Dès l’âge de 6 ans, le jeune Jacques Lartigue fait prevue d’un intérêt particulier pour la photographie, ce “piège-oeil”, aux côté de son père banquier, ingénieur et lui-même photographe amateur.
Répondant à l’enthousiasme de son fil, ce dernier lui offre l’année suivante son tout premier appareil : une chambre 13x18 en bois. Dès lors, il ne cessera plus, en parallèle à sa carrière de peintre, de capturer le monde qui l’entoure à travers son objectif : Paris, Chamonix, et surtout, la Côte d’Azur qu’il ne cessera de fréquenter depuis les années 1910, avant de s’y installer définitivement en 1960 avec l’acquisition de sa maison à Opio. Tout au long de sa vie, il tente de saisir par l’intermédiaire de son objectif des instants de gaieté afin de retenir ces moments pour que jamais ils ne s’arrêtent.
- Florette au Monte-Carlo Beach, 1958 Photographie J.H.Lartigue © Ministère de la Culture - France/AAJHL
Obsédé par la fuite du temps, il note quotidiennement le temps qu’il fait.
De même, il classe et compile inlassablement ses photos qu’il sélectionne et mets en page dans 135 albums, aujourd’hui conservés par la Donation Jacques Henri Lartigue. Il chronique ainsi sa vie, d’enfant privilégié à artiste reconnu sur le tard, à travers plus de 117 000 photographies, dont presque un tiers en couleurs.
Dès 1912, il apprivoise cette couleur qui le passionne depuis ses cinq ans grâce à la mise au point par Lippman du procédé autochrome, commercialisé par les Frères Lumières. A l’aide de son Klapp Nettel 6x13, il perennise en 87 plaques stéréoscopiques autochromes sa vie de jeune homme insouciant, sensible à la beauté des femmes, passionné de sport et de vie au grand air. Cependant, la lourdeur du processus de capture d’image ne correspond pas à son souhait « d’attraper une chose merveilleuse qui passe en une demi-seconde ». De 1927 à 1948, il ne photographiera qu’en noir et blanc. Enfin, à presque soixante ans, les avancées techniques lui permettent enfin de saisir en couleurs la fugacité d’un instant ; il ne s’en détournera plus.
Avec son Rolleiflex 6x6, il privilégie le format carré, encore très pertinent pour l’œil contemporain, jusque dans les années soixante-dix tout en pratiquant le format 24×36 avec son Leica.
Ses clichés ne sont alors plus empreints de la vivacité des premiers autochromes ; ils expriment l’apaisement et la plénitude.
C’est à cette période que la notoriété, dont il jouissait plus modestement dans les années 30 en tant que peintre, vient couronner son œuvre photographique. Lors d’un second séjour aux Etats-Unis en 1962, Jacques Lartigue fait la connaissance de John Szarkowski, alors jeune directeur du département de Photographie du Museum of Modern Art de New York. Enthousiasmé par les clichés de Lartigue, il organise pour lui une exposition individuelle dans son musée l’année suivante : « The Photographs of Jacques Henri Lartigue ». C’est à cette période que Jacques Lartigue ajoute le prénom de son père Henri au sien. Aux côtés de Florette, muse et modèle, il devient alors le photographe de renommée internationale que l’on connaît aujourd’hui.
Il lègue en 1979 à l’état Français l’intégralité de son œuvre, qui au-delà de son aspect documentaire, constitue une véritable ode à la joie de vivre.
- Florette, Opio, 1969 Jacques Henri Lartigue tirage pigmentaire (à partir d’ektachrome 6x6) 40 x 30 cm Edition de 12 ex Photographie J.H.Lartigue © Ministère de la Culture - France/AAJHL
Les Couleurs d’Opio - du 29 septembre au 31 décembre 2016 – OPIOM Gallery