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Prière de déranger les idées reçues

Presque timidement François Nasica dédicace sa première monographie : "je préfère écrire que parler, j’ai besoin d’un intermédiaire entre moi et les autres". Cette présentation a lieu dans la galerie de Franck Michel, au cœur du village Ségurane dans le quartier du port à Nice, et l’ouvrage paraît chez Baie des Anges.

Dérogeant pour une fois à son métier d’assistante et de biographe de Patrick Moya, Florence Canarelli livre les secrets de la création de François Nasica. Elle évoque son enfance bohème, les adultes magnifiques qui l’ont entouré, raconte sa période chaotique, son intermède de musicien, puis l’émergence de la personnalité de l’artiste.

Un panorama de dessins, collages, pochoirs, encres, peintures à la gouache, et de sculptures noires et rouges, son bestiaire personnel, son célèbre chien toutes dents dehors. Un livre superbement mis en page, avec une iconographie accompagnée de nombreuses citations.

Allégorie caustique

François Nasica dédicace sa première monographie ©A.C

Au fil des pages, on suit l’itinéraire de l’un des artistes les plus intéressants aux yeux des collectionneurs qui le suivent, du moins ceux qui reconnaissent dans cette expression pure, impulsive, puissante, cet "art de déranger" au travers de l’épreuve à laquelle il soumet notre regard : "je ne peins pas pour embellir la vie mais pour la bousculer".
Le tableau choisi pour illustrer la couverture s’avère, après l’avoir vu accroché dans la galerie, être en réalité une toile de dimensions modestes, alors que François Nasica est connu pour son habitude à improviser de grands formats en direct et en public. Simplement divisée en trois parties, jaune, noire et blanche, la toile représente une figure centrale crucifiée écrasée de lumière jaune, la partie droite est couverte de graffitis, et presque rien dans la zone de gauche, hormis une plante verte dressée. Cette allégorie caustique au phénomène transgenre est vue à travers le prisme de la religion. On a affaire à un artiste vindicatif, énervé, en colère. Le fait d’être athée ne l’empêche en rien de citer la bible.

Sa palette est parfois restreinte jusqu’à souvent se limiter aux deux seules couleurs, noir et blanc

Une multitude d’images s’inscrivent dans la rétine pour laisser une impression durable, délivrant un tissu de messages qu’il faut un peu de temps pour déchiffrer.
Rien chez lui, finalement, n’est improvisé, même dans cette apparente vitesse d’exécution, et si tout finit par s’équilibrer ce sera toujours juste au bord du basculement.
Il dit : "en art il n’y a aucune règle", c’est un difficile combat, la meilleure part de l’homme. D’ailleurs, et ce n’est pas pour rien que son univers pictural rejoint celui de l’art brut, de l’art de rue, et de la forme la plus ancienne de l’expression humaine, la plus authentique, l’art pariétal.

Photo de Une : DR

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