication de la première monographie aux Éditions Xavier Barral.
- Création et organisation de l’exposition itinérante de leurs œuvres dans quatre lieux culturels en France et/ou à l’étranger.
- Production de nouvelles images, présentées lors de la dernière étape.
- Acquisition par HSBC France de six œuvres par lauréat pour son fonds photographique.

Les lieux d’accueil de l’expo à Mougins

Depuis 1986, le Musée de la Photographie André Villers s’inscrit dans une démarche de diffusion de l’art contemporain grâce aux jeunes artistes qu’il sélectionne dans le cadre de la programmation de ses expositions temporaires. L’influence d’André Villers, son créateur, n’est pas innocente dans ce parti pris. En effet, la rencontre d’André et de Pablo Picasso a considérablement influencé la pratique de celui-ci, le guidant vers la photographie plasticienne et notamment le photogramme ou la transfiguration du sujet.
Travaillant essentiellement sur l’art actuel, la Galerie Sintitulo fonde son action sur la valorisation de la scène artistique émergente. Au sein de son espace d’exposition, un dialogue s’établit au fil des expositions entre les travaux des artistes émergeants et des artistes plus établis, avec des recherches représentatives au niveau régional, national, voire international. Chez Sintitulo, on mène un travail attentif pour la conception d’outils d’aide à la visite adaptés à chaque type de public, et un accompagnement personnalisé pour chacun de nos visiteurs.

La sélection 2018

Il n’est aujourd’hui plus personne pour contester la place de la photographie au musée, pourtant, qui pour héberger la photographie sous le grand toit de l’art contemporain ? On dit facilement être « dans l’art contemporain » ou « dans la photographie », comme si le premier ne pouvait se résoudre à contenir le second en son sein. Le langage commun, décidément, trahit encore largement la persistance de la mauvaise réputation attachée à la photographie.

Alors, pour la réhabiliter, on lui demande de voir plus grand, de faire tableau, de faire plus, d’agrémenter sa présentation de volumes, d’installations, de se faire pièce unique. On loue le retour du guratif parmi la jeune génération de peintres, autant que l’on exhorte leurs contemporains photographes à réaliser des œuvres dites, dans un langage emprunté à la performance sportive, « repoussant les limites » du genre. La méthode pour y parvenir semble communément admise : l’hybridation, la transdisciplinarité, une photographie qui trouverait sa dé nition dans sa porosité à la sculpture, la peinture, l’installation. Ainsi, le jeune peintre peut être peintre, le photographe, pour prétendre à une forme de contemporanéité, se devrait
d’« utiliser » la photographie, « mais pas que ».

En 1970, le MoMA inaugurait « Photography into Sculpture », une exposition qui explorait les liens entre photographie et volume. Plus loin encore, dans les années 1920, les tenants de la Nouvelle photographie pratiquaient, sans qu’il se nomme déjà ainsi, l’art de l’installation dans des expositions jouant des échelles de reproduction et d’e ets scénographiques inédits. Pourquoi alors parler de repousser des limites qui l’ont été de la façon la plus débridée et expérimentale dès les avant-gardes des années 1920 ? Pourquoi persister à faire de la photographie un genre aux vues étroites ? Ce dépassement à toutes ns d’une condition jugée trop petite pour les aspirations de l’art contemporain, cette injonction de la transdisciplinarité serait-il
« notre pictorialisme », un autre « bag full of tricks » comme l’appelait Walker Evans ? L’histoire se répéterait-elle pour que ce complexe d’infériorité si tenace autorise à nouveau la fabrication d’une forme supérieure vers laquelle se diriger, située une fois de plus dans un au-delà de la photographie.

C’est dans ce contexte artistique, hautement concurrentiel, que les photographes sélectionnés ici évoluent. S’il n’est pas appliqué de limite d’âge, les auteurs participants partagent néanmoins un statut d’émergence, œuvrant depuis plusieurs années à creuser leur sillon photographique, ils n’ont pas encore reçu une attention et une reconnaissance publique et durable, si tant est que cette dernière puisse jamais l’être. Les douze auteurs retenus ont chacun leur manière d’appréhender la photographie. Ils n’en repoussent pas les frontières mais creusent le déjà-très large territoire qui est le sien, en explorant inlassablement tous les possibles, con ants en la puissance du médium et la portée de leurs sujets. Revenons un instant au tournant moderne que la photographie connaît alors qu’en 1925 Moholy Nagy écrit « Peinture Photographie Film ». Il décrit, dans ce qui deviendra le manifeste de plusieurs générations d’artistes, ce qu’il considère devoir être le nouvel objectif de la photographie : explorer le réel avec acuité, en empruntant notamment l’esthétique de la photographie scienti que. La photographie apparaît comme un outil inégalé pour élargir le champ de la perception visuelle. Les moyens de cette révolution visuelle ne sont dès lors pas à chercher ailleurs que dans l’optique et la chimie. L’infaillibilité photographique permet l’accès à un degré supérieur de perception visuelle. Selon la formule bien connue de Walter Benjamin : « la nature qui parle à l’appareil photographique est autre que celle qui parle à l’œil ».

A l’heure de la dispersion de l’attention, dépassée par la marée d’images photographiques qui nourrit le vortex visuel contemporain, cette éducation et extension de notre capacité d’observation par la photographie est un objectif vers lequel tendre, plus que jamais. La modernité photographique s’est aussi nourrie, parallèlement à l’esthétique scientifique, de celle des jeux photographiques, des accidents heureux, des montages et autres péripéties visuelles. A la contingence du réel vient s’associer le caractère imparablement facétieux de la vie et c’est à ce croisement précis que se cristallise l’œuvre de ces artistes.

Witold Gombrowicz écrivait dans « Testament » : « Chacun voit le monde de sa propre place [...] Il est plus objectif celui qui confesse sa subjectivité ». Les travaux sélectionnés ici ont tous maille à partir avec une réalité, plus ou moins douce amère, dont leurs auteurs viennent librement disposer, coller, assembler, voiler et découper les composantes pour nous la présenter différente, éminemment subjective, forcément émouvante.
Raphaëlle Stopin
Conseillère artistique 2018

Photos de Une : Gauche Urs, Pyrénées 2012 © Antoine Bruy - Droite Preachers House © Petros Efstathiadis
Photos des artistes : courtesy HSBC
Exposition du 20 juillet au 16 septembre 2018
Musée de la Photographie André Villers, Porte Sarrazine
Galerie Sintitulo, 10 rue Commandeur
Vernissage vendredi 20 juillet 2018 à 19h

Artiste(s)

Antoine BRUY

Français. Né en 1986. Vit et travaille à Lille. Né en 1986, Antoine Bruy estun photographe français diplomé de I’Ecole Supérieure de Photographie de Vevey en Suisse. Son travail se concentre principalement sur la relation que l’ Homme entretient avec son environnement physique et intime en lien avec (...)

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Petros EFSTATHIADIS

Né en 1980, Petros Efstathiadis est diplômé de l’Université des arts créatifs de Farnham. 11 vit aujourd’hui en Grèce, son pays natal. En 2017, sa série "Bombs" a été présentée à la Wallach Art Gallery à New York et sa série "Gold rush" au Foto Forum de Bolzano en Italie. Ce dernier travail a également été (...)

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