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Palais des Festivals de Cannes - Querencia » d’Antonio Najarro , magistralement applaudi !

Après avoir été plusieurs années Directeur du Ballet Nacional de Espana, fondé par Antonio Gades en 1978, Antonio Najarro s’est imposé comme une icône de la danse espagnole actuelle. Suite au succès remporté avec « Alento » il y a quelques années, il est venu à Cannes avec son nouveau spectacle « Querencia », magistralement applaudi !

Formé par les plus grands tels Alberto Lorca ou Marienma, Antonio Najarro s’impose comme un des plus renommés chorégraphe de la danse espagnole actuelle, réputé pour son flamenco « métissé » de modernité.

Avec « Querencia », les 16 danseurs de la Compagnie interprètent un véritable panorama de la danse espagnole au fil d’une succession de tableaux sur une musique composée par Moises Sanchez et enregistrée par l’orchestre d’Estrémadure.

Avec une technique très pointue, le chorégraphe revisite, en les modernisant, tous les styles, toutes les règles habituelles.

Passant de la danse traditionnelle au boléro et, bien sûr, au flamenco, il propose ainsi une version très moderne en parvenant à sortir de la tradition des codes de la danse espagnole tout en les respectant. De plus, il offre à chaque danseur une occasion de prouver sa splendide énergie en jouant avec son talent d’interprète.

En espagnol, la « querencia » évoque le retour aux sources.


Antonio Najarro y manipule le néo-académisme un peu comme Picasso revoyait Vélasquez. Il n’utilise que fragmentairement le vocabulaire classique. Pour la syntaxe, le concept est post-moderne. Ce n’est pas la notion d’authentique qui prime, mais plutôt de joli, de beau même.

Il déploie une science du mouvement, un art très précis dans son intelligence, prouvant encore une fois que la danse a un langage qui ne passe pas par les mots. Le classicisme détourné est insaisissable, avec une technicité aiguë qui fascine et enthousiasme !

Un magnifique travail d’éclairage (signé Pau Fullana) donne des images sculptées par la lumière. On en verra beaucoup dans ce spectacle où les corps bougent en mouvements saccadés en tourbillonnant et leurs ombres s’allongent. Des séquences alternent entre groupes et duos – et même solos – et de formidables interprètes, faisant preuve d’une splendide énergie, offrent leur sensualité, mais aussi leur puissance technique, ainsi les talons piquent le sol en pointillés, les bustes sont conquérants, les mains agitent des castagnettes...

Les costumes conçus par Yaiza Pinillos ajoutent à l’exotisme traditionnel en donnant l’occasion de magnifiques mouvements de châles harmonisés par leurs couleurs dans une infinité de variations.

Il est intéressant de constater à quel point la chorégraphie d’Antonio Najarro met en valeur, tout en la modernisant, la tradition de la danse espagnole et en cherchant de quoi nourrir le geste contemporain en décalant à peine les figures.

Emballé, le public a applaudi à tout rompre et longuement pour manifester son enthousiasme !

Caroline Boudet-Lefort

Le chorégraphe et ses danseurs très longuement applaudis à la fin de la représentation à Cannes. DR

Photo de Une : DR courtesy Palais des Festivals

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