Couleur & Intimité
Cette présentation regroupe des œuvres issues de collections muséales et privées illustrant la riche activité de l’artiste n’ayant cessé de se renouveler, comprenant peinture de chevalet, illustration, peinture murale décorative et écriture. L’intention est d’illustrer l’énergie de son œuvre, ses effets de matière, l’exaltation de la couleur pure - caractéristique de l’expression fauve propre à l’artiste, sa science de la composition, la simplicité de ses formes et l’évolution vers une certaine abstraction.
- Alfred Lombard, Le bar N…, 1907, huile sur toile 80 x 100 cm, Collection Musée de l’Annonciade, Saint Tropez (crédit : Musée de l’Annonciade).
Avec l’émergence de l’art moderne, le début du XXème siècle incarne une période de rupture. Fauvisme, expressionnisme, cubisme déferlent sur la scène artistique nationale et régionale.
Les artistes à Marseille et en Provence en sont fortement affectés. L’exemple de Matisse, entre autres, affranchit les artistes. Parmi eux, Lombard, fasciné par le maître et sa frénésie créatrice, la vigueur de la couleur pure et sa simplification décorative. Cette révolution le conforte ainsi dans ses propres choix picturaux et lui permet de développer un usage violent de la couleur associé à une facture large et puissante.
Lombard partage avec Pierre Girieud, son ami fidèle, une grande admiration pour l’œuvre de Puvis de Chavannes sur laquelle se sont également appuyés Picasso et Matisse. Avec eux il partage l’influence discrète du travail de Paul Cézanne pour des modelés délicats et sculpturaux. Il utilise, avant Matisse et Braque, une méthode de papiers découpés et se préoccupe des avancées de la photographie pour marquer ses phases de travail en atelier.
- Alfred Lombard, Vallon des Auffes à Marseille, 1909, huile sur toile 73 x 91 cm, Collection Musée des Beaux-arts de Marseille (crédit : Jean Bernard).
Lombard se dote d’une écriture plastique expressive et parfois nerveuse, avec des couleurs posées en aplats et quelquefois cernées.
Par des jeux de lumière et de couleurs acides, l’artiste aime animer ses paysages, comme Eguilles, Nice, Saint Jean Cap Ferrat, La Seyne et Marseille, ses scènes de vie, les ruelles animées, les façades d’une boutique ou d’un bar.
La présence des natures mortes et des nus les plus importants de sa carrière rendent témoignage de sa qualité de peintre. Il révèle ses modèles dans leur intimité avec grâce et retenue, sans pour autant les rendre pudiques. L’artiste joue de la lumière et des couleurs audacieuses, qui mettent en valeur le visage, le corps des modèles, conférant une certaine monumentalité teintée d’élégance.
Dès 1925, il travaille avec l’architecte Pierre Patout sur l’aménagement et la conception des décors intérieurs des grands paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique et en particulier l’Atlantique (1931) ou le Normandie (1935), chef-d’œuvre incontesté et inégalé de l’Art Décoratif français des années 1930. L’artiste ayant aussi intervenu bénévolement à l’ermitage de Saint Pancrace de Grambois, la fresque du conservatoire de musique de Marseille, celle de la salle de fêtes de Boulogne Billancourt ou encore celle de l’église de l’Immaculée Conception dans la même ville et “la Sainte Face“ de l’église Saint Désir à Lisieux.
- Alfred Lombard, Clair soleil d’hiver, 1905, huile sur toile 60 x 71 cm, collection particulière (crédit : Aleksander Rabczuk).
Le peintre, qui souhaitait demeurer en dehors de toute manœuvre commerciale, a su à travers ses recherches et sa continuelle remise en question rester dans l’actualité de l’art.
Il s’est tenu au courant des avancées de son époque et s’est chaque fois replié dans l’intimité de son atelier pour s’atteler à l’écriture et mettre en pratique ses recherches personnelles qu’il a mises au service de grandes compositions murales auxquelles il a su intégrer toutes les valeurs de la peinture.