Dans sa série récente des représentations de la Baigneuse, elle s’est libéré de la toile, recherchant d’autres supports pour sa peinture : ils ne sont ni blancs, ni neutres, certains déjà habités de couleurs et de formes : tissus fleuris d’ameublement, tapisserie, étoffes, tissus à pois, à patterns, velours... Sur ces fonds déjà là, elle dépose ces figures connues et reconnues, simplifiées à outrance. Elle n’en garde que le percept, la persistance rétinienne, l’essence, l’image qui demeure quand on a tout oublié.
C’est ce qui donne aux œuvres de Jacqueline Gainon un sentiment d’étrangeté, un expressionnisme où la couleur l’emporte nécessairement sur la forme. Munch, Kirchner, Ensor, ne sont pas loin, mais sans leur tragique.
Une série de petites figures simplifiées montre d’énigmatiques femmes nues qui se regardent où se tiennent la main. Il n’y a pas d’hommes dans ses œuvres, elle préfère les femmes, « les hommes ne m’inspirent pas », dit-elle.
La poésie de Jacqueline Gainon est davantage lyrique, elle exprime un monde plus spirituel où l’inconscient se colore d’impressions visuelles plus proches de l’enfance, plus radicales. Si elle tient encore à la figure humaine, on sent qu’elle tente de s’en échapper pour atteindre la couleur « impure ».
Galerie Eva Vautier - Jusqu’au 28 novembre
Alain Amiel