L’exposition se propose d’explorer les liens aujourd’hui encore méconnus que Marc Chagall a entretenus avec la ville de Nice.
- Sirène au pin, lithographie gravée par Charles Sorlier sous la direction de Marc Chagall 1967 Lithographie appartenant au portfolio Nice et la Côte d’Azur, Collection particulière
La Côte d’Azur attire très tôt l’artiste d’origine biélorusse. Il découvre la région dans les années 1920 à l’occasion de voyages à travers la France. Mais ce n’est qu’en 1950, à l’âge de 63 ans, qu’il s’y installe durablement. Il réside à Vence jusqu’à 1966, puis à Saint-Paul de Vence où il meurt en 1985. Habitant l’arrière-pays, Chagall n’en manifeste pas moins un fort attachement pour la ville de Nice. Lorsqu’il s’y rend pour la première fois en 1926, à l’occasion d’un voyage dans le Sud, une véritable révélation se produit chez l’artiste. Son oeil de peintre est irrésistiblement attiré non pas tant par le bleu azur de la mer et l’éclat du ciel, que par l’intense végétation flamboyante. Devant les bouquets du marché aux fleurs, Chagall perçoit autant d’étincelles colorées à reproduire sur la toile. Lorsqu’il s’installe quelques décennies plus tard sur la Côte d’Azur, ces bouquets explosent dans ses oeuvres, qui s’enrichissent alors de nouvelles nuances, inspirées par la lumière méridionale. La palette de l’artiste fait une large place au bleu, couleur qui incarne plus que toute autre la Méditerranée, mais qui est aussi et avant tout, sa couleur préférée.
Installé sur la Côte d’Azur après la Seconde Guerre mondiale, Chagall voisine avec d’autres artistes célèbres, Henri Matisse et Pablo Picasso.
Honorées par la présence de tels créateurs, les villes de la région leur rendent de brillants hommages. Nice manifeste en particulier un grand attachement pour l’oeuvre de Chagall. En 1952, une importante rétrospective de son oeuvre, comprenant de nombreuses peintures de la période russe, des oeuvres plus récentes d’inspiration biblique, ainsi que des décors et costumes de ballets, se tient sur la Promenade des Anglais, à la galerie des Ponchettes. D’autres expositions suivent dans le même lieu ou à la galerie de la Marine. Outre les expositions temporaires, Nice a le privilège d’accueillir une oeuvre pérenne de Chagall : Le Message d’Ulysse, une mosaïque monumentale réalisée en 1968 avec les mosaïstes Heidi et Lino Melano pour la faculté de droit alors en construction. Mais le plus éclatant témoin des liens exceptionnels tissés entre Chagall et Nice demeure sans conteste le musée national consacré à l’oeuvre de l’artiste. Sur un terrain offert par la ville en contrebas de la colline de Cimiez, l’architecte André Hermant élève un édifice aux lignes sobres et épurées. Il est destiné à accueillir le Message Biblique, magistral ensemble d’oeuvres offert en 1966 à l’État français par Marc Chagall et son épouse Valentina. Inauguré en 1973, ce musée est pour l’artiste le témoignage de son attachement à sa terre d’accueil, la France, mais aussi à la Méditerranée.
L’exposition organisée au musée national Marc Chagall dans le cadre de la manifestation « Promenade(S) des Anglais » présente ces liens forts noués entre Chagall et la ville de Nice.
- Bataille de fleurs, lithographie gravée par Charles Sorlier sous la direction de Marc Chagall, 1967, Lithographie appartenant au portfolio Nice et la Côte d’Azur, Collection particulière © ADAGP, Paris 2015 © cliché Ewald Graber
Au coeur de ce dialogue figure une oeuvre célèbre. Au début des années 1960, le maire Jean Médecin propose à Chagall de créer une affiche pour la ville. Chagall représente la baie des Anges, plongée dans une lumière azuréenne. Au-dessus de la ville, veille, telle une déesse tutélaire, une gracieuse sirène tenant un flamboyant bouquet de fleurs. Sous l’image figurent ces quelques mots manuscrits : « Nice Soleil Fleurs », accompagnés de la signature de l’artiste. Éditée en 1962 par le Commissariat Général du Tourisme, l’affiche, « la plus belle carte de visite que pouvait désirer Nice », selon Jean Médecin, a été diffusée dans les pays étrangers afin de promouvoir Nice et la Côte d’Azur.
Ce que l’on sait moins, c’est que la création de cette affiche a donné lieu à une série d’oeuvres inspirées de Nice et de la baie des Anges.
Chagall exécute un magistral ensemble de gouaches préparatoires, exposées en 1962 au musée Masséna à Nice. Dans ces gouaches se manifestent ses talents de coloriste. La Promenade des Anglais et la baie des Anges sont transcrites dans une palette éclatante et lumineuse. Ces images sont traversées par les protagonistes du répertoire familier de l’artiste : couples d’amoureux, sirènes, bouquets de fleurs et poissons. Les gouaches sont ensuite transcrites en lithographies dans les ateliers Mourlot, publiées en 1967 sous le titre Nice et la Côte d’Azur.
L’exposition « Nice, Soleil, Fleurs. Marc Chagall et la baie des Anges » rassemble un remarquable ensemble d’oeuvres issues de la collection du musée, de collections privées et d’institutions niçoises.
L’affiche réalisée pour Nice, plusieurs gouaches préparatoires et les douze lithographies de Nice et la Côte d’Azur, mais aussi des photographies, affiches et documents d’archives dressent un panorama de cette féconde rencontre.
L’exposition fait la démonstration des liens variés et forts qui ont uni Chagall à Nice et dont le musée national Marc Chagall est la meilleure incarnation.