Oxymore shakespearien...
Trente-sept grands formats sont exposés jusqu’au mois d’avril à la Malmaison à Cannes, et nous ne pouvons que conseiller au public de visiter cette exposition pour qu’il se forge sa propre opinion, pour s’imprégner durablement des formes vibrantes bleues, roses, des gris et des verts printaniers d’un rendu légèrement métallique, peints sur un espace flottant, atmosphérique, qui désoriente d’une manière exquise et sucrée à la Candy Crush. Cela ne peut pas être plus jeune et gai.
On en revient toujours là : pour paraphraser Maurice Denis, théoricien des Nabis, un tableau est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs... Sa peinture est faite de l’étoffe des rêves… se référer à Shakespeare ! Au risque de créer un oxymore ses tableaux sont si précieux qu’ils confinent au naturel, et la spontanéité virtuose des coups de pinceaux relève d’une abstraction à la Kandinsky et autres pionniers du genre, ajoutée d’émanations du Pop Art.
Des références relevées par Hanna Baudet, commissaire de l’exposition.
Fiona Rae est jeune (née en 1970) et bien de notre temps. Elle utilise volontiers le logiciel Photoshop pour travailler en amont de ses toiles. Dans la vie réelle elle est proche de Damien Hirst, plasticien extrémiste, provocateur et d’autant plus contreversé qu’il est l’un des plus chers sur le marché. Mais elle n’est pas choquante comme son compatriote, sans aucun autre message que la forme pure parce que "le monde est trop complexe pour être entièrement maîtrisé par les pouvoirs de l’analyse et de la raison".
C’est l’occasion d’un grand repos que de plonger dans cet univers.
- Sa peinture est faite de l’étoffe des rêves ©AC