La programmation commence avec Martha Graham et se termine avec Carolyn Carlson ! Qui dit mieux !
Ces deux spectacles sont programmés au Palais des Festivals de Cannes Le premier qui fait l’ouverture du Festival montre l’influence de Martha Graham sur le développement de la danse, mais aussi son engagement – elle avait refusé l’invitation à danser pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 en pensant aux artistes persécutés. Sur une musique du saxophoniste Guillaume Perret, avec lequel Carolyn Carlson sera elle-même sur scène pour une émouvante performance de clôture du Festival, avant que six interprètes ne dansent une de ses récentes créations d’une beauté inoubliable « Crossroads to Synchronicity ».
Quoi voir ?
En réunissant trois pièces de grands déconstructeurs de la danse classique (Merce Cunningham et Maud Le Pladec), le CCN-Ballet de Lorraine, une des plus importantes compagnies chorégraphiques actuelles, propose, avec 24 danseurs, un spectacle éblouissant où se rencontrent les multiples visions de la danse d’aujourd’hui.
La Madone du flamenco contemporain, Rocio Molina, transgresse les codes traditionnels pour oser des performances risquées entraînant dans une danse envoûtante et libératrice.
Inspirée par Alexandra David-Neel (la grande voyageuse, première à pénétrer au Tibet), Régine Chopinot propose une nouvelle création spirituelle « A D-N Quatuor » en lien avec les éléments et les rythmes de la nature.
Pour les amateurs de danse classique, avec pointes et tutus blancs, le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux danse « La Sylphide », quintessence de la femme romantique.
Venue de Suisse, la Compagne Lingua propose, avec « Sottovoce », une danse sensuelle et puissante où six danseurs et quatre danseurs se complètent à mi-voix de façon très originale.
Imprégné de la culture de rue et d’images, Bintou Dembélé est la pionnière du hip-hop féminin. En explorant les mémoires rituelles et corporelles, elle propose une performance « S/T/R/A/T/E/S ».
La chorégraphe Dominique Brun choisit, pour les Ballets Russes, une relecture du répertoire de Nijinski « Sacre # 2 » une pièce avec 30 danseurs en référence au « Sacre du Printemps », auquel s’ajoutent « Noces » et « Un Boléro ». Un programme prestigieux !
Le Brésilien Jomar Mesquita, danseur et chorégraphe pour la Cie Mimulus , s’est inspiré des films d’Almodovar pour « Dolores », une énergique danse rythmée et colorée dans une esthétique pop.
Le Malandain Ballet Biarritz, une des meilleures compagnies françaises, revient, comme Dominique Brun, sur les chefs d’oeuvre musicaux d’Igor Stravinski « L’Oiseau de feu » pour 22 danseurs et « Le Sacre du printemps », explosif et terrien.
Le Festival hors les murs
Au TNN, Jérôme Bel présente « Isadora Duncan », un portrait dansé de la figure iconique de la danse moderne qu’interprète Elisabeth Schwartz, à la présence magnétique. Le même soir, Balkis Moutashar offre un voyage dans l’histoire des formes du corps, dessinées au fil du temps par les vêtements. « Le Quatuor », un univers ludique, plein d’humour !
A Draguignan, une danseuse de flamenco et une danseuse de hip-hop, de la Cie Wang Ramirez, se partagent la scène en recherchant un dialogue possible, accompagnées par une violoncelliste. Trois femmes, trois cultures différentes dans « YOUME, you are you and me I’m me » !
Après « Shiver », un duo qu’il danse avec Yurié Tsugawa, le chorégraphe Edouard Hue, étoile montante franco-suisse, présente « All I need » avec 9 interprètes dont les corps, ivres de puissance, vibrent d’impatience et bouillonnent de colère dans un monde de compétition.
Le chorégraphe très singulier, Damien Jalet a créé, avec le plasticien Kohei Nawa, « Planet (wanderer) », une pièce fascinante avec 8 interprètes où les corps semblent se métamorphoser.
Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower présente à Mougins, sous la direction de Paola Cantalupo, quatre pièces de son répertoire pour le 60e anniversaire de la fondation de cette école de danse à la renommée mondiale.
A Anthéa, la Cie Eugénie Andrin s’inspire de la pandémie actuelle pour imaginer une épidémie de danse avec 45 participants pris par une fièvre dansante impossible à contrôler.
Dans la région, Le Système Castafiore jouit d’une grande notoriété. Fondée en 1989 par Marcia Barcellos et Karl Biscuit, cette Compagnie propose, à Grasse, « Kantus », une création mondiale aux fantasmagories insolites pour une sorte de cérémonie chamanique.
Kaori Ito, danseuse, chorégraphe, vidéaste, plasticienne, présente sa première pièce de danse pour un jeune public, « Le monde à l’envers »
Dans un one-woman-show époustouflant « Stations », la Québécoise Louise Lecavalier poursuit sa prise de risques extrême toute en énergie dans la danse très contemporaine.
La Cie Parc Pierre Pontvianne libère un flot d’images et d’émotions dans « Janet on the roof » grâce à son exceptionnelle danseuse Marthe Krummenacher. Et en deuxième partie, la première mondiale de « Kernel ».
Un jeune chorégraphe français d’origine vietnamienne, Sébastien Ly propose dans un spectacle frontal « NOW » une exhortation à réagir face aux crises actuelles.
Venu des Comores avec sa Cie Tché-Za, Salim Mzé Hamadi Moissi, talent de la nouvelle génération du continent africain, mêle un hip-hop virtuose et imaginatif à des danses traditionnelles comoriennes. Avec 7 danseurs, il rend hommage à sa terre natale dans « L’Expat » et dans « Massiwa ».
Sur une musique de Bach, « Offrande » une oeuvre lumineuse pour 7 interprètes a été conçue par Mié Coquempot, et partagée avec deux autres chorégraphes Béatrice Massin et Bruno Bouché, un exemple saisissant de coopération entre artistes.
Outre ce volumineux programme de spectacles, des expositions, des conférences, des débats échelonnent un programme décidément riche et varié pour ce Festival de Danse de Cannes – Côte d’azur du 27 novembre au 12 décembre. Vite, précipitons-nous avec joie !
Caroline Boudet-Lefort
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