Conçue par le commissaire américain vivant à Mexico, Chris Sharp, elle puise son inspiration aussi bien dans l’architecture du lieu - les espaces immergés sous la villa et son plafond d’eau - que dans les œuvres de la collection : la fontaine aux cent poissons de Bruce Nauman, la fresque sous-marine de Miquel Barceló ou encore le homard perché sur une chaise de Jeff Koons.
Plusieurs prêts d’artistes français et internationaux comme Henri Matisse, Gilles Aillaud, Mathieu Mercier ou Gabriel Orozco… viennent enrichir cet ensemble aux côtés de nouvelles productions de Lin May Saeed, Kate Newby et Hubert Duprat, créées pour l’occasion.
- Jeff Koons - Acrobat, 2003 - 2009 © Jeff Koons - Collection Carmignac
24 avril – 4 octobre 2020
L’exposition La Mer imaginaire se prolonge cette année dans le Fort Sainte- Agathe et à la Villa Noailles, avec une commande photographique de Nicolas Floc’h* sur les fonds marins de Porquerolles et de ses îles voisines, grâce à un partenariat avec le Parc National de Port-Cros.
À travers des œuvres aussi bien modernes que contemporaines, l’exposition entend célébrer la mer comme une ressource précieuse et évocatrice, grouillant de vie connue et inconnue, ouverte au merveilleux, à l’étrangeté, l’inattendu et dont l’immensité alimente depuis toujours notre imagination.
Après l’initiatique traversée du bois, le visiteur plonge pieds nus dans une mer à la fois rêvée mais aussi menacée, parmi les créatures fascinantes de Jean Painlevé ou de Jean-Marie Appriou, les poissons étranges d’Allison Katz ou Michael E. Smith en passant par les éponges surréalistes d’Yves Klein…
A l’étage, Miquel Barceló transforme la galerie voutée en une grotte sous- marine organique à base d’argile dans laquelle le visiteur sera amené à se perdre.
Loin de la domination de l’Homme sur la nature héritée des Lumières, nous découvrons aujourd’hui les profondeurs insondables et quasi illimitées de la mer : 90% des fonds marins et de ses espèces nous sont encore totalement inconnus.
Elle reste donc, dans une large mesure, mystérieuse et enchantée.
Aussi, La Mer imaginaire explore la manière dont certains artistes pressentent un changement de paradigme vers un monde dans lequel l’humanité n’est plus nécessairement dominante mais partie intégrante de la vie animale, parcelle d’une communauté d’êtres vivants en interrelation constante avec d’autres écosystèmes.
La position d’observateur derrière la vitre d’un aquarium ou les barreaux d’un zoo est ainsi en question.
Au-delà de son contenu critique, il existe une qualité résolument élégiaque, voire mélancolique, dans La Mer imaginaire. Ce sentiment d’éco-anxiété a été traduit par le philosophe australien Glenn Albrecht sous le néologisme de solastalgie : un sentiment d’impuissance et de détresse causé par la perte irrémédiable de la nature.
Menacée d’extinction, une grande partie du monde subaquatique que nous cherchons à appréhender est en train de disparaître et avec lui, autant de créatures et d’organismes marins qui n’ont plus d’autre substance que dans notre imaginaire et dans celui des artistes.
A travers un parcours sensible, l’exposition aborde ainsi une multitude de questions qui nous imposent de réfléchir à la façon dont nous habitons le monde avec le vivant.
* dans le cadre de Manifesta 13 Marseille
Les Parallèles du Sud et en partenariat avec le FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur qui présente l’exposition Paysages productifs de Nicolas Floc’h du 6 juin au 20 septembre 2020.
- Henri Matisse - Polynésie, le ciel (tapisserie), 1964
© Succession H. Matisse - Photo : Collection du Mobilier National. Photo : Isabelle Bideau