Pour l’exposition ROUGE, les artistes du connectif KKF ont détourné leur sculpture Giacomettong représentant initialement un homme allant à la plage, avec son bob, son marcel et sa serviette, pour lui faire porter la panoplie de supporter de l’AS Monaco, en rouge et blanc.
- Connectif KKF/Keskon Fabrique Giacomettong, 2014 Sculpture en fer, papier mâché, fibre de verre, résine, poudre de bronze, mousse, plastique, tissu H. 290 cm
Référence directe à la figure de « L’homme qui marche » de Giacometti, cette sculpture monumentale s’inscrit dans la série des « Hommage à ... » proposant des clins d’œil ironiques et volontairement prétentieux à l’histoire de l’art. Le KKF, dans son autodérision permanente, ose se comparer à un grand Maître, et joue sarcastiquement à se gargariser de cette référence ultra évidente à ce sculpteur illustre.
Né de l’humour et de l’autodérision des artistes, Giacomettong revendique un art résolument sympathique.
L’étalage ironique des connaissances en art sert le principe de détournement et de changement de regard du connectif KKF, qui détourne ici le sens même de l’œuvre de Giacometti : la vision déprimée portée par l’œuvre originelle se trouve radicalement renversée pour être ramenée au bonheur ou tout au moins à la légèreté d’esprit.
A la figure dramatique de « L’homme qui marche » de Giacometti, répond la figure détendue d’un homme qui marche pour aller à la plage ou ici voir un match de foot, dans sa réalité ordinaire, avec son short coloré et ses tongs, et qui par-delà cette trivialité affirme sa joie de vivre. Quelle que soit sa destination, cette figure légère et en mouvement prône un retour aux plaisirs simples de l’existence.
Le titre Giacomettong à l’humour potache est là pour affirmer la dimension libre et totalement décomplexée de l’art du KKF. Leur homme qui marche incarne un art qui sort des musées et de ses normes, qui marche vers la vraie vie, dans la plus grande simplicité, et qui retrouve par là-même son rôle premier, essentiel, celui de conduire à l’art de vivre.
En adaptant avec dérision cette sculpture au thème du projet ROUGE, les artistes confirme que Giacomettong est bien le symbole d’un art vivant qui s’adapte aux circonstances pour mieux se mêler à la ville et à la vie.
Présentation de la démarche artistique du connectif KKF/Keskon Fabrique
Le travail du connectif KKF/Keskon Fabrique se fonde sur le ramassage et le détournement de matériaux bruts, devenus inutiles, en vue de leur donner une seconde vie, et de changer le regard du spectateur sur ce qui l’entoure. Le geste créatif commence dans le regard de celui qui sait voir.
La rencontre avec la matière, née du hasard et de l’inspiration, guide les artistes qui naviguent entre l’art et le design. De la danse avec l’objet naît l’orientation d’une production entre ces deux champs de création, qui s’imbriquent et s’influencent, en questionnant la limite entre les disciplines. La matière, au cœur de la réalisation, conservée dans son aspect brut comme trace de l’histoire de l’objet, entre dans des compositions audacieuses et singulières qui en révèlent l’âme et l’esthétisme.
Le design du KKF se définit comme de l’ « Art Design », produisant des pièces uniques par définition : luminaires et mobilier insolites, nés d’un assemblage d’objets atypiques, travaillés pour la force de leur matière, pour l’esthétisme de leurs formes et leur nouvelle utilité.
La création artistique du KKF, issue des trouvailles de la rue, entre en lien direct avec son époque, tant dans la démarche que dans les objets trouvés, et répond au défi systématique de « partir de rien et construire ! ». C’est sur ce principe qu’ils travaillent leurs sculptures, installations, tout autant que leurs photographies, réalisées lors d’« apér’artistes », shootings performatifs de mises en scènes improvisées.
Le connectif KKF conçoit ainsi des pièces et des univers atypiques, immédiats, revendiquant une proximité de lecture avec le public. Le changement de regard auquel les artistes invitent fait partie de leur démarche artistique : il induit une interaction avec le spectateur, qui entre ainsi directement dans la proposition et révèle sa propre dimension créative.
L’originalité de cette approche humaine participative contribue à définir un nouveau rapport à l’art, simplifié et réintégré dans la vie.
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L’esprit du projet : Rouge, ce n’est pas seulement une couleur.
• Le thème
C’est culturel, historique, instinctif, nous associons nos émotions, nos ressentis, certaines situations, à telle ou telle couleur. Le Rouge est une couleur fascinante et ambiguë, et un symbole à l’ambivalence forte et troublante, à la fois un principe de vie fondamental et un principe de mort.
• « Rouge » s’est d’abord imposé à nous comme un langage fort, une façon de dire « alerte » dans le contexte des grands enjeux de notre époque, des questions écologiques et des conflits actuels inquiétants. Mais son champ sémantique très vaste permet d’explorer de nombreux univers, de la réalité aux symboles : la naissance, la mort, la violence, la faune, la flore, le corps, le sang, les sentiments, les ressentis, les interdits etc…
• Dans le domaine des arts visuels, la couleur est plutôt associée aux techniques et pratiques des peintres. Mais quand on est sculpteur ou plasticien, comment aborder cette proposition singulière ? En écoutant ce que nous dit le mot « rouge » !
Les artistes ont donné présence, matière, volume et forme à leur ressenti, leur interprétation de Rouge. Ils l’ont sculpté, modelé, intégré, mis en scène pour la rue. Chacun a accepté la rencontre de l’Autre dans cette installation collective dans ce lieu singulier, avec ses atouts et ses contraintes.
Le lieu de l’événement : la rue Princesse Caroline
• Les œuvres jalonnent et métamorphosent cette rue piétonne du quartier de la Condamine, reliées entre elles par le fil rouge de la thématique. Exposer dans une rue, pour les artistes, c’est toujours un défi. Il faut être présent dans un environnement urbain déjà chargé et particulièrement fréquenté.
• Cette rue particulière à Monaco, a été récemment rénovée ; elle conserve un caractère populaire au charme et aux atouts surprenants : une perspective sur mer et montagne ; elle descend sur le port, bordée d’orangers, de restaurants et de commerces.
• Il faut surprendre et attirer et aussi convaincre un public parfois non averti, hors des sentiers battus de l’art. Le lieu est ouvert à tous, et à tous les vents.
Les artistes.
Maria Amos- Etienne Borgo-Kim Boulukos-Nicole Brousse-Edith Convert-Béatrice de Dominico-Maurizio Del Piano-Jean-Marie Fondacaro- Daniel Fourmy- Keskon fabrique-Héléna Krajewicz-Alain La Picoré- Aleksandra Lawicka Cuper-Made-Cyril Mendjisky-Hervé NYS- Laurent Papillon-Marc Renaut-Caroline Rivalan-Rob Rowlands- Franz Stähler-Bernard Tétu-Laurence Vernizeau-Léo Wesel
Participation de la Galerie L’Entrepôt (Rue de Millo) :
La programmation de l’événement « Rouge » se diversifie, et propose une extension dans un lieu « obscur, en sous-sol, à l’opposé de la rue ouverte et lumineuse, avec une scénographie originale qui transforme la Galerie L’Entrepôt en « Antre ».
• Du 6 au 17 juillet, quelques plasticiens se glisseront dans l’Intérieur, dans le Corps de la Galerie, avec des installations inédites.
Participation de 2 classes de CE2
Deux classes d’enfants vont créer, avec l’aide de deux artistes, Héléna Krajewicz et Rob Rowlands, une œuvre collective sur la thématique Rouge. L’œuvre sera exposée dans la rue avec celles des autres artistes.
Quelques projets d’œuvres pour l’expo Rouge -2015 Rue Princesse Caroline
Historique de l’association Artistes en Mouvement (AeM)
L’Association Artistes en Mouvement a été fondée en 2008 par Bernard Tétu, à la fois chef d’entreprise et artiste, pour qui AeM était avant tout une histoire d’amitié avec un artiste Burkinabé. L’association se définit alors comme une plateforme artistique et humaniste. La motivation des artistes rencontre la passion de ceux qui ont des causes à défendre. Les leviers de cette dynamique sont la solidarité et la confiance. L’Association a, par exemple, permis la naissance d’un Centre culturel « Artistes en mouvement » à Waga, au Burkina Fasso. Ce centre fonctionne depuis plusieurs années avec des artistes burkinabés motivés qui organisent des expositions remarquables de sculpture et peinture, des concerts, des spectacles. Les enfants y reçoivent une initiation à l’art. Des danseurs des ballets de Monaco ont créé une chorégraphie inédite et ils se sont associés avec des danseurs du Burkina Fasso, pour un spectacle d’un soir, au Théâtre des Variétés, ce qui qui a permis de récolter des fonds destinés à un orphelinat Slovaque. D’autres actions tout aussi généreuses et talentueuses ont permis d’aider des gens en difficulté.
(Spectacle pour Haïti, spectacle pour aider un jeune danseur après la catastrophe de Fukushima etc…)
A Monaco, depuis 2008, le volet artistique s’est développé. Artistes en Mouvement a investi des lieux hors des sentiers battus de l’art. Plusieurs expositions ont eu lieu dans les jardins et la galerie commerçante du Park Palace et dans la rue Princesse Caroline.
Sous l’impulsion d’Héléna Krajewicz et Rob Rowlands, avec le soutien logistique de la Mairie et du Gouvernement, trois parcours artistiques ont été organisés dans le quartier de la Condamine : rue Princesse Caroline, Place d’Armes, Square Gastaud, rue de Millo. Elles ont connu un vif succès.
Et l’aventure continue avec un soutien plus officiel du Gouvernement Princier, des Affaires culturelles et de la Mairie de Monaco.
L’été 2015 sera : ROUGE avec 24 sculptures et installations « monumentales » qui modifieront le paysage urbain de la rue Princesse Caroline.
Site AeM : http://www.artistesenmouvement.com/...
