Pour cette édition 2017, Brigitte Lefèvre, de nouveau directrice artistique cette année, propose une sélection particulièrement diversifiée.
- Brigitte Lefèvre 2015 Copyrigth Gilles Traverso
Passant de la danse classique à la danse contemporaine, la palette de choix est éclectique avec une variété époustouflante d’influences diverses et cosmopolites.
Placée sous le signe des « Traversées », cette édition du Festival de danse de Cannes est à la croisée des cultures en s’inscrivant dans le temps et dans l’espace.
La diversité de la sélection prouve la vitalité de l’art chorégraphique actuel, en choisissant de réunir aussi bien des troupes de grand renom que des jeunes compagnies novatrices.
Tout spectateur, aussi peu déterminé soit-il dans son choix, peut se laisser entraîner par le hasard et faire une étonnante découverte dans cette sélection élaborée grâce à un grand écart, un pied dans le classique et l’autre dans un audacieux contemporain.
Avec un éclectisme toujours renouvelé et une ouverture à des artistes émergents, cette 21e édition s’ouvre à des créations signées Thomas Lebrun, directeur du CNN de Tours depuis 2012, ou au style issu du hip-hop de Jann Gallois ou encore à l’audace de Robyn Orlin, toujours engagée dans ses pièces pour dénoncer les pouvoirs dominants. Cette fois, la chorégraphe Sud-Africaine s’attaque à la toute-puissance de Louis XIV incarné par Benjamin Pech, danseur étoile de l’Opéra de Paris. Le ballet porte ce long titre, comme les aime Robyn Orlin : Oh Louis... we move from the ballroom to hell while we have to tell ourselves stories at night so that we can sleep...
- Cyrano @NSternalski
Au cours d’une soirée exceptionnelle, le Ballet de l’Opéra de Rome, dirigé par la danseuse étoile Eleonora Abbagnato, présente pour la première fois en France, trois chorégraphies mythiques de Roland Petit, sur ses thèmes fétiches centrés sur le couple, de l’amour à la mort.
La prestigieuse danseuse interprète elle-même « La Rose malade ».
Première venue en France également pour « Yama », une création de Damien Jalet pour le Scottish Dance Theatre : une célébration rituelle qui atteint une forme de transe (photo de Une ).
Autre première française, « Trio Concert Dance » avec des interprètes de haut vol, Alessandra Ferri et Herman Cornejo, accompagnés au piano par l’immense Bruce Levingston dans des morceaux passant des contemporains György Ligeti et Philip Glass aux classiques Scarlatti, Bach et Chopin.
Inspiré du « phasing » -un procédé de composition musicale qui synchronise et désynchronise les mouvements de danseurs pris dans un subtil entrelacs chorégraphique -, « Quintette » de Jann Gallois met en scène les possibilités d’union et de désunion de cinq corps. Sur une partition savante à l’énergie rock de Fausto Romitelli, « Professor bad trip », Maud Le Pladec propose une chorégraphie très moderne - entre popping et hip hop - dans laquelle les corps des trois interprètes sont très sollicités, chacun dans son propre travail. Pour le 100e anniversaire du chorégraphe Merce Cunningham, le maître absolu de la modernité, le CNDC d’Angers lui rend hommage grâce à Robert Swinston qui a travaillé avec lui. Il a choisi deux pièces d’une grande beauté sur une musique de John Cage.
Les arts s’entremêlent avec des ballets inspirés par la littérature.
Si Thomas Lebrun a misé sur Marguerite Duras pour parler de la mémoire de la danse dans un style évoquant les débuts de Pina Bausch, le Ballet Nacional Sodre d’Uruguay a plutôt choisi Cervantès. Quoique très classique le ballet « Don Quichotte », composé au XIXe siècle par Marius Petipa, est renouvelé par l’énergie de danseurs aux élans hispaniques.
Jouée en direct sur scène durant le festival, la musique sera encore plus présente que la littérature.
L’événement le plus attendu est « Carmina Burana ».
A l’impressionnante partition de Carl Off s’ajoutent la danse d’une puissance ensorcelante de Claude Brumachon et les 250 artistes sur scène. L’orchestre de Cannes, le Choeur philharmonique de Nice, l’ensemble vocal Syrinx et le Choeur du Conservatoire de Cannes sont réunis autour des vingt-deux danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève. Soirée effervescente assurée !
Pour le dernier dimanche qui annonce la fin de cette prestigieuse programmation, Cannes Jeune Ballet a choisi d’interpréter, sous la direction de Paola Cantalupo, des oeuvres très inspirées signées Maurice Béjart, José Martinez et Jean-Christophe Maillot.
Pour terminer, Anne Nguyen invente une nouvelle danse de couple, le looping pop que chacun pourra essayer après le spectacle intitulé « Bal.exe », un bal mécanique sur musique de chambre. En effet, incitant chacun à la danse, un grand bal participatif clôturera le festival sur des rythmes ludiques !
Au cours de la manifestation, colloques à l’Espace Mimont, master-class et diverses rencontres invitent le public à se joindre à des enseignants de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, les 8, 9 et 10 décembre.
Quoiqu’il soit difficile de mettre des mots sur ce que les gestes expriment, ces échanges permettront d’historiciser sur l’évolution de la danse ou de pointer que cet art est, tout autant pour les garçons que pour les filles : ils en sont encore trop souvent écartés. L’art est exceptionnel et doit plaire en nous plongeant dans une réalité autre où tout n’est qu’apparence. L’accès à l’art et à la culture est ouvert à tous, on ne le dit jamais assez !
- Alessio Rezza e Rebecca Bianchi ne L_Arl+®sienne di Roland Petit -®Yasuko Kageyama
Résolument internationale, cette sélection placée sous le signe des « traversées », nous promet que la magie de la danse sera bien au rendez-vous !
Caroline Boudet-Lefort
- Carmen ®RolandoPaoloGuerzoni.