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Cézanne : Des Pommes en Or

La misère est belle lorsque l’Art tend à nous faire oublier la crise dans laquelle se meut le commun des mortels. Des chefs d’œuvre pour l’éternité aux prix quasi inestimables peuplent nos cervelles de rêveries boursières.

Et si j’investissais dans l’art se dit le pauvre rêveur ! Allez un beau placement judicieusement étudié avec une plus value amortie pour mes progénitures à venir. Imaginez-vous le 7 mai au soir à New-York dans une vente aux enchères d’art impressionniste et moderne organisée par Sotheby’s. Vous êtes fauché comme les blés, enfin pas tout à fait il vous reste quelques milliers de dollars en poche, mais voilà vous avez hérité de la tantine du tonton de la bisaïeule d’un formidable, que dis-je !, d’un excellentissime chef d’œuvre de Cézanne : Les Pommes peintes en 1889-1990. Rien à redire là-dessus puisqu’elles sont jugées historiques et donc "géniales" n’est-ce pas, par la crème des experts. Pris à la gorge à force d’honorer vos dettes de modeste cadre moyen, conscient que c’est le seul bien immortel que vous céderez à l’administration draconienne des institutions culturelles ou à la folle passion d’un collectionneur privé fier de son tribut, il vous reste ce sursaut – enfin avec 41,6 millions de dollars (environ 32 M€), je laisse Cézanne à ses pommes et je vais m’intéresser à la scène artistique actuelle – Hé oui quoi ! La redondance des valeurs sûres passe bien au dessus des houles de la récession. Même Madonna, chanteuse de charmes pour "braves" idoles, s’est débarrassée, certes pour une cause purement caritative, d’une toile de Fernand Léger, Trois femmes à la table rouge pour 7 M$. Allez ! Ouvrons les yeux et occupons-nous de ce que l’avenir nous réserve. Nombreux sont les artistes aujourd’hui à mourir au front.

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